mercredi 23 décembre 2015

Baroque'n'roll, Anthelme Hauchecorne

C'est marrant, ce petit recueil n'a pas été acheté chez mon libraire. En fait, je suis allée dans un magasin style Foire aux Trouvailles et en passant par le minuscule rayon livre, je ne m'attendais pas du tout à trouver des romans ou des recueils SFFF. La dernière fois je n'y avais vu que des livres de coloriages ou de cuisine. Bref, ma surprise fut totale et je repartais avec ce livre. Comme quoi, on trouve des trucs vraiment sympa dans ce genre de magasin !

Baroque'n'roll, Anthelme Hauchecorne

Editeur : Midgard
Collection : /
Année de parution : 2012
Nombre de pages : 373

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous voulez beaucoup de SFFF

A ne pas lire si :
- Vous voulez des nouvelles égales en qualité.
- Vous n'aimez pas l'humour noir

Présentation de l'éditeur :

Suivre le procès opposant un diablotin syndiqué à son sinistre patron, jouer à réveiller les morts, aider deux enfants à se défaire d'un croquemitaine, vous mettre au vert avec le Diable lui-même, grelotter sous les couvertures mitées d'un orphelinat libéral (où seuls les plus forts survivent), vous laisser conter la guerre en Irak par un gremlin antimilitariste…
Un aperçu des voyages auxquels Baroque'n'roll vous convie, quinze nouvelles insolites portées par un rythme effréné, alternant humour et grotesque, merveilleux et fantasy urbaine.
Quinze univers, autant de portes en attente d'être poussées.
Une seule clé.
Celle qui se languit entre vos doigts.
Accoucheur de nouvelles et de romans, Anthelme Hauchecorne livre avec Baroque'n'roll son premier recueil, carnet de ses vagabondages oniriques.

Mon avis

Janvier 2014, je lisais le second recueil de nouvelles d'Anthelme Hauchecorne, Punk's not Dead et j'appréciais beaucoup. Depuis, je l'avoue, je voulais me prendre le premier pour voir ce que ça donnait. Cette fois, je trouve donc quinze nouvelles avec pour fil conducteur le rock et le baroque. Mélange assez détonnant de deux univers finalement assez proche.

Le recueil commence par une petite introduction, puis par l'histoire de l'histoire, c'est à dire le pourquoi de l'écriture de la nouvelle. C'est toujours une partie fort interessante, bien que je regrette que cette fois, elles ne soient pas placé avant ou après chaque nouvelle, mais au tout début du livre. Cela fait que parfois, on doit naviguer de la nouvelle au début du livre. Enfin, ce n'est qu'un petit détail. Ensuite, un petit poème, sorte de remerciement aux lecteurs conclut la partie présentation. Ensuite, nous passons au vif du sujet, les nouvelles.

Nuage Rouge
La première nouvelle nous entraîne à la suite d'un diablotin. Racontée par un narrateur omniscient, elle se veut plutôt humoristique. Notre diablotin va devoir traiter avec un syndicaliste. Or, le pauvre va découvrir qu'on l'exploite à mort et qu'il peut très bien demander réparation. Il va devenir le premier syndicaliste des Enfers. S'en suit donc un procès contre Belzébuth, présidé par Asmodée. C'est assez drôle comme nouvelle mais elle souffre pour moi du narrateur un peu trop omniscient à mon gout et à l'humour assez ras des pâquerettes.

Permission de minuit
Un vieux vampire sans le sous et ayant très très faim passe un pacte avec un père de famille. S'il arrive à mettre au lit les deux enfants de celui-ci à minuit sans cris ni heurt, il aura le droit de les bouffer. Sauf que les dits enfants sont d'adorables petits monstres de huit et dix ans... Comment dire... J'ai ri, souvent. Une nouvelle vraiment amusante que les parents et nourrices comprendront parfaitement.

Le jardin des peines
On arrive dans les nouvelles un peu moins marrantes, beaucoup plus noires. Le jardin d'Eden s'est petit à petit transformé en jungle, faute d'entretien. Il est devenu le passage obligatoire pour les morts en quête de rédemption. Une histoire assez glaçante sur la nature humaine dans un environnement tout aussi glaçant. Une bonne nouvelle donc.

Courrières
La catastrophe de Courrières, qui a fait 1099 morts dans les mines en 1906, compose le cadre de cette nouvelle. L'auteur va lui trouver une autre origine que le coup de grisou en y introduisant une part fantastique. Encore une fois, la nature humaine en prend un coup, car même si un démon se cache sous tout cela, les hommes de l'histoire ne sont pas des tendres non plus. C'est encore une fois une nouvelle sombre, même très sombre et plutôt efficace.

Madone Nécrose
Dans un recueil comme celui-ci, il fallait une histoire de zombies. Madone Nécrose est donc la nouvelle zombies de Baroque'n'roll. Sauf qu'elle ne parle pas de zombies se mettant à la poursuite d'humain et de grandes bouffes. Non, elle est noire,glauque mais pas pleine de tripes et de sang. Nous y faisons la connaissance de deux flics, l'un, jeune toujours en activité, l'autre, vieux et à la retraite. Les deux vont se confronter et nous allons découvrir l'histoire de la Madone Nécrose, une zombie rencontrée par le plus vieux. La chute, bien que finalement prévisible, fait mouche, tout comme le reste de l'histoire.

Six pieds sous terre
Nous revenons avec Six pieds sous terre vers une nouvelle moins sombre que les trois précédentes. Si elle a un air de Gaiman, cela n'est pas voulu par l'auteur, ce n'est que coïncidence comme il l'explique dans l'histoire de l'histoire. Le jeune héros, Alban, est paraplégique mais surtout, il peut voir et communiquer avec les habitants du cimetière. Avec leur aide, il va affronter la petite brute qui le terrorise. C'est une nouvelle plutôt gentillette, je vais dire, par rapport aux autres, une petite bouffée d'air frais après les trois précédentes.

Fée d'Hiver
Fée d'Hiver est une nouvelle courte. Peut-être un peu trop. On y suit le jeune Alexandre durant l'hiver 1940. Le petit a fugué et se retrouve dans le salon de thé d'une étrange femme. Celle-ci va lui proposer un jeu avec pour enjeu le retour à la maison mais aussi la possession de certaines lettres du nom du garçon. C'est une nouvelle poétique et fort bien mené, une immersion dans le monde de Fées plutôt sympathique.

Le diable noir
Les petits dessins qui coupent les paragraphes de la nouvelle ne nous trompe pas, nous voilà dans un univers plutôt lovecraftien. Quentin explore une vieille épave dans le port de Marseille pour réussir à boucler ses fins de mois. Or le Diable Noir n'est pas une épave ordinaire. Nous voilà plongés dans une ambiance sombre et malodorante qui n'a rien à envier à du Lovecraft, c'est noir, étrange et perturbant. Une nouvelle effrayante et bien menée en somme.

Cons comme les blés
Cette nouvelle là se présente sous forme de dialogue entre deux hommes dont la "farce" se retourne contre eux. Les deux hommes créent depuis huit ans des cercles de cultures pour prouver que ce n'est pas un phénomène dut aux extraterrestres. Mais cette année, quelque chose va se passer, et pas forcément comme ils le voudraient. C'est une nouvelle particulièrement amusant, très drôle, encore plus lu à voix haute avec les intonations qui vont bien.

Noblesse Oblique
Cette fois, pas de SFFF pour cette nouvelle. Nous suivons un cour d'histoire de l'art sur trois œuvres d'un même artiste. Petit à petit, nous allons découvrir l'histoire de l'artiste et de ses œuvres. C'est une nouvelle bien menée et plutôt intéressante par son approche de l'Histoire. J'ai beaucoup aimé.

Trêves de comptoir
Retour à la SFFF avec cette fois des Super Héros. Ecrire sur les Supers Héros n'est pas simple tant beaucoup de chose ont été dites et faites. L'auteur se penche sur trois d'entre eux qui viennent de perdre un de leur coéquipier. Dans le bar réservé à leur caste, chacun des trois gère la situation à sa manière. La nouvelle est divertissante, une nouvelle fois bien menée et pourtant, j'ai un peu moins accrochée avec celle-ci. Le thème est sympa mais j'ai eu du mal avec les personnages.

Logique d'ensemble
Cette fois, nous nous retrouvons en Irak, durant la guerre (la seconde, celle des années 2000). Nous y suivons un soldat, plus précisément un pilote, dont l'appareil a explosé en vol. Durant la longue chute qu'il entreprend bien malgré lui, son parachute ne voulant pas s'ouvrir, il va espérer jusqu'au dernier moment pouvoir s'en sortir. C'est une nouvelle assez engagée, contre la guerre et ses absurdités, portée par du fantastique et un peu d'humour.

Enjoy the silence
Nous voici cette fois dans le star système, mieux encore à suivre la fin d'une émission type Star Academy. La nouvelle se veut une critique de ce type d'émission, de la popularité des participants et de la crédulité du spectateur. J'ai plutôt apprécié la manière dont elle est mené, avec son chanteur qui ne chante pas et que pourtant tout le monde semble entendre, ses jurés méchants voire diabolique et la montée en puissance de l'horreur pour les apprentis chanteurs. Après, j'avoue que n'étant pas fan de ce genre d'émission, j'ai forcément aimé qu'elles soient tournées en dérision comme ici. 

L'Internat de Tatie Billot
L'internat de Tatie Billot est censée faire remonter les peurs enfantines sur l'école et les pensionnats. Si la nouvelle est bonne, qu'elle se lit particulièrement bien (et qu'elle m'a fait pensé à Gudule et à Gargouille), j'ai pourtant eu un peu de mal avec elle. Surement à cause de l'histoire de l'histoire lue au début, qui la décrit comme terrifiante, là où moi, je n'ai finalement pas vu ce fameux terrifiant. Du coup, l'effet est un peu tombé à plat, encore plus lorsque j'ai lu la fin dont je me doutais depuis un moment. Dommage, c'était quand même la nouvelle qui me faisait le plus envie.

Fleurs de cimetière
La dernière nouvelle du recueil nous fait cette fois suivre le jeune Quentin, bien décidé à faire le boulot de la mort dans sa petite ville. Il s'en prend à certaines personnes qui semblent être pour lui des vampires ou des morts-vivants, ce n'est pas forcément très clair, bref des gens qui auraient dut mourir depuis longtemps. Sauf que rien ne se passe comme prévu lorsqu'un inspecteur peu compétent vient lui rendre visite pour une toute autre affaire. Sans la fin de la nouvelle, je dois dire que je serais bien passé au travers de celle-ci.  Le début est trop long pour moi, pas assez clair aussi. Par contre, à partir du milieu, c'est de suite bien plus intéressant.


Je dois avouer que je sors de ce recueil de nouvelles assez mitigée. J'avais adoré Punk's not Dead, et je pensais aimer tout autant ce Baroque'n'roll. J'avais juste oublié que celui-ci est sortie avant et donc que les nouvelles sont un peu plus vieille. L'écriture n'est pas la même, elle s'est affinée sur Punk, les thèmes sont ressemblants mais pas tellement. Ce n'est pas que Baroque soit moins bon, c'est juste qu'il fallait le temps à l'auteur de murir son écriture. 

Après, je pense que cela vient de moi, mais quinze nouvelles, ça fait peut-être un peu beaucoup. J'ai mis une semaine avant de lire les trois dernières, là où j'ai enchainé les six premières. Il y a aussi que je n'ai finalement pas apprécié toutes les nouvelles (pas qu'elles soient mauvaises, juste les goûts et les couleurs quoi) et que j'avais placé la barre un peu trop haut en comparant trop facilement le recueil avec son cadet. Pourtant, il est rempli de bonnes idées, d'une écriture que j'apprécie et se lit assez bien. J'aurais peut-être du réellement entrecoupé les nouvelles d'autres lectures...





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