mercredi 7 février 2018

Le Vert est Eternel, Jean-Laurent Del Socorro

J'avais vraiment beaucoup apprécié Royaume de Vent et de Colère et j'avais bien envie de retourner dans son univers. C'est chose faite avec cette nouvelle qui se lit plutôt rapidement mais qui reste en tête un bon moment.

Le Vert est Eternel, Jean-Laurent Del Socorro

Editeur : ActuSF
Collection : nouvelle
Année de parution : 2017
parution originelle : 2015
Format : epub

A lire si : 
- Vous aimez les textes courts
- Vous avez apprécié Royame de Vent et de Colère (mais ce n'est pas une obligation de l'avoir lu)
- Vous voulez un beau texte

A ne pas lire si : 
- Vous voulez du long
- Vous aimez vous plonger dans la psychologie des personnages

Présentation de l'éditeur :

1597. La compagnie du Chariot a été embauchée pour participer au siège d'Amiens. Au milieu de la guerre et des combats éclot un amour fragile entre le capitaine N'a-qu'un-œil et Fatima, la chroniqueuse particulière d'Henri IV. Mais comment aimer quand la mort rôde ? "Le vert est éternel" se déroule dans l'univers de Royaume de vent et de colères de Jean-Laurent del Socorro.

Mon avis

Comme je le disais, le Vert est éternel fait partie du même univers que Royaume de Vent et de Colère. Mais il n'est pas du tout obligé d'avoir lu le roman pour suivre la nouvelle et vice-versa, même si l'on retrouve la Compagnie du Chariot dont Axelle, l'un des personnages principaux du roman, était la capitaine. C'est une chose des plus appréciables, puisque un lecteur voulant découvrir l'auteur peut donc commencer par cette nouvelle. Mais revenons à la nouvelle.

Deux ans après la reprise de Marseille par Henry IV, nous retrouvons la compagnie du Chariot face à Amiens, alors ville espagnole. Alors que le siège débute, elle va accueillir en son sein, Fatima, femme maure, astrologue et chroniqueuse particulière du roi. N'a-qu'un-oeil, capitaine de la compagnie, va tomber amoureux de Fatima. Voilà pour le départ de la nouvelle. Mais l'histoire d'amour n'est pas le sujet principal, ce qui va surement en rassurer beaucoup.

Cette nouvelle se passant en 1597 parait bien plus d'actualité que son époque historique. L'auteur ne se borne pas à une simple histoire de siège, ni même à l'Histoire. Non, il offre aussi une critique de ce qu'il a pu se passé ces dernières années, que se soit en France ou ailleurs. En première ligne, les attentats, et plus particulièrement ceux de Charlie Hebdo (mais pas que). "On ne tue pas pour des dessins", la phrase semble tellement d'actualité, même dite par la bouche d'un capitaine en 1957. Et puis, il y a la tolérance. Envers les religions, envers les peuples. A l'époque de la nouvelle, on est en plein dans les guerres de religions. Catholiques et protestants se tapent régulièrement sur la gueule, la Saint-Barthélémy est passé par là (1572). Mais ils ne sont pas les seuls à se battre. On retrouve par exemple en espagne, les Maures doivent soit quitter le pays soit se convertir de force au christianisme. La Compagnie du Chariot accueille en son sein des catholiques, des protestants et, avec Fatima, des maures, le tout dans une franche camaraderie (même si au départ, Fatima, en temps qu'espagnole n'est pas forcément ultra bien acceptée de tous). Elle prône du coup un vivre ensemble plutôt sympathique et une solidarité entre peuple (oui parce qu'il y a aussi plusieurs nationalité) qui est vraiment agréable. Je ne sais pas vraiment dans quelle condition a été écrite la nouvelle, mais il est sur que les attentats de Charlie avait déjà marqué les esprits (les utopiales sont en novembre) et qu'ils ont probablement servis pour au moins un aspect de la nouvelle. Je trouve vraiment intéressant le traitement de ce genre d'actualité, pour le moins marquante, dans un récit où elle semble ne pas avoir de prime abord sa place. 

On ajoute à cela la découverte de Fatima par N'a-qu'un-oeil. Le personnage, d'abord un peu cliché de ce qu'on peut imaginer des maures à l'époque gagne en profondeur et cela malgré le fait que le récit soit court (trop aurai-je presque tendance à dire). On découvre "l'étranger", on apprend à le connaitre et à l'aimer. L'histoire qui se noue entre les deux m'a beaucoup plus. De même que la relation entre le capitaine et les membres de sa compagnie. Tout est décrit de manière simple, sans fioriture, que se soit les sentiments ou les événements. C'est appréciable, surtout dans une nouvelle. Ça permet de se concentrer sur l'essentiel.

J'ai donc grandement apprécié ma lecture, pleine d'émotion sur un court format. J'aurais même voulu en avoir plus, histoire de connaitre un peu mieux Fatima et N'a-qu'un-oeil (que l'on retrouve dans Royaume de Vent et de Colère, mais ceci n'empêche pas cela, hein, vu que bon, deux ans se sont écoulés entre les deux, il a un peu changé). J'avoue que j'adore revenir dans des univers qui m'ont particulièrement plus et cette nouvelle ne fait pas exception à la règle. Et pour ceux qui ne connaissent pas le roman, elle fait une bonne entrée en matière.

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