vendredi 11 mars 2016

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Depuis ma découverte de Virginia Woolf, je fais en sorte de mettre tous ses livres dans ma bibliothèque. Dire que j'apprécie ce qu'elle écrit est un doux euphémisme tant je suis éblouie par sa prose. 

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Editeur : Le Bruit du Temps
Collection : /
Année de parution : 2010
Titre en VO : Flush : a biography
Année de parution en VO : 1933
Nombre de pages : 194

A lire si :
- Vous aimez la prose de Virginia
- Vous voulez la biographie d'un chien

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à beaucoup de dialogue (ça n'a jamais été le fort de Virginia Woolf en plus)
- Vous voulez vous concentrer seulement sur le chien

Présentation de l'éditeur : 

C'était le paysage humain qui l'émouvait. II semble que la Beauté, pour toucher les sens de Flush, dût être condensée d'abord, puis insufflée, poudre verte ou violette, par une seringue céleste, dans les profondeurs veloutées de ses narines ; et son extase, alors, ne s'exprimait pas en mots, mais en silencieuse adoration. Où Mrs. Browning voyait, Flush sentait ; il flairait quand elle eût écrit.

Mon avis

Flush fut écrit juste après les Vagues, un roman plutôt éprouvant pour son autrice. C'était alors une sorte de distraction, mais aussi une manière de rendre hommage à un ami disparu, Lytton Strachey. Étrangement, ce petit roman n'est pas très connu en France où il ne fut édité que deux fois, la première en 1935 et la seconde en 2010. Oui, ça craint un peu car s'il n'a pas la grandeur des Vagues par exemple, il n'en est pas moins bon. 

Pour ce texte, Virginia Woolf s'est penché sur la vie de Flush, un cocker. Pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui d'Elizabeth Barret-Browning, grande poétesse anglaise qui défraya la chronique en son temps en s’enfuyant en Italie après son mariage secret. Barret-Browning n'est heureusement pas connu que pour cela, elle fut une grande autrice reconnue par tous. D'ailleurs, avouons que malgré Flush en sujet principal, c'est surtout d'elle qu'il est finalement question. Après tout, quoi de mieux que l'animal de compagnie, celui toujours présent, pour dresser un portrait du propriétaire ? C'est une approche que peu ose et que Virginia Woolf réussit avec l'art qu'on lui connait. Non contente de narrer la vie de la poétesse, elle va aussi nous décrire les émotions de Flush (presque humaine) et son approche des odeurs m'a beaucoup plu. Le tout avec humour, comme elle sait si souvent le faire mais qui parfois pourrait passer un peu inaperçu.

C'est un petit roman dense que cette biographie de Flush. Dense parce que la vie de Barret-Browning l'a était, mais surtout parce que Virginia écrit comme elle le fait d'habitude, c'est à dire avec le flux de pensée en arrière plan. Cette façon d'écrire peu en perturber certain, je dois avouer que je l'apprécie pour ma part énormément, cela permet de découvrir toujours plus de chose, importante ou non sur la vie des personnages ou l'époque. Oui, parfois, on se demande où elle veut en venir, mais jamais ce n'est anodin finalement. Régulièrement, Woolf utilise les mots même d'Elizabeth, ce qui donne une autre dimension à la biographie, nous offrant alors une certaine vision de la poétesse et tourne alors plus à la biographie de l'autrice que de son chien. On y découvre une femme passionnante sur laquelle il faudra que je me penche un peu plus.

Mais surtout, Flush, c'est beaucoup d'émotion, de sensualité aussi. Je crois que jusqu'ici, Virginia n'avait pas autant fait parler les émotions, les sens. C'est toujours fait avec une certaine pudeur, sans en faire trop. Mais quel plaisir de lire ce que peut ressentir ce cocker lorsqu'il découvre les rues, les gens, l'amour ou encore la colère, la peur... Virginia en profite aussi pour se pencher sur le problème de compréhension dut au langage entre l'homme et le chien, un problème qui peut se résoudre grâce à certain acte de l'un ou de l'autre. L'amitié qui s'épanouit entre Elizabeth et Flush est une amitié sincère, pure qui ne semble pas souffrir des faux semblants. Et puis, il y a l'humour, toujours présent, par petite touche, comme le premier paragraphe où elle se pose la question de l'origine du mot "épagneul". 

Au final, Flush est une oeuvre agréable, un bel exemple de l'art de Virginia Woolf. Je trouve réellement dommage qu'elle ne soit pas plus connue en France.

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