dimanche 27 août 2017

Les Illusions de Sav-Loar, Manon Fargetton

J'avais vraiment beaucoup aimé l'Héritage des Rois-Passeurs et du coup lorsque j'ai vu que Bragelonne avait inclus les Illusions de Sav-Loar dans sa dernière opération, je l'ai acquis. Et il me confirme que j'adore cet univers !

Les Illusions de Sav-Loar, Manon Fargetton

Editeur : Bragelonne
Collection :  fantasy
Année de parution : 2016
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy féministe
- Vous voulez de la magie
- Vous du voyage

A ne pas lire si :
- Vous n'avez pas encore lu les Rois-Passeurs (spoiler sur celui-ci dans le livre)

Présentation de l'éditeur :

Plusieurs versions de la naissance de Sav-Loar circulent dans le royaume. Toutes racontent comme de jeunes magiciennes poursuivies par les capes d’or se réfugièrent dans la forêt des Songes et y érigèrent une ville secrète. Sans être entièrement fausses, ces légendes sont approximatives, car les fondatrices de cette ville n’avaient rien des adolescentes terrifiées et à peine pubères qu’elles décrivent. Elles étaient des femmes dans la fleur de leur féminité, à l’apogée de leur art, au zénith de leur colère. Elles étaient d’anciens membres du Clos traquées par leurs pairs, ayant assisté au massacre de deux centres d’entre elles par la peur de la différence et la soif de domination. Sav-Loar, le lever de lune, devint le pendant clandestin d’Astria l’éclatante. Ainsi débuta la nuit des magiciens.

Mon avis

Comme je le disais en introduction, j'avais beaucoup aimé l'Héritage des Rois-Passeurs qui, pour pas mal de raisons, changeait de ce que l'on a l'habitude de lire en Fantasy. Parce qu'il faut bien le dire de la fantasy qui se veut féministe on en trouve pas vraiment (je ne compte pas le Guin ou Zimmer Bradley dedans)(j'ai mes raisons, je pourrais un jour vous l'expliquer, mais pas maintenant). Me fait penser que ma question sur twitter à ce sujet est restée lettre morte. Donc qui connait de la fantasy féministe ? Et je peux en trouver où ? (parce que la SF pas de soucis, le fantastique, on en trouve déjà un peu plus mais la fantasy, niet). Et donc je voulais absolument lire les Illusions de Sav-Loar pour retourner dans l'univers d'Ombre mais aussi pour retrouver ce féminisme qui manque tant à la fantasy.

Avant toute chose, je préfère prévenir. Les Illusions spoile la fin de l'Héritage des Rois-Passeurs. Pas sur tout, mais il le fait quand même. Les Illusions n'est pas un tome deux. Ni un tome un à vrai dire. Disons que les deux livres sont complémentaires. Et si on peut très bien lire les deux dans n'importe quel ordre finalement, il vaut tout de même mieux commencer par l'Héritage (déjà il est plus court, ce qui permet d'être sûr d'apprécier le livre ou pas sans trop perdre de temps (et d'argent)). Bref, sur ce, passons à ce qui nous intéresse.

Les Illusions nous raconte l'histoire de Bleue, déjà croisée donc dans l'Héritage. Et tout commence dans l'Empire donc, avec un groupe d'esclave dont elle fait partie. Amenée dans le palais du Sker, un fils du Dieu Aa, ses pouvoirs magique vont naitre au moment où celui-ci la violera. Commencera alors pour elle et un petit groupe d'esclave, la fuite vers Sav-Loar. 

Le roman se divise en plusieurs parties où l'on va alterner entre Bleue et Fél, sa compagne d'évasion. Bien que différentes, les deux jeunes femmes ont le même objectif, survivre dans un monde qui ne veut pas forcément d'elles. En tant que femmes, elles vont devoir apprendre à s'affirmer face à un monde patriarcal qui voit en Bleue un monstre à détruire à tout prix et en Fél une esclave. Ce sont deux parcours qui seront bien différent de part les caractères des deux femmes et la manière dont elles appréhendent le monde et pourtant, ils sont tout de même assez égaux. Car la lutte pour une égalité entre la femme et l'homme a beaucoup de visage pour finalement n'être qu'une seule et même chose. 

L'aspect féministe du roman m'a beaucoup marqué. Parce qu'il ne se contente pas de dire "nous sommes femmes, donc vos égales, et tant pis si vous pensez le contraire". Et c'est quelque chose que j'ai beaucoup apprécié ici. Outre les destins de Bleue et Fél, il y a celui de toutes les magiciennes de Sav-Loar, pourchassée et tuée depuis des millénaires par les magiciens du Clos. Il y a aussi celui des dits magiciens, dont certains s'interrogent beaucoup sur ce qu'ils font. Et puis, il y a le troisième élément de ce combat dont je ne parlerais pas vraiment sous peine de spoiler une grande partie de l'intrigue.  Je trouve particulièrement intéressant de mettre au gout fantasy certains combats d'aujourd'hui (je pense à la liberté d'avorter ou non, à l'égalité entre femme et homme passant parfois par des combats qui semblent bien petits mais qui font grands bruits au final). Les solutions ne sont pas toujours les plus évidentes, ni les plus contemporaines (nous sommes en fantasy ne l'oublions pas). Et qu'est-ce que ça fait du bien de se retrouver avec un livre qui arrête de prendre les femmes pour des nunuches et qui posent de vrais questions (et posent des réponses intéressantes aussi). Le roman fait réfléchir en plus de divertir et ça, c'est vraiment cool.

Bien entendu, même si pour moi ce féminisme fait déjà beaucoup pour le roman, il n'est pas seul à me l'avoir fait adoré. Manon Fargetton m'a prouvé une fois de plus qu'elle savait écrire des personnages denses, non manichéens et particulièrement plaisant à suivre. Si nous restons dans les pas de Bleue et Fél, celles et ceux qui les entourent ne restent pas à la traine. J'ai adoré tous les personnages, ce qui assez rare chez moi. Et j'ai apprécié de ne pas avoir finalement de gros méchants (même si il y en a bien, ils sont fait de manière à ce que le lecteur comprenne leurs motivations et finalement, on arrive presque à les comprendre)(seul le Sker finalement fait méchant très méchant qu'on a envie de voir mourir très vite). Je me suis tout de même prise d'affection pour certains, comme Enarion (oui, nous l'avons déjà vu) qui va voir sa vie changée du tout au tout en présence de Bleue, Manala dont l'idéal est peut-être trop idéal justement, Ashar, jeune magicien qui ne trouve pas sa place à Sav-Loar, Oreb, prêtre guérisseur ou encore Guilhem qui parle bien trop pour son bien.

Et puis, il y a l'écriture de l'autrice qui fait que nous ne voyons pas passer les quelques 665 pages en version papier. Tout est fluide, que se soit les dialogues, les scènes d'actions, les sentiments. On ne s'ennuie pas une seconde en lisant ce livre. Une sensation que j'avais déjà trouvé dans l'Héritage et qui me fait vraiment dire que Manon Fargetton est une autrice à suivre. 

En conclusion, je recommande vraiment mais vraiment ce roman ainsi que l'Héritage des Rois-Passeurs à toutes et tous. Surtout à celles et ceux qui en ont un peu marre de voir de gros bourrins taper dans tout ce qui bouge et des femmes juste là pour faire décoration. Il nous faudrait bien plus de romans comme celui-ci en fantasy !

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