jeudi 31 mars 2016

Le Royaume Immobile, Le Paris des Merveilles, Tome 3, Pierre Pevel

Avant de me plonger uniquement dans mon Kindle pour ce qui est du numérique, il me faut finir les livres sur mon iphone (ben oui, je ne peux pas les transférer sur le kindle, le monde est injuste). Comme il m'en reste une dizaine, j'ai le temps de pouvoir continuer à lire dessus encore un moment. Et le premier livre post-Kindle n'est autre que le troisième tome du Paris des Merveilles de Pevel. Je n'allais tout de même pas le laisser traîner dans son coin.

Le Royaume Immobile, Le Paris des Merveilles, Tome 3, Pierre Pevel

Editeur : Bragelonne
Collection :/
Année de parution : 2015
format : epub

A lire si : 
- Vous voulez un Paris des années 1909 à la touche féerique
- Vous voulez des personnages attachants et hauts en couleur
- Vous voulez une enquête entraînante 

A ne pas lire si ;
- Vous voulez voir plus de fée et autres créatures magiques
- Vous aimez qu'on vous donne toutes les pièces rapidement

Présentation de l'éditeur : 

Alors que tout le monde ne songe qu'aux prochaines élections du Parlement des Fées, Griffont doit aider un ami soupçonné de meurtre. De son côté, Isabel se trouve aux prises avec de dangereux anarchistes venus de l'OutreMonde et décidés à ensanglanter Paris pour se faire entendre. Mais ces deux affaires pourraient bien être liées, et nos deux héros ne tarderont pas à lever le voile sur un secret ancien susceptible d'ébranler le trône d'Ambremer. Un secret que convoite le Reine Noire, jumelle maléfique et ennemie acharnée de la reine des fées.

Mon avis

C'est définitif, je n'aime pas lorsqu'une série se termine. Point. Je n'aime pas ça du tout, encore moins si j'ai aimé les tomes précédents. Et donc, je n'ai pas aimé arriver à la fin de ce tome-ci, juste parce que c'est la fin de la série. 

Ce troisième tome est dans la continuité des deux autres. On retrouve bien entendu le couple Griffont/Isabelle, toujours aussi savoureux. Il n'y a pas à dire, ce sont deux personnages vraiment géniaux qui fonctionnent à merveille. On retrouve des intrigues qui s'imbriquent pour n'en former plus qu'une, un peu du passé d'Isabel et un final fort sympathique. S'y mêle aussi une histoire d'amour contrarié, des duels dignes de Dumas et des élections parlementaires. Des ingrédients qui annoncent une histoire à rebondissement dans laquelle le lecteur va se faire un plaisir de se plonger.

Cette fois, nous commençons par une chose fort simple, la prochaine élection du parlement d'OutreMonde où vont, pour la première fois, être acceptés les humains et les dragons. Forcément, tout cela ne plait pas à tout le monde et un groupe terroriste commence à faire parler de lui. Entre temps, Troisvilles, l'ancien apprenti de Griffont, provoque en duel Dalmas, un mage incarnat pour une raison qu'eux seuls connaissent et Isabel trouve un elfe noir mort dans sa rue. Oui, ça commence à faire beaucoup. Alors quand Dalmas disparaît, que Troisvilles est accusé de l'avoir tué et que la baronne doit enquêter sur l'incarnat, tout s’accélère. Parce que bien sûr, tout est lié, d'une manière ou d'une autre. Et comme nous sommes habitué (enfin comme je suis habituée), j'essaie de tous démêler et j'y suis pas trop mal arrivée d'ailleurs.

Mais l'important surtout dans ce tome, c'est l'histoire d'Isabel. Si elle est restée assez mystérieuse sur son passé durant les deux premiers tomes, ce n'est plus le cas ici. Vous vouliez savoir pourquoi elle est en froid avec Méliane, la reine des fées, vous allez enfin le savoir (et non, je ne vais pas vous le dire). On découvre une autre facette de l'enchanteresse, une facette qui m'a beaucoup plu. 

D'ailleurs, j'ai beaucoup apprécié que Pevel mette vraiment l'accent sur les personnages dans ce tome, plus que dans les deux autres. Ainsi, Troisvilles qui apparaissait à chaque fois en tant que personnage secondaires prend de l'importance et devient centre de l'une des intrigues, nous permettant de mieux le découvrir. Delveccio prend un peu plus de place lui aussi et s'il reste en retrait par rapport aux autres, il n'en est pas moins important. Quant aux ennemis, nous redisons coucou à la Reine Noire, toujours aussi machiavélique ou encore à Crèvecoeur, le crapulard déjà rencontré dans le tome 2. 

Mais, j'aurais un petit bémol à ce dernier tome. Je l'ai trouvé un peu en dessous que les deux autres. Pas de beaucoup, je l'avoue. Peut-être parce qu'habituée, j'ai vu venir ce qu'il pouvait se passer par la suite, peut-être parce que je voulais un final plus explosif ? Je ne sais pas. Il n'en reste pas moins très bon. 

Au final, voilà une série qui s'achève (réellement ? la fin est plutôt ouverte, assez pour ajouter un autre tome derrière par exemple) d'une jolie manière et qui m'aura tenue en haleine un bon moment. Je suis triste de quitter Griffont et Isabel, que j'adore vraiment beaucoup beaucoup et ce Paris des Merveilles. Je me dis qu'heureusement, j'ai encore dans ma PAL un autre Pevel, le premier tome des Hauts-Royaumes et que je retrouverais bientôt l'écriture de l'auteur.



mardi 29 mars 2016

La Machine à Explorer le Temps, H.G Wells

Je lis très rarement les grands classiques de la SF. Dès que j'ai commencé à m’intéresser au genre, j'ai lu les nouveautés, les trucs un peu plus vieux mais pas les classiques en eux-même. Et puis, cette année, j'ai décidé de lire plein de classique, et pas qu'en SF d'ailleurs. Alors autant commencer par l'un des textes un peu fondateur du genre.

La Machine à Explorer le Temps, H.G Wells

Editeur : Folio
Collection : SF
Année de parution : 2002
Titre en VO : The Time Machine
Année de parution en VO : 1895
Nombre de pages : 166

A lire si : 
- Vous voulez un récit de voyage un peu particulier
- Vous voulez un texte plutôt court mais pas forcément facile

A ne pas lire si :
- Vous voulez des grosses machines, des vaisseaux spéciaux, de la technologie de pointe

Présentation de l'éditeur : 

La terre en l'an 8701 avait pourtant toutes les apparences d'un paradis. Les apparences seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où les hommes devenus oisifs n'ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret.
Ainsi témoigne l'explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son incroyable machine jusqu'à son voyage au bout de l'Histoire, là où l'humanité s'est scindée en deux. D'un côté les Éloïs, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés. De l'autre les terribles Morlock qui ont fuit la lumière pour s'enterrer dans un gigantesque et inhospitalier monde souterrain. Un monde où l'explorateur du temps devra s'aventurer s'il souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.
Inutile d'insister sur le fait qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre. Wells demeure avec Jules Verne le grand ancêtre de la science-fiction, celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, avec des œuvres aussi importantes que L'Île du Docteur Moreau, L'Homme invisible ou La Guerre des mondes.

Mon avis

Avec les classiques, dans n'importe quel genre, il faut toujours faire très attention. Parce qu'ils sont aimés par des nombreuses personnes, souvent même adulés, il est facile de se dire que "oui, oui, c'est sur, je vais aimer". Encore plus lorsque le thème, ici le voyage dans le temps, semble prometteur. Et puis, parce que c'est un classique, on ouvre le livre avec une certaine appréhension et on commence à le lire presque religieusement. Jusqu'à ce qu'on se rende compte au bout d'un ou deux chapitres qu'on va avoir du mal...

Car oui, lecteur, j'ai eu du mal avec cette machine à explorer le temps. J'ai eu du mal parce que c'est long à se mettre en route, c'est aussi très long une fois que c'est en route. Pas qu'il ne se passe rien. Juste que l'auteur prend son temps, décrit ce futur étrange dans lequel son explorateur du temps se retrouve et de temps à autre place un peu d'action mais pas trop. C'est surtout un texte descriptif que nous avons là. Attention, ce n'est pas un mauvais texte, loin de là. Juste qu'il manque de rythme pour moi et que, comme souvent avec ce genre de roman, je m'attendais à autre chose peut-être. 

Le texte est moderne, surtout pour un texte qui date de 1895. Pas forcément dans son style (quoique), mais dans ses propos. Après tout, la dégénérescence de l'espère humaine, cette idée que les hédonistes finiront en "simplets" et que les ouvriers, relégués dans les profondeurs de la terre prendront d'une manière ou d'une autre le pouvoir est nouvelle à cette époque-là, mais plus maintenant ( c'est là qu'on reconnait un classique). Sans parler du fait que cette anticipation n'est rien de moins qu'une vision de ce qu'il se passe au final à l'époque de son écriture. Une vision pas forcément super sympathique du capitalisme et de ce que cela donnera dans des milliers d'années. Ma vision est pessimiste mais pas non impossible, forcément. C'est ce qui fait l'une des grandes forces du roman. C'est dans ce sens surtout qu'il s'inscrit en science-fiction, et non forcément à cause de son voyage dans le temps (même si).

Et finalement pour moi, le plus gros problème, ça reste donc un narrateur pas forcément ultra sympathique et une narration plutôt longue. Wells n'écrivait pas pour faire un roman d'action plutôt pulp mais plutôt un livre à portée sociale voire même politique. La science fiction n'étant finalement là que pour donner un décors à ce qu'il veut dire. Après, on peut être d'accord ou non avec ses idées, il était quand même sacrement eugéniste le monsieur (sans parler de son penchant pour un socialisme extrême ou le fait qu'il considérait presque les gens du peuple comme des crétins)(la page wiki sur l'auteur est sympathique), il n'empêche que tout cela est écrit de manière fort intéressante.

Au final, j'ai eu donc du mal avec le livre de part sa lenteur même si j'ai apprécié le reste. La vision du futur de l'auteur est intéressante (même si les paysages m'ont semblé pour le coup plus détaillé que le reste parfois), tout comme l'évolution de l'espèce humaine en deux sortes de "races" bien différentes l'une de l'autre selon qu'elle fut sur terre ou sous terre. Je sors donc de ma lecture avec un sentiment d'insatisfaction assez gros et en même temps plutôt contente d'avoir pu enfin lire ce classique là. 

mercredi 23 mars 2016

Dragon, Thomas Day

Ai-je déjà dit que j'aimais beaucoup les écrits de Thomas Day ? Surement, oui. Quand j'ai vu ce petit livre sur les étagères de la librairie, je n'ai pas réfléchi (réfléchi-t-on réellement lorsqu'on prend un livre ?), il a attiré dans mon panier.

Dragon, Thomas Day

Editeur : Le Belial'
Collection : Une heure lumière
Année de parution : 2016
Nombre de pages : 152

A lire si :
- Vous voulez un texte court mais percutant
- Vous ne voulez pas qu'une enquête policière
- Vous aimez la violence à un certain degrés

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de totalement imprévisible

Présentation de l'éditeur : 

Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?

Mon avis

Cette année, les éditions Bélial s'offre une nouvelle collection mettant en avant des textes courts. Dragon fait parti des premiers textes de cette collection. Ce genre de roman, qui se lit vite, me plait beaucoup. Même si j'aime les longues séries ou les gros pavés, je ne suis jamais contre un petit roman, surtout si celui-ci est percutant. Bon en plus de ça, je suis fan des couvertures, créée par Aurélien Police (j'aime les illustrations d'Aurélien Police depuis très longtemps). Mais le texte est-il à la hauteur de la couverture et du format, aussi alléchants soient-ils ?

L'histoire se déroule à Bangkok dans un futur plus ou moins proche. Une Bangkok envahit par la mousson où, pour que les touristes aient les pieds au sec, on hésite pas à noyer une partie de la ville. Une Bangkok moite, humide, viciée à l'ambiance sombre. Dans cette ville, un homme s'attaque au tourisme sexuel, plus particulièrement à la pédophilie. Seul, il entre en guerre. Mais pour ne pas entacher un touriste qui renaît, même si c'est le pire de tous, les autorités lancent à ses trousses Tann Ruedpokanon afin de le tuer sans faire de trace, à la thaïlandaise. Commence alors le jeu du chat et de la souris entre le flic et Dragon.

Le livre est percutant. Percutant par sa forme, avec des numéros de chapitre qui ne se suivent pas (le livre peut être lu comme cela, ou par ordre chronologique), une violence toujours présente mais jamais gratuite (c'est souvent le cas avec Thomas Day d'ailleurs, ses textes sont violents, on est bien d'accord, mais pas juste pour l'être, il y a toujours quelque chose derrière) et une enquête bien menée, intéressante à lire. Mais il l'est surtout par son fond. Dragon réveille les consciences, ouvre les yeux sur un fléau dont on ne parle pas forcément souvent dans notre vieille Europe : la prostitution enfantine. Sur ça et sur la manière dont certains ferment les yeux, pour remettre une économie à flot (vaste sujet que le tourisme sexuel, qu'il soit enfantin ou pas). Si Dragon tue les proxénètes et les clients, c'est pour ouvrir les yeux du monde, de tout le monde. C'est pour sauver ces gamins, objets sexuels que l'on drogue ou alcoolisé afin de les rendre plus docile. Alors oui, les méthodes ne sont peut-être pas les bonnes, on ne combat pas le mal par le mal, mais en même temps, dans cette Bangkok futuriste, personne si ce n'est une ONG ne semble vouloir faire quelque chose contre cela. Et du coup, la question se pose quand même (un peu comme dans Daemone où le héros se demande s'il doit réellement devenir un assassin pour retrouver l'être aimé).

Le format de ce texte est donc particulièrement intéressant puisqu'il permet à l'auteur de ne pas appesantir sur certains aspect qui aurait desservi les thèmes. D'ailleurs, il n'y a pas que celui de la prostitution enfantine. On retrouve beaucoup de chose qui font la Thaïlande d'aujourd'hui. Tann, le héros, est à la recherche de liberté mais aussi d'un idéal amoureux en la personne du ladyboy parfait. Ainsi, nous voilà à réfléchir à la question du genre, mais aussi de la tolérance envers ces personnes. En Thaïlande, les transexuels ne sont pas des parias comme ils pourraient l'être chez nous, on dit merci au bouddhisme et au gouvernement qui n'a jamais interdit l'homosexualité d'une manière ou d'une autre (et ça, c'est franchement génial). Tann est vraiment un personnage intéressant, un personnage qui sans forcément être attachant est plutôt proche de pas mal de lecteurs par ses interrogations, ses paroles... Dragon quant à lui, est tout aussi intéressant bien que plus en arrière et plus classique dans sa construction. Il n'en reste pas moins qu'il pose la question du mal pour le mal auquel chacun pourra répondre à sa convenance.

Enfin, un dernier point pour Dragon, c'est son passage petit à petit de quelque chose qui se veut polar futuriste (et finalement surtout polar, parce que le côté futuriste n'est pas vraiment là sauf dans les description de Bangkok) à quelque chose d'un peu plus fantastique. Alors, on peut se demander ce qu'elle fait là mais en fait, je trouve qu'elle va particulièrement bien avec la culture animiste de certains thaï. Et pour tout dire, cela fonctionne très bien avec le reste de l'histoire.

Au final, j'ai beaucoup aimé ce court roman percutant que cela soit grâce au style de Thomas Day, que j'aime depuis le premier livre que j'ai pu lire de lui ou grâce à ses thèmes pas toujours simples. Le texte fonctionne à merveille, avec une petite touche de violence et de sexe jamais gratuite et quelque chose qui ne se veut pas moralisateur, mais "ouvreur d'yeux" (vous la sentez l'expression foireuse parce que je trouve pas le bon mot ?). Un très bon texte.

lundi 21 mars 2016

Ocean Mer, Alessandro Baricco

J'aime passionnément la mer. Surement parce que je suis née juste à côté. Lorsque je tombe sur un livre où elle est l’héroïne principale, le personnage le plus présent, je ne peux m'empêcher de le prendre. 

Ocean Mer, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2002
Titre en VO : Oceano mare
Année de parution en VO : 1993
Nombre de pages : 282

A lire si :
- Vous voulez un livre poétique et beau
- Vous voulez un livre transgenre

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les livres qui donnent l'impression de partir en tout sens
- Vous n'aimez pas la mer

Présentation de l'éditeur 

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...

Mon avis

Je sens qu'il va être dur de parler d'Ocean Mer. Comme souvent avec ce genre de livre, qu'on aime énormément, ce fut un vrai coup de cœur, et dont on ne sait vraiment comment le vendre aux autres sans avoir à dire juste : lisez-le. Je pourrais m'arrêter là si vous êtes amoureux de la mer, de la poésie et des histoires de naufrages-rédemption. Je ne le ferais pas, forcément. 

Océan mer, c'est le destin croisé de sept hommes et femmes. Pour une raison ou une autre, ils se retrouvent à la pension Almayer, une pension étrange qui semble presque irréelle au bord de la mer. Tous ont des fêlures qu'ils viennent ici soigner, parfois sans le savoir. La première partie nous permet de les découvrir, ces sept-là. De découvrir aussi la pension et son fonctionnement. La seconde partie nous entraîne dans un naufrage qui n'est pas sans rappeler celui du radeau de la Méduse, enfin la troisième partie comporte le dénouement pour tous. 

Ce qui frappe en premier dans Océan Mer, c'est le texte, la manière dont Alessandro Baricco joue avec les mots, les styles, les genres. Pas un chapitre qui ne se ressemble réellement. Un peu comme la mer qui elle-même change tout le temps. Cela peut dérouter, perturber. L'impression de ne jamais lire le même livre alors que si. Tout est changeant, éphémère et pourtant bien là. Baricco s'attarde autant sur les mots que sur les sentiments et petit à petit nous fait découvrir ses personnages. Des personnages qui sont tous des naufragés de la vie, des personnages étranges et souvent complémentaires. Il y a cette fille qui a peur de tout, trop sensible, l'homme d'église qui la suit et dont les mots dépassent souvent sa pensée, ce peintre ancien portraitiste qui ne trouve pas le commencement de la mer, ce professeur qui lui en cherche la fin, cette femme que son mari a envoyé pour la guérir de son adultère, cet homme qui en a trop vu et les deux naufragés du radeaux (dont l'un est en fait l'homme qui en a trop vu). Et puis, il y a les enfants de la pension, êtres tout aussi étrange dont nous ne saurons pas grand chose mais qui ajoute une touche fantastique à l'ouvrage.

Et puis, il y a la mer. La mer ici est au cœur de tout, tout est mer. En grande amoureuse de celle-ci, je n'ai pu qu'apprécier son rôle. Un rôle particulier, à la fois bourreau, docteur, amie et ennemie. Une mer qui révèle et se révèle, un personnage à part entière. Elle est toujours là, bien présente, elle rythme les mots et les pages de l'auteur, elle plante le décors, même lorsqu'elle n'est pas réellement présente. Elle est Le personnage du roman, réellement.

Tout cela fait d'Océan Mer un roman merveilleux, un roman étrange et terriblement prenant. Toutes ces histoires qui semblent être si différentes et qui pourtant se croisent et s’entremêlent nous offre une vision plutôt philosophique de la vie en général. C'est beau, ça prend souvent aux tripes et ça nous emmène ailleurs, dans un monde qui est là sans l'être, une pension irréelle qui ne tient qu'à un fil. C'est un vrai coup de cœur pour moi, à bien des égards.

"Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre"
"Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte : le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir… Toute cette infinitude n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'éteins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit."


L'Île Mystérieuse, Jules Verne

Pour mon anniversaire, Chéri m'a offert un Kindle WhitePaper (dans l'idée que comme ça j’achèterais moins de livre papier... On y croit, Chéri). Je commence à bien m'y faire, même si je dois vider ma PAL sur l'ibook avant de m'en servir comme il faut. Pour le premier livre, j'ai choisi un classique, un Jules Verne. D'ailleurs, question, est-ce que cela interesserait que je fasse une petite review sur le Kindle ?

L'Île Mystérieuse, Jules Verne

Editeur : Editions Ebooks libres et gratuits
Collection : /
Année de parution : 2014
format : AZW

A lire si :
- Vous voulez de l'aventure
- Vous voulez une île déserte

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas quand ça traine un peu en longueur
- Vous n'aimez pas les huis-clos

Présentation de l'éditeur : 

L'Île mystérieuse raconte l'histoire de cinq personnages : l'ingénieur Cyrus Smith, son domestique Nab, le journaliste Gédéon Spilett, le marin Pencroff et l'adolescent Harbert. Pour échapper au siège de Richmond pendant la guerre de Sécession, ils décident de fuir à l'aide d'un ballon, mais échouent sur une île déserte qu'ils baptiseront l'île Lincoln. Après avoir mené une exploration de l'île, ils s'y installent en colons mais quelque chose semble veiller sur eux : qui ? quoi ? comment ? et pourquoi ? Comment vont-ils survivre entre la vie sauvage et les personnes qui les entourent.

Mon avis

Mon dernier Verne date de deux ans presque pile poil. Je trouve ça amusant comme coïncidence. Enfin, il était temps que j'en lise un nouveau, ce n'est pas comme ça que je vais réussir à rattraper mon retard sur l'auteur. Pourquoi ai-je choisi celui-ci ? A vrai dire, je ne sais pas trop. Surement parce que c'était le premier à sortir sur dans la recherche (comme quoi parfois, il n'en faut pas beaucoup). Surtout que la quatrième de couverture chez amazon n'a rien de bien explicite... 

Tout commence avec le naufrage d'un ballon sur une île en plein milieu du pacifique. Les occupants du dit ballon se retrouve donc livrer à eux-même dans un endroit désertique sans la moindre ressource. Les cinq hommes ont tout à faire pour survivre et il semble que quelque chose ou quelqu'un compte bien les aider. 

Je dois dire que je m'attendais peut-être à autre chose avec cette Île Mystérieuse. Peut-être plus d'aventure, moins de science, moins de lenteur aussi. Et puis des personnages moins parfait aussi. Pourtant, la lecture de ce roman est fluide, on avance tranquillement, sans le moindre problème malgré quelques passages qui peuvent paraître un peu vieillot (le livre date tout de même de 1875). Divisé en trois parties, on y suit d'abord l'acclimatation des naufragés et leur découverte de l'île, puis l'arrivée d'un sixième colon et enfin la dernière partie, où nos amis vont être confronté aux pires catastrophes. Tout s’enchaîne parfaitement, peut-être un peu trop dans certains cas.

Si j'ai beaucoup aimé la lutte contre la nature, j'ai moins apprécié que Cyrus Smith semble tout savoir. L'ingénieur arrive tout de même à faire du feu à partir de pas grand chose, un moulin à vent, du verre, de la poterie, des munitions, des vêtements, un télégraphe et j'en passe sans le moindre problème. Du coup, dès qu'un naufragé pense à une chose qu'il peut manquer, Cyrus la crée à partir de pas grand chose. Ca devient lassant même si les explications, elles, sont intéressantes. De même, les colons trouvent toujours ce qu'il leur faut. En fait, les personnages, tous les personnages, sont trop parfaits, trop forts, trop bons. C'est vraiment un des points qui m'a posé problème dans ma lecture. Et c'est bien dommage, puisque tout le reste est plutôt bon. 

Verne nous offre une jolie robinsonnade (de Robinson Crusoé donc), avec des thèmes plutôt sympathiques (en vrac, la recherche de la liberté, la survie, la rédemption...). Malgré quelques longueurs (sérieux, quatre mois pour se débarrasser de six pirates, surtout quand on voit la fin...), cette manie qu'à Cyrus Smith de réussir tout ce qu'il entreprend et l'aide providentielle venue dont ne sait trop où, le roman est plutôt bon. J'ai d'ailleurs apprécié que certains éléments viennent d'autres livres de Verne, dont Vingt mille lieux sous les mers. Un autre roman de l'auteur est d'ailleurs rattaché à l'Île Mystèrieuse, les Enfants du Capitaine Grant (surement le prochain que je lirais d'ailleurs).

Au final, je sors donc de cette lecture un peu déçue, surtout par rapport avec ce que j'avais lu sur Vingt mille lieux. J'ai aimé beaucoup de chose mais j'ai eu du mal avec les personnages. Et dans un huis-clos comme celui-ci, c'est légérement embêtant, nous sommes d'accord. Il n'en reste pas moins que les livres de Verne sont passionnants à plus d'un titre, surtout pour leur aspect démocratisation de la science (malgré des approximations) et grandes aventures à l'autre bout du monde. 


samedi 19 mars 2016

Le Trône de Jade, Téméraire, Tome 2, Naomi Novik

Second livre fini durant la semaine du ski, le tome 2 de la série de Naomi Novik qui me conforte dans l'idée que je vais devoir la finir. Je suis sous le charme de Téméraire et Laurence.

Le Trône de Jade, Téméraire, Tome 2, Naomi Novik

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2010
Titre en VO : Temeraire, book 2: Throne of Jade
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 512

A lire si  :
- Vous voulez un long voyage en mer
- Vous voulez découvrir un peu plus le monde de Novik
- Vous voulez une belle amitié

A ne pas lire si :
- Les longs voyages en mer vous ennuie

Présentation de l'éditeur :

Lorsque les Anglais ont intercepté un navire français et son précieux chargement, un œuf de dragon, Will Laurence, capitaine de la Royal Navy, est devenu le maître du dragon nouveau-né qu'il a baptisé Téméraire. A présent, l'empereur de Chine vient de découvrir que le dragon Impérial qu'il avait envoyé à Napoléon en guise de cadeau est tombé aux mains des Anglais. Une délégation chinoise en colère réclame l'animal. Laurence refuse de coopérer et de rendre le coéquipier dont il n'imagine pas pouvoir se séparer. Mais devant le risque d'être condamné à mort pour désobéissance, il est bien obligé d'accompagner Téméraire en Asie. Commence alors un long voyage semé d'embûches, de dangers, d'intrigues et de terreurs sans nom, qui ne fera que renforcer l'amitié indéfectible qui lie Will et Téméraire.

Mon avis

On avait laissé Laurence et Téméraire juste après la bataille de Douvres et surtout dans de fort mauvaises dispositions. Les chinois venaient réclamer le jeune dragon qui n'était pas destiné aux anglais. On reprend juste après, avec un Laurence assez en colère, séparé de son dragon et prêt à tout pour ne pas que cela continue. Le gouvernement étant inflexible, ils vont partir avec leur équipage pour la chine à bord de l'Allegeance, un transporteur sous le commandement de Riley, ancien second de Laurence lorsqu'il était dans la Navy. Bien entendu le voyage, qui dure sept mois, n'est pas de tout repos, tout comme l'arrivée en chine.

Ce tome est assez étrange, dans le fait qu'il semble vraiment être un tome de transition. Si tôt dans une série si longue, ça peut paraitre étrange. Mais en même temps, c'est dans la continuité du tome un. On se rappelle que Laurence a "gagné" Téméraire lors d'un abordage et que celui-ci était destiné à un autre. D'ailleurs, on pouvait se poser la question du pourquoi Bonaparte, alors que les chinois n'en ont cure. Et bien, nous allons l'apprendre ici, tout comme nous allons découvrir la Chine et ses dragons.

Si j'avoue que la traversée jusqu'à la Chine m'a paru très longue (elle prend presque deux tiers du roman), elle n'en est pas moins mouvementée. Entre une délégation chinoise qui ne se mêle à personne, des marins et des corps qui se font la gueguerre, des tentatives d'assassinat ou d'intimidation contre Laurence, les intempéries et les attaques, on ne s'ennuie finalement pas beaucoup. Je déplore juste qu'on ne voit pas plus la vie à bord du navire, vu que l'on reste sur le point de vue de Laurence. D'ailleurs, je reste étonnée que cela ne le perturbe pas vraiment, lui l'ancien de la Navy. Son amitié avec Téméraire le pousse à oublier cette vie là. Quant à la vie en Chine, on découvre tout autre chose pour les dragons qu'en Angleterre et le contraste est particulièrement saisissant. 

Au niveau des personnages, Will Laurence et Téméraire me plaisent toujours autant. Surtout Téméraire, qui en grandissant semble devenir assez révolutionnaire. Il se pose beaucoup de question sur la condition des dragons en Angleterre, encore plus après avoir vu un négrier ou encore la condition de vie des dragons chinois. Téméraire réfléchit, cherche des solutions. Laurence, lui, fait très papa poule dans ce tome. On le comprend assez, mais j'aurais parfois voulu qu'il soit un peu plus "Corps". Parfois, il est trop à cheval sur ses principes. Granby gagne du galon dans l'histoire. Il reste le seul membre de l'équipage avec Roland, a évolué. Quant aux chinois, je dois avouer qu'ils m'ont beaucoup intrigués, surement parce qu'ils intriguent aussi les deux héros et que l'on en sait très peu sur eux jusqu'à l'arrivée dans leur pays. 

Outre l'aventure en elle-même, j'ai  beaucoup apprécié les idées véhiculés par Téméraire. Le jeune dragon ouvre les yeux sur le monde et ce qu'il voit ne lui plait pas des masses. Pourtant, au lieu de se complaire dans le luxe chinois, ou de simplement fermer les yeux, il décide de tout mettre en oeuvre pour arranger les choses, à sa manière. Novik utilise son personnage pour une bonne cause, dénonçant l'esclavage, le manque d'éducation, la pauvreté et les trop gros écarts sociaux. J'ai beaucoup aimé les discutions sur tout cela entre les deux héros, surtout lorsque Laurence ne sait pas quoi répondre pour ne pas perdre son ami alors qu'en réalité, même en disant la vérité, cela n'arrivera pas. J'espère que ce genre de discussion continuera entre eux.

Au final, j'ai donc apprécié ce second tome qui me fait dire que je vais vraiment continuer cette série. Je suis plus que fan de Téméraire et Laurence, dont j'apprécie tellement l'amitié sans borne. Et puis, Téméraire quoi. Je veux le même à la maison.

L'Elixir D'Oubli, Le Paris des Merveilles, Tome 2, Pierre Pevel

Je reviens à peine de ma semaine à la montagne sans internet que me revoilà déjà ici pour poster les avis des deux livres finis là-bas. On commence donc avec Pevel et le tome deux de son Paris des Merveilles, une série que j'aime vraiment beaucoup beaucoup

L'Elixir D'Oubli, Le Paris des Merveilles, Tome 2, Pierre Pevel

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si : 
- Vous voulez un Paris des années 1909 à la touche féerique
- Vous voulez des personnages attachants et hauts en couleur
- Vous voulez une enquête entraînante 

A ne pas lire si ;
- Vous voulez voir plus de fée et autres créatures magiques
- Vous aimez qu'on vous donne toutes les pièces rapidement

Présentation de l'éditeur

Quelques mois après l'épilogue des Enchantements d'Ambremer, notre mage préféré va se voir confronté de nouveaux à un tourbillons d'événements tous plus incompréhensibles les uns que les autres. Cela commence par l'état de santé détérioré d'Edmond Falissière, historien et meilleur ami de Griffont, qui doit partir en Auvergne faire une cure. Puis par la découverte d'une colonie de minimets inconnue en plein coeur de ce Paris de la Belle Époque. Et enfin par la présence d'un mage noir, Giacomo Nero dont tout le monde semble avoir peur …On découvrira également ce qu'il advint très secrètement dans le royaume de France durant l'hiver 1750, on fera également connaissance avec un mystérieux personnage, le Lys pourpre, d'une baronne de Saint-Gil et d'un chevalier de Castelgriffe ...

Mon avis

J’avais beaucoup aimé le premier tome du Paris des Merveilles, me plongeant dans un Paris du début XX siècle à l’ambiance féérique. Ce second tome me confirme que j’aime beaucoup beaucoup la série, ce qui n’est pas non plus étonnant avec monsieur Pevel. Entre son univers et ses personnages, il ne peut en être autrement pour moi.

L’histoire commence avec une communauté de minimets (pour ceux de ma génération, ce sont des mini-pouces), et plus particulièrement avec l’une d’eux qui contre les lois de son peuple, va régulièrement rentre visite à un Grand. Sauf que lors de l’une d’elle, elle se fait empoisonner et le Grand, tuer. Les minimets vont faire appel à Griffont qui leur a rendu service pour sauver la jeune fille. Commence alors une nouvelle aventure pour lui et pour la baronne de Saint Gil, jamais très loin. Rapidement, le tout va prendre une tournure dramatique et va nous faire aussi remonter dans le passé, à l’époque où le couple s’est rencontré pour la première fois.

Encore une fois, l’enquête de nos deux amis va nous entrainer dans les méandres de ce Paris merveilleux. Comme pour le tome un, on se demande toujours où Pierre Pevel veut nous emmener. Il y a toujours cette impression de partir en tout sens, ce qui est totalement faux. Rien n’est laissé au hasard. Et je dois bien dire que voir une aventure se déroulait sur autant de temps et assez impressionnant. Tout est là pour une bonne raison. C’est vraiment super sympathique à lire. Sans parler des deux moments où le lecteur va grandement frissonner pour les deux héros.

En parlant d’eux, ils sont toujours aussi intéressants. Je suis plus que fan de Griffont et Isabel, surtout lorsqu’ils sont ensembles et se prennent la tête. Leur petit couple me fait régulièrement sourire voire même rire. J’aime les voir se prendre la tête, se vanner et puis se rabibocher. Leur alchimie fonctionne parfaitement. Je crois qu’ils sont en train de devenir mon couple préféré en fantastique, vraiment. Quant aux autres personnages, ils ne sont pas en reste. Farroux a pris du grade mais se laisse toujours autant avoir par Isabel et Griffont, Auguste et Lucien sont égaux à eux-même et les petits nouveaux, que se soit dans la partie présente ou passée sont tous aussi intéressants les un que les autres.

Et puis, il y a toujours l’humour de Pierre Pevel qui contrebalance une aventure assez noire au final. J’apprécie toujours autant qu’il parle aux lecteurs, nous donnant parfois des informations en plus par rapport à ce que Griffont ou Isabel vont découvrir. Le tout forme un divertissement haut en couleur, à l’image de son couple principal.

En conclusion, je suis toujours aussi administrative de l’univers et j’apprécie de plus en plus la série. Quel dommage qu’elle ne soit que sur trois tomes et qu’il ne m’en reste plus qu’un à lire.

vendredi 11 mars 2016

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Depuis ma découverte de Virginia Woolf, je fais en sorte de mettre tous ses livres dans ma bibliothèque. Dire que j'apprécie ce qu'elle écrit est un doux euphémisme tant je suis éblouie par sa prose. 

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Editeur : Le Bruit du Temps
Collection : /
Année de parution : 2010
Titre en VO : Flush : a biography
Année de parution en VO : 1933
Nombre de pages : 194

A lire si :
- Vous aimez la prose de Virginia
- Vous voulez la biographie d'un chien

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à beaucoup de dialogue (ça n'a jamais été le fort de Virginia Woolf en plus)
- Vous voulez vous concentrer seulement sur le chien

Présentation de l'éditeur : 

C'était le paysage humain qui l'émouvait. II semble que la Beauté, pour toucher les sens de Flush, dût être condensée d'abord, puis insufflée, poudre verte ou violette, par une seringue céleste, dans les profondeurs veloutées de ses narines ; et son extase, alors, ne s'exprimait pas en mots, mais en silencieuse adoration. Où Mrs. Browning voyait, Flush sentait ; il flairait quand elle eût écrit.

Mon avis

Flush fut écrit juste après les Vagues, un roman plutôt éprouvant pour son autrice. C'était alors une sorte de distraction, mais aussi une manière de rendre hommage à un ami disparu, Lytton Strachey. Étrangement, ce petit roman n'est pas très connu en France où il ne fut édité que deux fois, la première en 1935 et la seconde en 2010. Oui, ça craint un peu car s'il n'a pas la grandeur des Vagues par exemple, il n'en est pas moins bon. 

Pour ce texte, Virginia Woolf s'est penché sur la vie de Flush, un cocker. Pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui d'Elizabeth Barret-Browning, grande poétesse anglaise qui défraya la chronique en son temps en s’enfuyant en Italie après son mariage secret. Barret-Browning n'est heureusement pas connu que pour cela, elle fut une grande autrice reconnue par tous. D'ailleurs, avouons que malgré Flush en sujet principal, c'est surtout d'elle qu'il est finalement question. Après tout, quoi de mieux que l'animal de compagnie, celui toujours présent, pour dresser un portrait du propriétaire ? C'est une approche que peu ose et que Virginia Woolf réussit avec l'art qu'on lui connait. Non contente de narrer la vie de la poétesse, elle va aussi nous décrire les émotions de Flush (presque humaine) et son approche des odeurs m'a beaucoup plu. Le tout avec humour, comme elle sait si souvent le faire mais qui parfois pourrait passer un peu inaperçu.

C'est un petit roman dense que cette biographie de Flush. Dense parce que la vie de Barret-Browning l'a était, mais surtout parce que Virginia écrit comme elle le fait d'habitude, c'est à dire avec le flux de pensée en arrière plan. Cette façon d'écrire peu en perturber certain, je dois avouer que je l'apprécie pour ma part énormément, cela permet de découvrir toujours plus de chose, importante ou non sur la vie des personnages ou l'époque. Oui, parfois, on se demande où elle veut en venir, mais jamais ce n'est anodin finalement. Régulièrement, Woolf utilise les mots même d'Elizabeth, ce qui donne une autre dimension à la biographie, nous offrant alors une certaine vision de la poétesse et tourne alors plus à la biographie de l'autrice que de son chien. On y découvre une femme passionnante sur laquelle il faudra que je me penche un peu plus.

Mais surtout, Flush, c'est beaucoup d'émotion, de sensualité aussi. Je crois que jusqu'ici, Virginia n'avait pas autant fait parler les émotions, les sens. C'est toujours fait avec une certaine pudeur, sans en faire trop. Mais quel plaisir de lire ce que peut ressentir ce cocker lorsqu'il découvre les rues, les gens, l'amour ou encore la colère, la peur... Virginia en profite aussi pour se pencher sur le problème de compréhension dut au langage entre l'homme et le chien, un problème qui peut se résoudre grâce à certain acte de l'un ou de l'autre. L'amitié qui s'épanouit entre Elizabeth et Flush est une amitié sincère, pure qui ne semble pas souffrir des faux semblants. Et puis, il y a l'humour, toujours présent, par petite touche, comme le premier paragraphe où elle se pose la question de l'origine du mot "épagneul". 

Au final, Flush est une oeuvre agréable, un bel exemple de l'art de Virginia Woolf. Je trouve réellement dommage qu'elle ne soit pas plus connue en France.

mardi 8 mars 2016

Les Feux de Mortifice, Les Pirates de l'Escroc-Griffe, tome 2, Jean Sébastien Guillermou

Je l'ai dis, j'ai beaucoup aimé le tome 1 de cette trilogie. J'ai tellement aimé, que chose rare chez moi, je suis rapidement lancé dans la lecture du tome 2. Et maintenant, je dois patienter gentiment jusqu'au 22 juin (putain c'est long quand même) pour avoir la suite des aventures de l'équipage de l'Escroc-Griffe.

Les Feux de Mortifice, Les Pirates de l'Escroc-Griffe, tome 2, Jean Sébastien Guillermou


Editeur : Bragelonne
Collection : Snark
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de l'aventure
- Vous voulez un monde plein de mystère
- Vous voulez des personnages principaux vraiment très sympa

A ne pas lire si :
- Vous voulez des pirates sanguinaires
- Vous voulez un livre qui prend son temps

Présentation de l'éditeur 


L’équipage de L'Escroc-Griffe a réussi. Ils ont récupéré les Cylindres chenis et ont bravé les dangers des Terres Interdites. Toutefois, ils n'en sont pas ressortis indemnes, et un traître se cache dans les rangs...
Caboche lui-même a changé : devenu lymphogateur, il est hanté par le déclin de Sol, qu'il a vu mourir dans une vision. Pourtant, personne ne le prend au sérieux, et Bretelle n'a qu'une idée en tête : vendre les Cylindres et changer de vie. En dépit des nombreuses protestations et mises en garde, les pirates font cap vers Trafic, l'île du troc. Cependant, l'échange risque de mettre en jeu bien plus que ce qu'ils avaient prévu, peut-être même leur vie...

Mon avis


Il va être dur de ne pas spoiler sur ce tome. Très dur. Je vais essayer, je dis bien essayer parce que je pense que je ne vais pas forcément y arriver. Pour ceux qui ne veulent pas l'être, je mettrais un gros SPOIL si jamais ça arrive. Bon il faut dire que dès le départ, on se prend une bonne grosse révélation dans la tête (bien foutu en plus, je m'y attendais pas) et qu'un certain événement va tout de même carrément changer la donne dans l'histoire. Je crois que jusque maintenant, je n'avais pas eu à faire une chronique sur un tome dans ce genre-là. Même le Trone de Fer, c'est plus prévisible et plus simple de ne pas trop poiler.

Pour faire un résumé rapide, nos pirates ayant réussi à récupérer les cylindres chénis, Bretelle décide de se rendre sur l'île de Trafic afin de réussir à les enlever de la coque de l'Escroc-Griffe puis de les vendre si possible. Seul problème, il y a toujours un traître à bord (qui va donc se dénoncer ultra rapidement pour le coup) et le cardinal Vélin est au courant de ce qu'ils comptent faire. On se doute bien que tout ne va donc pas être de tout repos pour l'équipage. Mais alors, vraiment pas...

Jean-Sébastien Guillermou a écrit là un second tome bien plus sombre que le premier. Il faut dire que dès le premier quart du livre, plusieurs événements (SPOIL (passez la souris par dessus pour pouvoir lire) : Goowan va partir pour se retrouver fort loin de ses amis et assumer son destin, la Belle Lilli sera faite prisonnière par l'Amiral Fantome, et le pire du pire du pire, Caboche va mourir suite à l'attaque du Solennel pour sauver la Belle Lilli (carrément, oui) FIN DU SPOIL) se produisent qui vont être assez dur à vivre pour tous. La troupe se retrouve dans un sale état et divisée tandis que le capitaine semble tomber dans la folie. En plus de ça, la dite folie du capitaine va entraîner l'Escroc-Griffe sur les rives du Thanos, fleuve mythique ressemblant beaucoup au Styx de la mythologie grecque. L'aventure est périlleuse et elle va déboucher sur une autre aventure qui semble l'être tout autant, à savoir la destruction de Vélin. C'est donc entre mythologie et grande bataille navale que nous allons suivre le fameux navire pirate. On ne s'ennuie toujours pas, c'est toujours autant bourré d'action et de péripétie mais en même temps, c'est plus lent à se mettre en place que dans le tome un. Je dirais qu'au niveau action, le lecteur a un peu plus le temps de se reposer, ce qui n'est pas le cas réellement, vu tout ce qu'il se passe.

Encore une fois, je suis émerveillée par l'univers qu'a mis en place l'auteur. On retrouve toujours sa mythologie propre avec ce petit mélange bien sympa avec une qui nous est plus familière. Tout le passage sur le Thanos est réellement impressionnant (et il prend pas mal de place). On découvre plein de nouvelles choses, et certaines réponses nous sont donnés. D'autres questions arrivent à leur tour, nous entrainant toujours plus loin dans la découverte des chénis, de leur héritage et surtout de leur intention. Car bien que leur peuple soit mort depuis un moment, ils semblent tout de même bien présent. On les sent derrière chaque action des protagonistes et antagonistes sans le moindre problème. Tout évolue vite jusqu'à la grande bataille navale. Sans parler de ce qu'il se passe par la suite. Quant à la fin, elle n'augure que du bon pour la suite. D'ailleurs, j'ai eu l'impression d'avoir deux fins dans ce tome. La fin de l'aventure contre Vélin et la fin du tome elle-même annonçant le tome trois.  J'ai apprécié ce découpage, c'est à dire de ne pas résumé ce second tome aux pirates contre la tyrannie. Les derniers chapitres sont dans la continuité tout en annonçant une nouvelle ère. C'est bien plus sympathique que de tout redécouvrir sur un troisième tome qui du coup aurait risqué de paraitre un peu hors-sujet (je sens que je ne suis pas claire, tant pis).

Les personnages évoluent eux-aussi. Plus j'avançais dans l'histoire, plus j'avais l'impression de faire partie de leur famille, car l'équipage de l'Escroc-Griffe est bel et bien une famille. Ils évoluent tous, d'une manière ou d'une autre. Et surtout, leurs félures m'ont paru très réaliste. Bretelle m'a particulièrement émue, Goowan aussi. J'avoue que même le personnage que j'appréciais le moins, à savoir Syco, m'a beaucoup surprise. Quant aux petits nouveaux (que j'espère on reverra dans le troisième tome), on apprend vite à en apprécier certains. Il en va de même pour les "méchants". D'ailleurs, j'espère qu'on reverra l'Amiral-Fantôme à un moment donné.

Au final, me voilà encore une fois ravie de ma lecture. Les Pirates de L'Escroc-Griffe est définitivement pour moi une bonne saga malgré quelques défauts qui passent finalement un peu inaperçu tant j'ai été dans le livre (d'ailleurs, ce tome a moins de défauts que le premier pour moi, il me semble un peu plus réfléchis (je ne sais pas si c'est le bon mot, mais je ne vois pas comment le dire autrement)). J'ai vraiment hâte d'être en juin pour découvrir le dernier tome.




lundi 7 mars 2016

Le Sentier des Dagues, La Roue du Temps, tome 15, Robert Jordan

L'annuelle lecture d'un tome de la Roue du Temps arrive un peu plus tard que d'habitude (normalement, c'est fin janvier/début février). Je suis toujours un peu en avance sur la publication des intégrales chez Bragelonne (ce qui fait que je risque encore une fois de ne lire qu'un tome cette année). 

/!\ Comme toujours, ça va spoiler à tout va.

Le Sentier des Dagues, La Roue du Temps, tome 15, Robert Jordan

Editeur : France Loisir
Collection : Fantasy
Année de parution : 2008
Titre en Vo : The Path of Daggers
Année de parution en Vo : 1998
Nombre de pages : 436

A lire si :
-Vous avez aimé les premiers tomes
- Vous voulez du mystère, des complots, de la magie...

A ne pas lire si
- Vous ne voulez pas de livre initiatique
- Vous n'aimez pas que les personnages soient dispersés dans le monde

Présentation de l'éditeur : 

Elayne, Nynaeve et Aviendha s'acheminent vers Caemlyn où Elayne doit réclamer le Trône du Lion. Mais la route est longue. Elles découvrent les pouvoirs de la Coupe des Vents juste avant une violente attaque des Seanchan. Cependant leur ennemi le plus redoutable n'est pas celui qu'elles imaginent... Des millions de lecteurs suivent les aventures de Rand al'Thor et des Aes Sedai.

Mon avis

Je ne le répéterais jamais assez, lorsque je chronique un tome de la Roue du Temps, je spoile. Pire, je spoile même parfois sur les tomes suivants, vu que c'est une relecture. Donc, vraiment, si vous ne connaissez pas la série et que vous avez envie de la découvrir, ou même que vous êtes en train de lire et que vous en êtes au même niveau que moi, ne lisez pas mon avis.

L'année dernière, je lisais donc Les Lances de Feu qui correspond à la second partie d'Une Couronne d'Epées. Je commence donc un nouveau tome divisé en deux par les vieux éditeurs. Pour une fois, je ne parlerais pas de cette manie qui m'horripile. Même si elle m'horripile encore plus sur ce tome... La raison ? Le tome se concentre sur Elayne, Nynaeve et Aviendha d'abord, puis sur Perrin, et vous connaissez tous mon désamour de Perrin. Pourtant malgré le fait qu'il mette en scène des personnages que je n'apprécie pas forcément ou des personnages qui pour le coup me semblent bien couillons (Nynaeve que j'adore mais qui perd toute intelligence depuis qu'elle a épousé Lan), c'est un tome qui a son importance pour la suite. 

Un petit résumé ? Elayne, Nyneave et Aviendha partent d'Ebou Dar par un portail, amenant avec elles les femmes de la Famille, quelques Aes Sedai, les femmes du Peuple de la Mer ainsi qu'une Aes Sedai noire. Toutes se rendent dans une ferme de la Famille afin de pouvoir utiliser la Coupe des Vents pour remettre le climat à sa place. Elles forment un cercle qui va activer tout cela. Mais qu'elle n'est pas leur surprise lorsqu'au milieu des fils de Saidar, il y a aussi des colonnes de Saidin, la partie mâle de la source. Mais elles n'ont pas le temps de se poser de question, les Seanchans débarquent. Elles doivent toutes fuir par un nouveau portail, cette fois, vers l'Andor (et cela prend donc la moitié du roman). Puis, nous passons à Perrin, qui lui est en Ghealdan où il doit rencontrer la reine Alliandre. Et là, rebelote, on passe la seconde moitié du roman à attendre la dite Alliandre tout en supportant les états d'âme amoureux de Perrin et de Faile... 

La première partie est plutôt intéressante, surtout par rapport à la seconde. Déjà à cause des guegueres entres les Aes Sedai, les femme de la Famille et celles du Peuple de la Mer. J'adore voir comment ces trois groupes interagissent entre eux. De plus, ça donne des scènes franchement drôles. Ensuite, à cause de la Coupe des Vents. Son utilisation n'est pas simple, surtout lorsque le cercle est composée de femmes ne pouvant pas vraiment se voir. Mais surtout, on découvre l'un des premiers ter'angreal usant à la fois de la partie féminine et masculine dans l'histoire. Mieux encore, s'il est activé uniquement par des femmes, il utilise apparemment de lui-même le saidin. Et sa puissance est telle qu'il va être détecter par à peu près tous ce qui utilisent le pouvoir dans le monde...  Rien que ça, oui. Pour quel effet ? Et bien, un effet qui ne sera pas immédiat mais qui aura bien sûr des répercutions. En fait, le seul problème de cette partie, ce sont les personnages principaux, Nyneave (qui devient crétine dès que Lan est à côté d'elle (quoique même quand il est loin)), Aviendha (qui elle se sent faible et honteuse face à Elayne) et Elayne (qui fait sa Fille-Héritière). Toutes les trois m'ont parues légèrement déplacée surtout par rapport aux autres femmes qui les entourent. Et c'est bien la première fois que ça m'arrive. 

La seconde partie est ennuyeuse. Il n'y a pas d'autres mots et pas seulement à cause de Perrin. Il ne se passe rien si ce n'est l'arrivée de Morgase et de sa petite troupe dans le camp de Perrin. Morgase qui commence une nouvelle vie en tant que Maighdin et qui essaie tant bien que mal d'oublier qu'elle a été reine un jour. Dans cette partie, nous sommes dans l'attente. Attente d'Alliandre, attente d'action, attente de "vivement que je retrouve Mat ou Rand". Pour combler tout cela, Jordan ne trouve rien de mieux que d'exposer les problèmes de couple de Perrin et Faile. Et comment dire... Je n'y arrive toujours pas. Dès que Jordan m'est en scène un couple marié, c'est juste la catastrophe pour moi. Je me demande encore comment il arrive à rendre des personnages qui pourraient être sympa aussi niais. Heureusement, un dernier chapitre mettant en scène Sevanna et les Shaidos remontent le tout.

Au final, même si j'aime plus que tout cette série, ce tome a été en demi-teinte. Il possède beaucoup de bon, mais aussi tout ce que je n'aime pas dans la Roue du Temps. C'est lent, les personnages sont parfois (souvent dans la seconde partie). Ce qui est bien dommage vu que la première partie est importante dans le récit. C'est peut-être aussi l'effet milieu de série qui veut ça (en VO, c'est le tome 8 sur 14). Heureusement, les tomes suivants devraient être à nouveau bien sympathiques.