vendredi 30 mars 2018

Mycroft Holmes, Kareem Abdul-Jabbar et Anna Waterhouse

Je dois bien avouer que n'étant pas une spécialiste (mais alors pas du tout) de l'univers de Sir Conan Doyle, j'ai pris ce roman pour la seule et bonne raison qu'il fait partie de la collection du mois du Cuivre de Bragelonne. Oui, pour moi, c'est suffisant. Mais que peut donc donner le grand frère de Sherlock dans une aventure rien qu'à lui ?

Mycroft Holmes, Kareem Abdul-Jabbar et Anna Waterhouse

Editeur : Bragelonne
Collection : Mois du Cuivre
Année de parution : 2016
Titre en VO : Mycroft Holmes
Année de parution en VO : 2015
Format : AWZ

A lire si : 
- Vous voulez une lecture facile
- Vous appréciez l'univers Holmesien

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas les raccourcis

Présentation de l'éditeur : 

Tout juste sorti de Cambridge, Mycroft Holmes commence déjà à se faire un nom au sein du gouvernement. Ce diplomate des plus britanniques entretient des liens forts avec la lointaine île de Trinité, où est né son meilleur ami Cyrus Douglas et a grandi Georgiana Sutton, sa fiancée. Lorsque des rumeurs courent autour de mystérieuses disparitions à Trinité, d’étranges empreintes dans le sable et d’esprits attirant à la mort des enfants retrouvés vidés de leur sang, le trio se retrouve pris dans un tissu de sombres secrets qui se révèlent de plus en plus dangereux..

Mon avis

Comme je le disais, je connais fort peu l'univers de Sherlock Holmes. J'ai lu quelques nouvelles dont je ne me souviens pas vraiment été plus jeune, j'ai regardé la série animé de Myazaki, quelques adaptions ciné et pis c'est tout. Donc, pour moi, ce Mycroft Holmes était l'occasion de rentrer dans cet univers-là sans passer par son personnage principal. Un Sherlock qui pourtant reste toujours très présent dans mon esprit. Mais parlons un peu du livre.

Nous voici à suivre Mycroft Holmes, alors âgé de vingt trois ans. Le jeune homme commence à se faire un nom au sein du gouvernement britannique, est fiancé à Georgianna Sutton et a pour ami Cyrus Douglas, originaire de Trinidad. Sa vie semble aller pour le mieux si ce n'était le départ de sa fiancée pour Trinidad suite à d'étranges rumeurs corroborées par Douglas. Ni une, ni deux, Holmes décide de s'y rendre. Mais, on s'en doute, tout cela ne va pas être de tout repos pour lui et son ami Douglas. Ils vont mettre à jour une affaire qui les dépasse...

Ce roman se veut initiatique. Il nous fait passer du jeune Mycroft a qui tout souri et ce qu'il devient dans les aventures de son frère cadet. Si les aventures iniatiques ont tendance ces derniers temps à me saouler un peu (c'est quasi toujours la même chose, surtout en fantasy), j'avoue que celle-ci me change tout de même un peu. Pourquoi ? Parce que le personnage est connu et qu'il est agréable de voir comment il peut être imaginer plus jeune par quelqu'un d'autre que son auteur de base. J'aime beaucoup voir comment un auteur (bon deux ici en l’occurrence) arrive à s'approprier un personnage. Malheureusement, pour moi, c'est aussi sur ce point que le bât blesse.

Le jeune Mycroft m'a beaucoup, trop surement même, fait penser à son frère, Sherlock. Il semble que se soit logique, même dans l'univers de Doyle. Mais le côté jeune chien fou à l'intelligence hors du commun et qui fait que tout le monde ou presque se sent ridicule à côté de lui colle trop pour moi à l'image que je me fais de Sherlock la plupart du temps. Et je dois dire que chez Mycroft, cela me gêne un peu. Peut-être parce que je trouve que les auteur-rice-s en font trop par rapport à ses aptitudes. C'est à dire que plus on avance dans la lecture, plus on se doute qu'il va réussir parce qu'il est trop fort. Mycroft ne semble quasiment pas avoir de défauts, si ce n'est ses qualités (coucou la phrase qui semble ne rien vouloir dire). 

Malheureusement, ce n'est pas le seul point qui me turlupine dans ce roman. J'avoue l'avoir trouvé trop rapide. Beaucoup de raccourcis me semblent être pris. Et cela vient aussi du fait que Mycroft est trop intelligent (heu, franchement, le coup de "mais c'est tellement simple que je vais pas m'expliquer", ça va une fois, plus, ça devient saoulant). Et en même temps, alors que l'on passe trop rapidement sur des événements qui me semblent important à la compréhension de tout ce que soulève Holmes et Douglas, on perd un temps fou sur des trucs qui ont une moindre importance. Comme si les auteur-rice-s ne savaient pas trop quoi faire de leur histoire à cause du caractère de leur héros.

Mais ne vous inquiétez pas, il n'y a pas que du négatif dans le roman. J'ai apprécié Mycroft malgré ses gros défauts de fabrication. Du moins, je n'ai pas toujours eu envie de lui mettre des baffes pour qu'il se réveille un peu et devienne plus humain. Son comparse, Douglas, est bien foutu. Mais le plus intéressant, c'est leur amitié. Douglas est un homme noir. A l'époque (durant le règne de Victoria), si l'esclavage n'existe plus, les noirs ne sont toujours pas considérés comme des hommes à part entière par une grande partie de la population. Or, Holmes se fichent totalement de la couleur de Douglas. Ils sont amis parce qu'ils ont les mêmes valeurs, le même esprit. D'ailleurs, Holmes fait rarement cas de la couleur de peau ou des origines de ce qu'il croise. C'est appréciable, surtout comparé au racisme que peuvent montrer les adversaires des deux personnages ou même juste leurs contemporains. 

Ensuite, il y a tout l'ambiance du roman. Bien que je ne sois pas fan de base de colonialisme, j'avoue que ce qu'il se passe à Trinidad à l'époque du roman est intéressant à voir. Surement aussi parce que l'île est une sorte de melting pot de plusieurs nationalité et de croyance. Sans être dans le Steampunk pur et dur (puisqu'il fait parti de la collection du mois du Cuivre, il faut bien en parler), il en garde aussi une certaine ambiance bien que ce ne soit pas celle que je préfère personnellement (ça manque de brouillard et de mystère à mon gout).

Au final, Mycroft Holmes, le roman, et à l'image de son personnage, un peu trop jeune, un peu trop foufou et pas assez développé. Il se laisse lire mais laisse aussi le lecteur avec trop de question sur certaines choses, préférant croire que celui-ci est aussi doué que son héros (pour info, c'est pas le cas, nous n'avons pas toutes les billes en main pour l'être). Finalement, je pense qu'il ne convaincra pas toujours les pros de l'univers Holmesien mais que pour les gens comme moi, il reste une lecture agréable mais pas inoubliable. 

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