mercredi 9 décembre 2015

Faust, Johan Wolfgang von Goethe

Cela faisait un moment que j'avais envie de me plonger dans le mythe de Faust. Il faut dire que l'histoire est particulièrement présente dans beaucoup d'oeuvre et que je voulais enfin avoir ma propre opinion sur l'oeuvre. En plus de ça, ça fait un moment que je n'ai pas lu de théâtre (août 2014 quand même)

Faust, Johan Wolfgang von Goethe

Edition : Librio
Collection : Théâtre
Année de parution : 2004
Titre en VO : Faust
Année de parution en VO : 1808

A lire si :
- Vous aimez le théâtre
- Vous aimez les tragédies
- Vous n'avez pas peur de vous perdre entre les lieux et le temps

A ne pas lire si :
- Vous voulez une vision parfaitement romantique du mythe

Présentation de l'éditeur : 

Plus rien n'intéresse le docteur Faust, il a tout lu, sait tout et s'ennuie. Profitant de la situation, Méphistophélès surgit pour lui proposer un pacte diabolique. Inspirée d'une vieille légende, la pièce de Goethe, chef-d'oeuvre de la littérature romantique, a élevé l'histoire de Faust au rang de mythe universel.

Mon avis

Qui n'a jamais entendu parler de Faust ? Même sans avoir vu ou lu la pièce, je crois que tout le monde a un jour entendu parler du Docteur Faust. Mais généralement, on se fait des idées sur le mythe en lui-même, pas forcément les bonnes d'ailleurs, et il n'est pas plu mal de se plonger dans l'une des oeuvres considérée comme l'original (parce qu'avant, il y a l'histoire vrai de Johann Faust, ou encore le Doctor Faustus de Marlowe). D'ailleurs, l'oeuvre de Goethe est considéré comme l'une des oeuvres la plus importante de la littérature allemande (rien que ça, oui). 

La pièce commence par une élégie de l'auteur puis  par un prologue sur le théâtre et son utilité vu par un directeur de théâtre, un poète et un comédien. Si il n'apporte pas grand chose à Faust en elle-même, si ce n'est un semblant de genèse dans l'esprit de ces trois hommes, il reste intéressant sur la vision du théâtre. Vient ensuite le "vrai" prologue de la pièce, où Dieu et Méphistophélès parient que le second peut réussir à détourner un homme du premier. Le choix se porte donc sur Henriech Faust, un vieillard érudit qui a passé sa vie à tout découvrir et qui à l'aube de sa mort prochaine s'ennuie fort à tel point qu'il envisage le suicide. Séduit par Méphistophélès qui lui propose de l'aider à retrouver le bonheur, il conclue un pacte avec lui. Rapidement, le diable rencontre quelques soucis, le vieil homme étant assez compliqué. Ce n'est que lorsqu'il le fait rajeunir et que celui-ci rencontre Marguerite que Méphisto va enfin réussir à mener sa barque comme il l'entend...

Je dois bien avouer que si j'ai parfois eu du mal à comprendre ce que je lisais (la traduction est bonne, c'est plutôt le langage de l'époque qui fit mal à ma lecture), j'ai pris plaisir à découvrir cette pièce et à plonger dans les méandres de l'âme de ce cher docteur Faust. Il faut dire que le personnage a de quoi plaire (ou non d'ailleurs). S'il pactise bien avec le diable, il ne se laisse pas vraiment tenter dès le départ par les appâts de celui-ci. Faust est vieux, il a tout vu, tout vécu, s'est déjà aventuré vers l'ésotérisme et l'alchimie, il n'a plus grand chose à découvrir. Alors, voir des beuveries et autres orgies, ça ne l’intéresse finalement pas plus que ça. Il faut attendre qu'il rajeunisse pour retrouver (ou simplement trouver) un esprit un peu plus libertin (tout le monde le sait, le jeune est un être de luxure, hein...)(ironie inside bien entendu). Sa rencontre avec la douce et pieuse Marguerite finira de l'achever, si je puis dire, puisque c'est vraiment à partir de là qu'il se laisse tenter par le diable et ses artifices. Pourtant, l'homme continue à se poser des questions, à vouloir en découvrir plus. Il garde son esprit critique, se questionne sur lui et sur son pacte. C'est un personnage complexe tiraillé par les sentiments. Face à lui, Méphistophélès parait presque trop simple. Le diable et ses tentations ont beaucoup de mal à faire en sorte que le pacte ne soit pas rompu durant une partie de la pièce puis, le voilà qui prend de l'ampleur, en même temps que la dépendance de Faust envers lui. Finalement, je m'attendais à un personnage un peu farceur, plutôt vil, je ne me suis pas trompée, mais il manque pour moi de profondeur. J'ai souvent eu l'impression qu'il était surtout là pour apporter du comique et non comme pièce importante. Quant à Marguerite, qui n’apparaît que vers la moitié du roman, elle est l'antithèse de Faust, celle par qui il va finalement succomber aux charmes de Méphistophélès. C'est un personnage tout aussi complexe que Faust, même si finalement elle ne devient vraiment intéressante que sur la fin de la pièce. Quant aux autres personnages, ils sont anecdotiques, même si Marthe m'a fait bien rire.

Et enfin, il y a les thèmes qu'abordent Goethe. Lui-même érudit, ayant de nombreuses passions (art, musique, mais aussi botanique, zoologie, optique et j'en passe), il ne se gêne pas pour critiquer l'université ou la passion débordante de Faust à vouloir tout savoir, tout connaitre. Il critique aussi la religion, surtout qu'elle se trouve finalement en plein centre de la pièce qui commence par un pari entre Dieu et le diable. Mais surtout, c'est la nature humaine qu'il critique, l'envie d'être "le plus beau, le plus fort" au détriment des autres. Le diable n'est qu'un prétexte pour que Faust se lance dans sa recherche de la "vérité absolue". S'il aiguillonne l'homme, ce n'est pas lui qui fait. C'est bien Faust qui librement va faire le pacte, va séduite Marguerite et tout ce qui découle de tout cela n'a finalement rien à voir avec Méphisto, même si celui-ci essaie (et arrive) par tout les moyens à le détourner. La fin de la pièce (mais pas des aventures de Faust et de son diable, puisque Goethe écrira un Faust II) laisse d'ailleurs comprendre que Faust est bien et bien coupable et non victime.

Au final, je suis vraiment contente d'avoir enfin lu Faust (j'aimerais bien le voir maintenant, en fait). Comprendre les origines du mythe est vraiment très plus intéressant, surtout sur une histoire comme celle-ci. Après, je regrette de ne surement pas avoir tout compris à cause du langage de l'époque surtout, mais aussi de la densité de l'oeuvre (puis, je reste une scientifique et non une littéraire, parfois, il y a des notions qui m'échappent). Mais Faust reste un classique agréable à lire.


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