jeudi 18 mai 2017

Quelques pas de plus, Agnès Marot

J'avais beaucoup aimé I.R.L., sortie l'année dernière, et les thèmes qu'abordaient Agnès Marot à l'intérieur. Alors, j'avais très envie de lire ce Quelques pas de plus, surtout que son thème principal n'est que rarement traité que ce soit dans le Youg-Adult ou même en générale.

Quelques pas de plus, Agnès Marot

Editeur : Scrineo
Collection : Ados
Année de parution : 2017
nombre de pages : 329

A lire si :
- Vous voulez des personnages avec des handicaps invisibles
- Vous voulez de la représentation
- Vous voulez un chouette road-trip

A ne pas lire si :
- Vous voulez une histoire ultra compliquée.

Présentation de l'éditeur :

Sora vient d'apprendre qu'elle doit passer le reste de sa vie à béquilles. Son quotidien se résumera désormais aux cours au lycée et aux séances de kiné. Elle pourrait s'y faire si Kay, la grande soeur qui l'a quasiment élevée, tenait le coup ; mais cette dernière, qui a toujours été la plus forte des deux, est en pleine descente aux enfers. Alors Sora décide de prendre les choses en main et d'enfiler la cape de ces superhéros qu'elle aime tant. Objectif : changer sa vie. Son meilleur atout : l'héritage navajo laissé par sa mère. Un ancien pouvoir de guérison qui pourrait les sauver, elle et sa soeur.
Le problème, c'est qu'elles ne sont pas les seules à le chercher… et que leur rival est prêt à les suivre au bout du onde pour parvenir à ses fins.

Mon avis

Comme je le disais, j'avais très envie de lire ce Quelques pas de plus, surtout en sachant qu'il traitera de handicap, plus particulièrement de handicap invisible. C'est un sujet qui est peu voire même pas du tout abordé, du moins dans les livres qui "cartonnent". On le retrouve plus souvent dans des livres plus confidentiels. Or, le sujet mérite amplement d'être traité et quoi de mieux que les ados et jeunes adultes comme cible première ? Il fait parti de la représentation dans la littérature, chose qui les touche peut-être plus que les adultes et qui surtout leur permettra dans une certaine mesure de mettre des mots sur certaines choses.

Quelques pas de plus, c'est donc l'histoire de Sora et de sa soeur Kay. Sora, adolescente d'apparence normale mais qui va devoir vivre avec des béquilles et une cheville en vrac pendant toute sa vie. Un handicap que ne ressemble pas à un handicap, quelque chose que personne ne voit et qui d'ailleurs ne semble pas vraiment être reconnu comme tel par beaucoup de monde. Un handicap avec lequel elle doit apprendre à vivre. Mais alors qu'il semble qu'elle commence petit à petit à "se faire" à la situation, sa sœur ne souffrait pas d'un mal étrange, de crise d'angoisse, et de ce qui semble être un syndrome post-traumatique. Alors, pour la sauver, elle l’amène dans un road-trip en territoire navajo, là où se trouve leur racine, là où elle pourra redevenir elle-même.

Si parfois l'histoire tombe dans le trop simple, trop évident, elle n'en reste pas moins très agréable à lire. Agnès Marot a un style des plus agréables, fluides et ses personnages sont bien foutues. On suit sans le moindre problème Sora et Kay dans leur road-trip ainsi que durant les jours le précédant. Je dois dire que les paysages du grand Canyon et de ses environs donnent envie d'y aller. Les descriptions de l'autrice sont alléchantes à souhait (et je suppose proche de la réalité et surtout de ce qu'elle a pu ressentir en les visitant avec ses béquilles)(oui parce que le handicap de Sora est aussi celui de sa créatrice, mais on va y revenir).

Mais comme je le disais, j'ai surtout apprécié les thèmes du livre. A commencer par le handicap invisible. D'abord celui de Sora. Ici, l'autrice savait de quoi elle parlait, elle en souffre elle-même. Et cela se ressent. Parce que ce que dit Sora là-dessus est réel. Parce que la bonne femme du bus qu'on a tous envie d'égorger existe vraiment. Parce que les situations ne sont pas de l'invention pure et dure. Oui, Sora est handicapée, même si ça peut passer pour une simple entorse. Or elle va vivre avec, subir la douleur, subir les humiliations. Et elle ne va pas se laisser aller. Elle est capable d'être qui elle veut être, de réussir à faire à peu près tout ce qu'elle veut, même sur une jambe. La force de la jeune femme est communicative tant elle prend cela de manière positive la plupart du temps. Il y a aussi celui de Kay. Kay souffre d'un syndrome post-traumatique (nous en découvrirons la cause vers le milieu du roman). Si elle parait normale, si tout le monde voit en elle la jeune femme ordinaire, ce n'est absolument pas le cas. Or c'est aussi un handicap. Mais là où sa sœur se bat pour vivre avec la douleur, Kay finit petit à petit par sombrer, incapable de surmonter ses crises. Elle qui jusque là semblait la plus forte des deux va devoir compter sur sa petite sœur pour s'en sortir.

On retrouve ensuite en filigrane et avec l'origine des deux demoiselles, les thèmes du métissage, des différences de culture et de la suprématie blanche. Elles sont moitié française, moitié navajo. Métisses, elles semblent n'avoir de place nulle part dans les deux cultures. Trop foncé d'un côté, trop blanche de l'autre. Si elles se sentent opprimées, pas à leur place en France, elles se comportent de la même manière que les blancs arrivées en territoire navajos. Au final, sans réellement se penser supérieure, loin de là même, elles en arrivent tout de même à donner cette impression aux amérindiens. Ce genre de situation est assez fréquente dans la vie réelle et il est bon de rappeler aux gens que cultures différentes ne veut pas dire infériorité à une autre. Et c'est plutôt bien fait par ici.

Au final, voilà un livre qui mêle fantastique, légende amérindienne, handicap invisible et différence de culture de manière presque parfaite. On ne tombe pas du tout dans la surenchère, dans le pathos et c'est fort agréable. Pour ne rien gacher, le roman est rempli de référence pop-culture, super héros, série télévisée (charmed est peut-être un peu daté pour le coup, il me semble), roman et j'en passe. Pas tout à fait un coup de coeur mais presque. En tout cas, une bonne grosse mention spéciale pour son thème principal.

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