dimanche 22 novembre 2015

Elementale, La Balance Brisée, tome 3, Lise Syven

J'ai passé ma journée de samedi à lire. Enfin, pas vraiment, j'ai tout de même fais le ménage en grand à la maison avant. Et puis, j'ai pris mon livre, déjà bien entamé vendredi soir, et j'ai lu. Il faut dire que les tomes de la Balance Brisée sont additifs.

Elementale, La Balance Brisée, tome 3, Lise Syven

Editeur : Caselmore
Collection : /
Année de parution : 2015
Nombre de pages : 480

A lire si :
- Vous avez aimé les deux premiers tomes
- Vous voulez de la magie
- Vous voulez une héroïne presque comme vous

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditeur :

Pour Élie, enfin tout va bien, ou presque ! Elle aimerait bien se rapprocher de Max et surtout continuer sa petite vie sans se soucier de la Balance Brisée. Mais rien ne va plus depuis qu’un homme chauve-souris a survolé la ville et que Mirza n’a toujours pas réapparu. Et le pire reste à venir… Lorsqu’un attentat survient dans l’hôtel de Vyerne, Élie comprend vite que sa famille et ses amis sont de nouveau en danger !

Mon avis

Suite à ce qu'il a pu se passer dans Phénoménale, Elie, sa famille et ses amis ont repris leur petite vie tranquille, ou presque, puisque pour elle, rien n'est vraiment très simple. Nous la retrouvons donc en mars, à quelques mois du brevet. Tout semble donc presque allait pour elle, si ce n'est un garou chauve-souris qui survolent la ville chaque nuit et le fait que Max sorte à nouveau avec Laura. Et puis, la Balance Brisée se rappelle à elle et à son frère de la plus horrible des manières. Elie assiste à l'assassinat d'un magister dans un attentat. Alors qu'elle et Karl commence à enquêter, c'est Fatou qui disparait. Elie est à présent prête à tout pour arrêter Lino Ravanne (déjà rencontré dans Phénoménale) et protéger ceux qu'elle aime.

Syven a commencé l'écriture de ce troisième tome un peu avant le 7 janvier, et par de fâcheuse circonstances, il sort à peine quelques jours après le 13 novembre. Elle s'était déjà attaqué avec brio aux thèmes du deuil (Subliminale), à celui ensuite du harcèlement scolaire (Phénoménale). Cette fois, elle s'attaque à celui des attentats et de la manipulation médiatique qui va avec. Alors, oui, c'est assez triste de le lire maintenant, à cause du Vendredi 13. Mais elle le traite de manière à ce que le lecteur, surtout le jeune lecteur, puisse peut-être mettre des mots sur ce qu'il ressent suite aux deux attentats qui nous ont touché cette année. Mais je crois que celle qui en parle le mieux, c'est encore l'auteure avec l'article qu'elle a posté sur son blog. De mon côté, je crois que c'est surtout sur le côté très médiatisé des attentats ainsi que sur les manipulations dont nous sommes finalement victime suite aux attentats, et cela d'un côté comme de l'autre, que j'ai trouvé particulièrement bien fait, et surtout bien expliqué pour des ados.

A côté de ça, Syven n'a pas voulu non plus faire un livre triste d'un bout à l'autre. Il y a beaucoup de moment drôle ou doux dans ce livre. Déjà avec le personnage de Mirza, toujours aussi géniale. Cette vouivre est un condensé de bonne humour. Sans parler qu'une fois de plus, elle va avoir un rôle important dans l'histoire. Ou encore entre Elie et Max, qui se retrouve enfin dans ce tome (et que c'est drôlement mignon). Les scènes de vie chez les Sallenz sont toujours terriblement vivantes aussi et drôle. Tout ces moments-là font aussi la force du livre et d'Elie. C'est toujours très agréable d'avoir ces instants-là dans la tourmente dans laquelle se plongent la jeune fille, son frère et leurs amis. C'est, je trouve, ce qui fait la force de la série. Dans un monde où la magie existe, où Elie doit affronter des mages puissants et retors, il y a aussi tout ce que la vie courante et normale amène comme peine et joie. La magie n'empiète pas sur cela, ce qui rend les personnages plus vivants, plus "nous".

D'ailleurs, revenons un peu sur les personnages, et plus particulièrement sur un, Fatou. Il me semble l'avoir dit, Fatou est un personnage que j'adore. Meilleure amie d'Elie, presque toujours joyeuse, elle est le pilier de la jeune fille. Mais cette fois, elle est surtout en danger. On découvre enfin Fatou en tant que mage élémentale, et je dois dire qu'elle m'impressionne de plus en plus. Si Enola m'avait paru complexe, Fatou l'est encore plus et je suis ravie que l'auteure se soit enfin un peu plus penchée sur elle. Comme elle se penche un peu plus sur Max et sa relation avec Elie. Une relation très particulière entre tous les deux, amoureux l'un de l'autre mais avec tellement de difficulté entre eux, dut à leur magie et leurs familles respectives qu'ils galèrent vraiment pour être ensemble. J'ai aussi aimé voir l'amitié entre Enola et Elie grandir. Et tout cela sans parler de Karin, le seul humain de la famille Sallenz, tellement normal dans tout cela qu'il devient le point d'ancrage de toute la famille dans la réalité. 

Au final, c'est une nouvelle fois un très bon tome. Syven a ce petit truc pour parler aux jeunes (et au moins jeunes d'ailleurs) des problèmes qu'ils peuvent rencontrer sans en faire trop, avec des mots et situations qu'ils peuvent comprendre, le tout en restant positive. Le mélange magie et monde "normal" fonctionne toujours aussi bien. 

Mon seul regret pour ce tome ? C'est le dernier de la série. Et franchement, j'en aurais voulu bien plus tant j'ai aimé lire la série. 



vendredi 20 novembre 2015

Quatre coeurs imparfait, Véronique Ovaldé et Véronique Dorey

J’enchaîne un peu les chroniques en ce moment, il faut dire que lire m’apaise beaucoup et que j'en ai bien besoin. Ce petit livre m'a fait de l’œil dès que je l'ai vu sur l'étagère de la librairie. Après l'avoir feuilleté, je me suis empressé de le prendre, tant j'ai trouvé belles les illustrations.

Quatre cœurs imparfait, Véronique Ovaldé et Véronique Dorey

Éditeur : Thierry Magnier
Collection : Adulte Littérature
Année de parution : 2015
Nombre de pages : 56

A lire si
- Vous voulez un conte un peu gothique, un peu cruel
- Vous aimez les illustrations un poil dérangeante
- Vous voulez une lecture rapide

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de développer

Présentation de l'éditeur :

Rosa Luisa avait eu trois sœurs. La plus jeune était folle, la deuxième était pute, la troisième était morte.

Mon avis

J'ai été attirée par la couverture de ce petit livre. Je crois même que si je n'avais pas pu le feuilleter pour voir l'intérieur, je l'aurais tout de même pris rien que pour elle. Il faut dire que cette illustration de Véronique Dorey a de quoi attirer l'attention, même si elle peut ne pas plaire. La quatrième de couverture, assez mystérieuse au final, aussi m'a plut. Elle laisse aller à l'imagination, sans finalement donner d'indication. J'ai donc plongé dans ce court texte (56 pages, dont une bonne partie sont des illustrations).

Véronique Ovaldé nous conte l'histoire de quatre sœurs à travers ce que peut en voir une petite fille, (fille de la sœur morte). Rosa Luisa est une vieille fille, toujours vierge, Mercedes est devenue prostituée, Pépina est déficiente mentale depuis la naissance quand à la dernière Maria Christina, elle est morte le jour de la naissance de sa fille.

Nous allons faire leur connaissance à toutes les trois, petit à petit. D'abord Maria Christina, la morte, puisqu'elle est la mère de la narratrice. Pepina, la folle, dans son asile, coupée du monde, qui vit dans son univers. Ensuite, nous découvrons à peine Mercedes, la pute, en passant devant les bordels de la ville. Et plus longuement nous nous attarderons sur Rosa Luisa et son amour de jeunesse pour finalement revenir vers Mercedes. 

Véronique Olvadé a pris le parti de transformer tout cela en un conte gothique. Elle nous parle ainsi des personnalités de la femme, celle qu'elle peut prendre finalement au cours d'une vie entière. Les quatre sœurs n'en forment finalement qu'une seule. C'est un portrait du féminin qui se dresse devant nous, un portait légèrement au formol et déformée par la vision de sa narratrice, une jeune enfant. Le tout est très poétique, avec parfois, quelques instants amusant (les parenthèses dans le récit le sont souvent), une vision qui n'est finalement pas qu'enfantine.

Le tout est parfaitement illustré par Véronique Dorey et ses crayonnées. Il y a dans ces illustrations quelque chose de dérangeant, les grosses têtes, les éléments gothique et macabres, un peu dans le style de Mark Ryden ou celui de Benjamin Lacombe. Il s'inspire aussi de l'amérique latine, celle dans laquelle se situe l'histoire. On passe sont temps à observer toutes les illustrations, traquer le petit détail. Forcément, elles ne peuvent pas plaire à tout le monde mais moi, elles me parlent, m'interpellent, finalement plus que l'histoire elle-même.  Elles me donnent envie d'en voir plus de leur auteure (Véronique Dorey, alias Ruby, est plus connue pour son travail de coloriste BD il me semble).

Au final, ce conte se lit très vite et pourtant, on passe beaucoup de temps dessus. Il me fait penser à tous ces contes gothiques que j'ai pu lire déjà mais avec une touche féminine qui lui va parfaitement. Je ne connaissais ni l'auteure ni l'illustratrice et j'ai bien envie d'en découvrir plus sur les deux.


Zombi, Joyce Carol Oates

J'aurais pu lire un truc joyeux, un Pratchett par exemple, mais pour tout dire, je n'étais pas vraiment dans l'état d'esprit qu'il fallait. Alors, j'ai pris un des livres un peu dur de ma PAL, un livre court aussi et je me suis plongée dedans. 

Zombi, Joyce Carol Oates

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO : Zombie
Année de parution en VO : 1995
Nombre de pages : 216

A lire si :
- Plongez dans la tête d'un psychopathe ne vous dérange pas
- idem pour les écritures un peu débridées, pas vraiment linéaire ni "normale"

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose d'assez classique dans la construction
- Vous ne voulez pas de violence

Présentation de l'éditeur :

Il pose bien un peu problème à son professeur de père, et à sa mère – qui l'adore – mais ni l'un ni l'autre ne croient une seconde à l'accusation d'agression sexuelle sur un mineur dont il est l'objet. Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la nature toujours plus positive de ses rêves et sa franchise à en discuter. Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit. Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l'auteur a pu trouver les mots pour l'écrire.

Mon avis

J'avoue que lorsque j'ai acheté le livre, je ne m'attendais pas vraiment à ce que j'ai lu. Disons que je m'attendais à quelque chose de plus classique dans l'écriture et la construction, de moins décousu aussi. Un truc à la Corps Exquis de Poppy Z. Brite en fait. Une plongée en enfer dans la tête d'un tueur, quelque chose de cruel, violent. Oui, on a bien ça, c'est violent, cruel et crue. Mais il a quelques détails qui m'ont fait tiquer.

Q... P..., le narrateur, a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour violence envers mineurs. Il est donc en mise à l'épreuve, doit voir des psychiatres, faire une thérapie de groupe et tout ce qui va avec. Cest un jeune homme de trente et un ans, perturbé mentalement, avec une terrible obsession. Q... P... rêve d'avoir son zombi, une créature qui ne vénérera que lui, à qui il pourra faire faire tout ce qu'il veut. Et pour cela, il est prêt à tout, jusqu'à enlever des jeunes hommes pour les lobotomiser (ce qui finit toujours par entraîner leur mort d'ailleurs). C'est d'ailleurs ce qu'il voulait faire avec cet ado noir, celui à cause de qui il s'est fait prendre. Mais il n'était pas le premier, et il ne sera pas le dernier.

Pour nous faire entrer dans la peau de Q... P..., Joyce Carol Oates en fait son narrateur et utilise une narration très chaotique. Utilisation des esperluettes (&), phrase bancale, certains mots écrit en MAJUSCULE, d'autre en italique. Le tout donnant donc cette impression d'être lui. Ou pas. J'ai trouvé ça trop forcé, en fait. Beaucoup trop. Du coup, j'ai perdu la "fraîcheur" de la narration. Ça passe bien durant les quelques premiers chapitres et puis, ça a finit par m'ennuyer. Surtout que c'est finalement assez répétitif. Que son obsession le soit, c'est normal. Mon problème c'est que tout semble l'être, les visites aux psy, les discutions avec la famille, la traque des victimes, l'opération pour en faire des zombis. Rapidement, on se doute de tout, de ce qu'il va se passer. Et le livre en devient ennuyeux. C'est bien dommage, parce qu'Oates aurait sûrement pu réussir à faire quelque chose de très bon avec son histoire. 

Elle aurait pu faire quelque chose de bon, et elle avait commencé à le faire. Égayer le livre avec des petits dessins (même si certains sont finalement angoissant), poser des moments de calme affranchissant comme ceux avec la grand-mère, expliquer un peu pourquoi cette obsession-là. Mais elle tombe trop souvent dans la facilité. Ce n'est pas le tout d'avoir un texte un peu original dans sa forme, il faut aussi que le fond suive. Et pour moi, ce n'est pas le cas ici.

Au final, ma lecture ne fut pas celle attendue. Je me suis ennuyée rapidement et heureusement pour moi, le livre est court. Les idées étaient bonnes, elles sont juste mal exploitées. C'est bien dommage. Je testerais pourtant bien un autre livre de l'auteure, pour me faire une meilleure idée.


jeudi 19 novembre 2015

Cercle Vicieux, Mike Carey

Cercle Vicieux fait partie de la fournée achetée durant l'opé 1000K de Bragelonne (il m'en reste encore plein à lire, faudrait peut-être que je les vide de la PAL avant de reprendre quelques epubs moi). J'ai dut le prendre à cause de sa quatrième, j'avoue je ne sais même plus. Et je pense même que sans l'opération de Bragelonne, je ne me serais jamais penchée dessus, ce qui aurait été bien dommage.

Cercle Vicieux, Mike Carey

Editeur : Bragelonne
Collection : 
Année de parution : 2013
Titre en VO : Felix Castor, book 2: Vicious Circle
Année de parution en VO : 2006
Format : epub

A lire si 
- Vous voulez un roman bien rythmé
- Vous voulez un héros qui ressemble plutôt à un antihéros

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les histoires d'exorciste à la Constantine

Présentation de l'éditeur :

Félix Castor est exorciste et détective privé. Son associée est un succube. Son meilleur ami est possédé. Son principal indic est un zombie. Pas étonnant qu'il veuille fermer boutique ! Mais dans sa branche, pas facile de se recycler. Et il faut bien payer le loyer... Alors, quand des parents éplorés le supplient de retrouver le fantôme de leur fille, Félix se laisse tenter. Mais il est loin de se douter que cette affaire va l'entraîner sur la piste d'adorateurs du diable et de vieilles connaissances démoniaques. Et lui attirer des ennuis titanesques.

Mon avis

Premier point avant de commencer, Cercle Vicieux fait partie d'une série et n'est pas le premier tome de celle-ci. Bragelonne propose les tomes 2 et 3 en VF mais n'a pas traduit le tome 1 (pour une raison que je ne connais pas, peut-être n'ont-ils pas eu les droits, à moins qu'il ne le fasse plus tard). Mais cela ne gène en rien la lecture de ce tome-ci. Même si l'auteur semble faire allusion à des événements du tome 1, il les explique à peu près. Après ce tout petit point, passons au reste.

Cercle Vicieux nous entraîne à la suite de Felix Castor, exorciste de profession, dans un Londres où les créatures surnaturelles semblent être légion. Alors qu'il songe sérieusement à arrêter son boulot, même s'il ne sait pas trop quoi faire par la suite, un couple vient le trouver pour retrouver leur fille, enfin, l'âme de leur famille. Il se laisse tenter. En même temps, Juliet, succube de son état, l'appelle pour une "contre expertise" dans une église, qui semble envahi par une entité maléfique. Il ne se doute pas pour le moment que tout est lié ni même qu'il avance droit dans un bourbier sans nom. 

Et pour un bourbier, c'est un sacré bourbier. Etre exorciste n'est pas un métier simple, mais vraiment pas. Heureusement, notre ami Castor a un bon petit humour bien anglais dont il se sert même dans les pires situations, ce qui fait un peu le charme du monsieur, je l'avoue (je ne résiste pas aux anglais dans son genre, c'est pas ma faute). Il réussit aussi à retomber régulièrement sur ses pattes, même s'il va passer un petit moment à se trimbaler à droite et à gauche par les divers partis de l'histoire. Le tout s'en parlait de ses propres problèmes, le plus gros étant que son meilleur ami est possédé par Asmodée et que c'est un peu de sa faute. Heureusement pour lui, il est plutôt bien entouré. D'abord, on a Nikki, zombie parano croyant à la théorie du complot. C'est un personnage qui m'a bien fait rire malgré lui la plupart du temps et que j'ai vraiment beaucoup aimé. Dommage qu'on ne le voit pas plus. Il y a aussi Juliet. Juliet est donc un succube qui par le passé à été lancé contre Castor. A présent, elle est bien mieux disposée envers lui. Leur relation est assez amusante, puisqu'il est régulièrement pris dans les mailles du pouvoir du succube et qu'elle semble pas mal jouer avec lui. On oubliera pas non plus les humains, Pen, logeuse et amie qui semble avoir un sacré caractère ou encore Rafi, hôte d'Asmodée qu'on ne voit finalement que très peu. Bref, des personnages vraiment sympathiques, et même chez les "méchants", et là c'est aussi une belle galerie (ça va du sataniste en passant par les membres d'une secte chrétienne avec des garous dans le tas). Niveau personnages, je suis donc plutôt comblée.

Niveau histoire et enquête aussi, d'ailleurs. Ce qui part sur une simple histoire d'enlèvement se révèle donc bien plus compliquée que cela. J'ai adoré voir Castor se posait des questions, voir comment tout se mêlent pour ne former au final qu'une seule enquête pour lui. Tous les éléments s’emboîtent parfaitement, et même si j'ai vu le tout venir un peu trop rapidement à mon goût, c'était quand même bien sympa à les voir se mettre en place. La plupart sont bien trouvé, d'autres sont trop prévisibles, mais le tout s'équilibre assez, je trouve. En plus de ça, l'écriture de Carey, plus habitué au scénario de comics (on lui doit celui de l'adaption de Neverwhere de Gaiman ou encore ceux de la série HellBlazer)(oui, le comic sur Constantine, repris en film avec Nicolas Cage pour ceux qui voient pas), est prenante et plutôt efficace pour ce genre de bouquin.

Au final, j'ai donc apprécié ce roman, et je compte continuer à suivre les aventures de Castor. C'est vraiment un roman de divertissement sympa, qui se lit bien et qui a réussi à me faire un peu rire aussi (c'est important, vu la période). Bref, de la bonne Urban-Fantasy.

mercredi 18 novembre 2015

Children of the Great Empire, Les Foulards Rouges, épisode 6, saison 2, Cécile Duquenne

Le sixième épisode des aventures des Foulards Rouges sur Terre est sorti hier. J'ai pris un peu plus de temps pour le lire que d'habitude (mouais, une demie journée de plus quoi). J'ai eu envie de le faire durer, j'avais besoin d'une lecture doudou.

Children of the Great Empire, Les Foulards Rouges, épisode 6, saison 2, Cécile Duquenne

Editeur : Bragelonne
Collection : Snark
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si : 
- Vous avez lu et aimé la première saison
- Vous voulez une série qui mélange les genres avec bonheur

A ne pas lire si :
-... (toujours pas trouvé pourquoi il ne faudrait pas les lires, les Foulards Rouges)

Présentation de l'éditeur : 

Retrouvez l'incroyable et saisissante Lara dans son périple avec la saison 2 des Foulards Rouges de Cécile Duquenne ! 

Mon avis

Cécile Duquenne avait laissé les Foulards Rouges et surtout ses lecteurs sur un cliffhanger qui tue (comme souvent, mais là, c'était presque pire)(je ne languis pas la fin de la saison à cause de ça, surtout quand on connait celui de la première saison et qu'après c'est pas qu'un seul mois à attendre)(non, je ne suis pas patiente. Oui, je risque de faire un avis à parenthèse). Elle reprend le cours de l'histoire pas tout à fait après, mais pas non plus trop tard après. Et à partir de là, c'est parie pour un épisode assez dense (qui va encore me faire galérer pour pas spoiler)

Si la bataille fait rage, sous et au dessus de Tennant Creek, ce n'est finalement pas ce qui compte le plus. Children of the Great Empire est l'épisode à réponse. Il y a en toujours un par saison. C'est celui qui fait avancer en donnant de nouvelles pistes mais surtout en nous donnant plus d'explication. Et ici, entre deux batailles, nous en avons un joli paquet. Elles ne sont pas forcément ultra surprenante, parce qu'à force, on est bien encré dans l'histoire (une saison et demi, ça aide). Par contre, je dois avouer que je ne m'attendais pas à toute. Cécile a beau disséminer des informations depuis le tout début de la série, elle a tout de même garder quelques petits trucs secrets. Et franchement, certaines révélations promettent beaucoup pour la suite, surtout qu'elles influent à la fois sur l'histoire et sur les personnages. Ainsi, je sens quelques changements pour Lara et Renaud, mais pas que pour eux. 

Et puis, j'avais envie de parler d'autre chose, là. J'en aurais parlé, je pense, même si l'actualité n'était pas ce qu'elle était. Parce que Cécile a écrit ça bien avant, parce que c'est finalement une coïncidence. Mais surtout parce que je pense que finalement, ce serait toujours vrai. La fin de l'épisode est ponctué par un discours. Un discours formidable, sur les dictatures, la guerre, sur la manière de la mener. Parce que c'est bien beau de se battre, de tuer ou de se défendre, mais on peut le faire autrement. On peut le faire par les mots, pas une autre action que celle d'échanger les coups physique. Les mots sont des armes bien plus performante que des pistolets ou des canons. Comme je ne sais plus qui l'a dit un jour : la plume est plus forte que le fusil (la première fois que j'ai entendu cette phrase, c'était dans le Batman de Tim Burton, je devais avoir 7 ans et je dois bien dire qu'elle m'a marqué à jamais). Bref, si vous ne devez lire qu'un discours, oubliez celui de nos politiques en ce moment, et lisez celui-ci, même si pour le coup, il n'était pas prévu pour ces événements-là. Et puis surtout, il est intemporel.

Au final, l'épisode est donc très bon. Il mélange comme toujours l'action (et il y en a beaucoup) et la réflexion (et il y en a beaucoup beaucoup), sans toutefois perdre le lecteur entre les deux. Il est aussi malheureusement pour sa fin, terriblement d'actualité, et cela même si ce n'est pas voulu par l'auteure. Mais comme je le disais, même si cela n'avait pas été le cas et comme j'adhère aux mêmes idées que Cécile Duquenne a ce sujet, cela reste intemporel (puisque encore une fois malheureusement, il y aura toujours des tyrans en ce monde). Donc, un très très bon épisode, qui me fait attendre avec impatience le suivant !

mardi 17 novembre 2015

Janua Vera, Récit du Vieux Royaume, tome 1, Jean-Phillipe Jaworski

J'ai eu un immense coup de coeur pour la plume de Jaworski lorsque j'ai lu son Gagner la Guerre. Coup de coeur confirmé avec la lecture, quelques temps plus tard de Même pas Mort. Il fallait donc que je sorte enfin de ma PAL son recueil de nouvelles Janua Vera, sorte de premier tome au Récit du Vieux Royaume.

Janua Vera, Récit du Vieux Royaume, tome 1, Jean-Phillipe Jaworski

Editeur : Folio
Collection : SF
Année de parution : 2015 pour cette édition
Nombre de pages : 488

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez la fantasy
- Vous avez lu et aimé Gagner la Guerre (mais c'est optionnel)


A ne pas lire si :
- Vous avez du mal avec l'écriture dense et parfaitement maîtrisé, peut-être trop parfois.


Présentation de l'éditeur :

Né du rêve d'un conquérant, le Vieux Royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée... Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Aedan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries... Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain...

Mon avis

Janua Vera est présenté comme le "tome 1" de Gagner la Guerre. C'est surtout une manière de découvrir un peu plus le Vieux-Royaume dans son ensemble. Gagner la Guerre se concentre surtout sur Ciudala mais Jean-Philippe Jaworski a créé tout un univers autour. Ce recueil permet de le découvrir. En plus de cela, pas besoin d'avoir lu le roman pour se plonger dans l'univers de l'auteur.

Avant de faire un avis plus général, passons d'abord sur les nouvelles, huit en tout, et assez longues pour la plupart.

Janua Vera
La nouvelle qui commence le recueil et dont il porte le nom nous conte la déchéance d'un Roi-Dieu. L'homme élevé au rang de dieu a réussi par le sang et la force à unir toutes les contrées du vieux royaume. Mais il souffre d'un étrange mal. Il rêve, chose qui ne lui est plus arrivé depuis qu'il est un dieu.
Cette première nouvelle nous plonge directement dans l'écriture de Jaworski. Elle est dense, avec des descriptions détaillées et parfaitement écrite. La richesse de la nouvelle est incroyable. J'ai aimé le parallèle entre la chute du royaume de Leomance, qui commence à se disloquer après une grande gloire et les derniers moments de son Roi-Dieu.

Mauvaise Donne
La seconde nouvelle du recueil met en scène un personnage que les lecteurs de Gagner la Guerre connaisse bien, j'ai nommé Benvenuto Gesufal, l'assassin à la gouaille parfaite qui se met toujours dans un pétrin pas possible par la faute des grands de ce monde. Cette fois, il nous raconte comment il s'est retrouvé au service de Ducatore et aussi, finalement, comment la fameuse guerre gagner dans le roman a vu le jour.
Forcément avec Benvenuto, je ne peux qu'aimer la nouvelle, tant j'aime le personnage. En plus de cela, elle est particulièrement efficace, petit mélange de thriller et de fantasy.

Le service des Dames
Cette nouvelle se déroule à Bromael, duché voisin de Ciudala. On y fait la connaissance d'AEdan, un chevalier. Celui-ci, voulant passer un guet sans perdre trop de temps se retrouve au milieu d'une vengeance.
Ici, Jaworski se penche sur la chevalerie courtoise avec un chevalier qui serait prêt à tout pour faire plaisir à une dame. Mais la dite dame ne lui dit pas la vérité et le voilà prit dans un sacré bourbier.
Chose amusante, on retrouve dans la nouvelle un nom déjà vu dans Mauvaise Donne. Chose qui se reverra dans la nouvelle suivante.

Une Offrande très précieuse
Cette fois, nous voilà du côté des Ouromagne, voisin cette fois de Bromael, voisin et surtout ennemi. Cecht réussit à fuir un champ de bataille avec l'un de ses compatriotes. Sauf que celui-ci est sur le point de mourir. Alors qu'il finit par le laisser seul, il va rencontrer dans la foret une étrange vieille femme. Celle-ci lui affirme pouvoir soigner son compagnon, le seul à pouvoir les ramener chez eux, mais pour cela, il va devoir aller dans un vieux temple cherché une offrande.
Si la nouvelle est finalement très classique, elle n'en est pas moins efficace et pleine d'émotion. Niveau connexion avec Le Service des Dames et Mauvaise Donne, on retrouve le siège de Kaellsbruck (Benvenuto y était) mais aussi le chevalier aux épines qui semble être AEdan.

Le conte de Suzelle
Voilà une nouvelle faisant appel au conte de fées. Suzelle, petite fille plutôt remuante, rencontre par hasard ce qui semblerait être un elfe (dans le style Tolkien). Elle va passer sa vie à attendre le retour de celui-ci. Vie que nous allons découvrir, de son enfance, à son mariage forcé, la naissance de ses enfants, la mort de son fils cadet et puis, l'exil qu'elle s'impose jusqu'au dernier moment. La chute est prévisible, mais on se laisse prendre au jeu et dans la vie de Suzelle. C'est mignon et finalement, ça change un peu des premières nouvelles, plus sombres.

Jour de Guigne
Jour de Guigne est la nouvelle la plus légère du recueil. Maitre Calame, un copiste, ce voit atteint du Syndrôme de Palimpseste. Le pauvre homme, pour avoir copié un texte sur un parchemin "d'occasion", il écope d'une malédiction qui fait de lui l'homme le plus malchanceux de tout le Vieux-Royaume. C'est frais, c'est drôle, ça fait penser à du Pratchett. Et ça fait du bien.

Un Amour Dévorant
Nous revenons dans un registre plus sérieux. Un Amour Dévorant flirte avec le fantastique. A Noant-le-Vieux, les habitants vivent avec la peur des Appeleurs, des fantômes d'un temps lointain qui parcourent la forêt en quête d'une jeune femme. Un homme, serviteur du Desséché (l'un des dieux du Vieux-Royaume) va mener son enquête. C'est une nouvelle assez angoissante, plutôt noire, qui me fait un peu penser à du Lovecraft en terre fantasy. Même si elle est somme toute classique dans son thème, elle fonctionne parfaitement.

Le Confident
La dernière nouvelle du recueil nous plonge dans le noir. On y suit un membre du culte du Desséché qui s'est volontairement plongé dans le noir le plus total pour devenir un confident. C'est une histoire à nouveau angoissante, plus par son ambiance clause et obscure que par son thème (et encore). C'est aussi malheureusement, celle que j'ai le moins apprécié. J'ai eu beaucoup de mal à entrée dedans malgré une histoire qui me semble pourtant intéressante.


Le recueil en entier est un véritable petit bijou. Jaworski est un conteur fabuleux avec une maîtrise des mots qui me rend assez jalouse. Le travail effectué sur chaque nouvelle est assez dingue, que se soit dans le choix des phrases, des mots, des tournures, mais aussi dans la création des personnages ou des lieux. Tout est maitrisé chez Jaworski et cela donne vraiment quelque chose de passionnant. Je pense aussi que, malheureusement, cela peut en rebuter certain. Ce n'est pas mon cas, bien sûr, vu que j'adore ce genre de texte. Sans parler de la technique, j'ai vraiment aimé presque toutes les nouvelles. Le Vieux-Royaume est fait de divers pays ayant chacun sa culture bien définie mais communicant entre eux et finalement à la fois différent et semblable. J'ai aussi apprécié que certaines nouvelles soient connectées entre elles et qu'elles nous éclairent un peu plus ainsi sur quelques épisodes marquants pour le Sénateur Ducatore (le siège de Kaellsbruck).


Au final donc, c'est un excellent recueil, un complément ou une première approche parfaite pour Gagner la Guerre. La seule chose que je regrette, c'est que par rapport à l'édition original des Moutons Électriques, il manque deux nouvelles et l'introduction par Benvenuto dans l'édition Folio (une raison pour acheter la version des Moutons, pourquoi pas pour Noël...). 

samedi 14 novembre 2015

La Belle et le Fuseau, Neil Gaiman et Chris Riddell

Avant de parler du livre qui nous intéresse aujourd'hui, une pensée immense pour Paris, les victimes, leurs familles. J'ai été dans un état d'apathie complète aujourd'hui, incapable de faire quoi que se soit, si ce n'est m'occupé de ma fille. Vendredi a été terrible, le réveil ce matin encore plus. Mais la vie continue et pour nos jeunes, nos enfants, nous devons continuer. Les terroristes veulent nous mettre à terre, continuons à vivre pour leur montrer qu'ils ont tord. Nous sommes vivants, battons-nous avec nos armes à nous. Sans violence, mais avec amour. Montrons leur que nous sommes forts, que nous ne nous laisserons pas faire.


Après cet aparté nécessaire, passons au livre.

La Belle et le Fuseau, Neil Gaiman et Chris Riddell

(la couverture de Bloomsbury étant la même que celle d'Albin Michel, j'ai mis celle en anglais)

Editeur : Albin Michel
Collection : /
Année de parution : 2015
Titre en VO : The Sleeper and the Spindle
Année de parution en VO : 2014
Nombre de pages : 69

A lire si :
- Vous voulez un mélange de plusieurs contes
- Vous voulez de belles illustrations
- Vous voulez des reines qui ne se laissent pas faire et des princesses qui n'ont pas besoin de princes pour être sauvées.

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose des très classiques

Présentation de l'éditeur :

À la veille de son mariage, une jeune reine décide de quitter son palais pour aller délivrer une princesse prisonnière d’un sortilège de sommeil. Elle laisse sa robe de mariée, revêt sa cotte de maille, se pare de son épée et enfourche son cheval. Entourée des nains qui l’accompagnent et la protègent, la reine traverse un tunnel sous la montagne et avance vers le royaume endormi. Bientôt, un château apparaît dans le lointain. Ses murs sont recouverts de ronces et de toiles d’araignées et, dans le donjon, repose la princesse aux lèvres rouges comme les roses. Mais qui sait, peut-être que dans ce conte-là, la princesse n’est pas celle qu’on croit, et qu’une reine donnera un baiser à une belle endormie…

Mon avis

Neil Gaiman a déjà prouvé qu'il savait écrire des contes, que se soit pour enfant ou adulte. Cette fois, il s'attaque surtout à deux contes bien connus pour en créer un nouveau et bouleversé un peu ce que l'on connait de ceux-ci. Tout commence avec une princesse victime d'un sort qui l'a plonge dans le sommeil. Quelques quatre vingt ans plus tard, le sort s'étend de manière dangereuse vers le royaume voisin. La reine de celui-ci va tout faire pour réveiller l'endormie et sauver les deux royaumes par la même occasion. 

On commence l'histoire en sorte de pays conquis. Nous connaissons les contes, celui de la Belle aux bois Dormant, celui de Blanche Neige aussi. Du coup, nous entrons rapidement dans l'histoire, connaissant presque ce qu'il va se passer. Presque, c'est le mot. Parce que Neil Gaiman va tout mettre sans dessous dessus. Blanche Neige va partir sauver les deux royaumes en réveillant une Belle aux bois dormant qui n'est pas celle que l'on penser. Il nous offre un conte que l'on pourrait nommer féministe. Parce qu'ici, point de prince, point de guerre ou de mort non plus. La reine se bat avec ses armes, la détermination, les souvenirs de ses propres mésaventures et les leçons qu'elle en a tiré. Elle use aussi de ce qui la fait femme, la douceur, l'intuition. Elle a beau porté armure et épée, elle n'en a pas besoin. Il nous offre une autre vision du conte, avec une sorcière qui cache bien son jeu (chose rare dans les contes) et qui n'est finalement pas celle que l'on croit. Oui, dans la Belle et le Fuseau, les apparences sont trompeuses, très, et c'est cela qui fait le piquant du conte.

Le tout est parfaitement illustré par Chris Riddell. Dessinés en noir et blanc avec une pointe de doré par endroit, les illustrations sont vraiment très belles. Elles sont vraiment très agréables à regarder, dans un style un peu gothique et surtout avec des détails un peu partout. Sans les illustrations, je pense que le conte peut perdre un peu de sa saveur si particulière (bien qu'il existe dans l'un des recueils Gaiman, il me semble, sans elles).

Au final, c'est un conte qui se lit très bien, qui nous montre une autre manière de faire les choses. Il montre que l'on peut être femme et forte, mais surtout qu'elles peuvent prendre les décisions par elle-même (ce que la plupart des contes classiques réprouvent, dut à l'époque, dût aux moeurs d'alors). C'est un joli conte, très joliment illustré et avec un message qui diffère vraiment de ceux qu'on aurait pu lire jusqu'à maintenant.

lundi 9 novembre 2015

Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin, Julie Proust Tanguy

La dernière fois que je suis allée faire le plein de livre, je suis tombée, un peu par hasard, sur ce livre des Moutons Electriques. J'aime beaucoup ce genre d'essais, et ravie d'avoir lu il y a quelques années maintenant le Steampunk ! de la même collection, je l'ai pris, surtout que le thème promettait d'être réellement passionnant.

Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin, Julie Proust Tanguy

Editeur : Les Moutons Electriques
Collection : la bibliothèque des miroirs
Année de parution : 2015
Nombre de pages : 248

A lire si :
- Vous aimez les essais
- Vous voulez en découvrir plus sur la sorcière et la femme au fils des époques

A ne pas lire si :
- Le féminisme vous rebute

Présentation de l'éditeur :

Nécromanciennes redoutables, guérisseuses ignorées, doubles obscurs des fées, femmes fatales livrées au bûcher… Rejoignez-les dans ce grimoire moderne qui vous révèlera les lointaines origines et l’étrange destinée de vos sorcières bien-aimées !

Mon avis : 

La sorcière est une créature existant depuis des milliers d'années et j'avoue que j'aime particulièrement ce personnage, son ambiguïté et la manière dont elle peut être perçue suivant l'époque. J'ai un attachement particulier aux sorcières, qu'elles soient la vieille femme édentés qui fait bien peur ou la jeune femme séduisante. Mais je trouve rarement de bon écrits dessus, où elle n'est pas où trop idéalisée ou trop "démonisée" (oui j'invente des mots). Connaissant déjà l'un des ouvrages de la collection de la Bibliothèque des miroirs, je me suis dis que celui-ci pourrait répondre à mes attendes, à savoir nous décrire la sorcière depuis le début, y ajouter les implications de sa perception et finalement ne pas en faire le personnage ultra idéalisé de ces derniers temps. Ai-je eu raison ? Je le dis de suite, oui. Et nous allons voir pourquoi.

S'appuyant sur la littérature mais aussi le cinéma, les séries ou encore la musique, passant de la mythologie à notre siècle, le livre dresse le portrait de la sorcière à travers le temps et les arts. Il commence d'ailleurs par quelques tableaux plus ou moins récent et en couleur donnant le ton. J'y retrouve d'ailleurs une peinture que j'adore, Circe invidiosa de John William Waterhouse. Ensuite, nous passons d'époque en époque, en commençant par la mythologie, le moyen-âge, la renaissance, le XIX siècles et enfin notre époque. Le tout donc, pour dresser un portrait robot de la sorcière mais pas que. Nous allons finalement nous pencher sur la place de la femme dans la société.

Si au début, la sorcière semble être une femme presque comme les autres, juste plus instruite et plus sage, dirons-nous, elle va rapidement devenir le bouc émissaire des hommes, celle qu'il faut craindre, voire tuer parce que plus puissante que lui. Ce n'est que lorsque la vision de l'homme change sur elle qu'elle va devenir la sorcière maléfique que l'on connait. Ainsi dès l'avènement du christianisme, puis de la science, exclusivement réservée au homme à l'époque, toutes femmes ayant quelques savoirs ou pouvoir va devenir le bouc émissaire des hommes. Cette évolution est parfaitement bien décrite dans le livre, appuyé par de nombreux extraits de livre ou encore des portraits de femmes et d'hommes ayant existé. Car oui, finalement, on parle plus de la place de la femme, de celle qui devient la sorcière car trop différente des canons en vigueur que de la sorcière elle-même. Mais ces deux figures sont tellement proches l'une de l'autre qu'il serait compliqué de réellement les différencier.

Bien que le livre est vraiment passionnant de A à Z, il y a eu des parties qui m'ont plus intéressées que d'autres. Je pense à la partie Moyen-âge, où j'ai découvert beaucoup de chose, ou encore celle sur notre époque (plus proche de nous et surtout parfaitement illustré par les livres, films ou musique choisie). Il faut dire que se sont surement les deux périodes où la sorcière a été le plus représentée mais surtout où l'image de la femme elle-même à beaucoup évolué. 

Au final, j'ai pris grand plaisir à lire cet essai, bien construit et bien documenté (ma wishlist sur les sorcières vient d'en prendre un coup) qui mêle parfaitement folklore et féminisme sans en faire trop ni pas assez. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'analyse sur les sorcières de Sir Pratchett, qui clôture fort bien le livre tellement il a su voir tout ce que cache l'archétype de la sorcière. Si vous ne devez lire qu'une partie du livre, ce serait celle-ci (et pas juste parce que j'aime Pratchett et Mémé, hein).  Bref, un essai vraiment très bien pour qui veut comprendre à la fois la femme et la sorcière (mais après tout, nous le sommes toutes non ?) à travers les âges et la culture.

La couleur tombée du ciel suivi de la Chose sur le seuil, H.P. Lovecraft

J'ai acheté ce livre en même temps que l'Appel de Cthulhu que j'ai lu cet été. J'ai beau aimé Lovecraft, je préfère espacer mes lectures, parce que mine de rien, elles sont tout de même angoissante.

La couleur tombée du ciel suivi de la Chose sur le seuil, H.P. Lovecraft

Editeur : Points
Collection : /
Année de parution : 2015
Titre en VO : The color out of space / The thing on the doorstep
Année de parution en VO : 1927 pour la Couleur et 1933 pour la Chose
Nombre de pages : 144

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles longues
- Vous voulez avoir peur mais pas trop tout de même

A ne pas lire si :
- Vous voulez de l'horreur gore
- Vous n'aimez pas tout ce qui peut être angoissant

Présentation de l'éditeur :


« La singularité de cet homme-là n’est pas moindre : la littérature vient là et se renverse. De Lovecraft, nous savons les livres de sa bibliothèque, la Remington 1906, la date de ses brouillons. Mais nous commençons tout juste à prendre en compte, dans notre lecture, l’essor des villes, le rôle des magazines, la montée des idéologies dans l’après de la Grande Dépression, ou le bouleversement qu’induisent les sciences. »
- François Bon
Né aux États-Unis en 1890 et mort en 1937, Howard Phillips Lovecraft est considéré aujourd’hui comme l’un des écrivains d’horreur et de science-fiction les plus importants du XXe siècle.


Mon avis 

Ce petite recueil, avec une nouvelle traduction des oeuvres qui le composent par François Bon, comporte deux nouvelles, assez longues l'une comme longue. Il commence avec la Couleur tombée du Ciel, nouvelle monobloc et finit donc par La Chose sur le Seuil, nouvelle composée en sept chapitres. Il contient aussi des notes sur les deux nouvelles. Commençons donc par le premier récit.

La Couleur tombée du Ciel

Un ingénieur des eaux vient non loin d'Arkhman pour vérifier l'emplacement du prochain barrage. Afin de finaliser son rapport, il se rend dans la plaine foudroyée, un endroit particulièrement lugubre qui lui laisse un bien mauvaise impression. Voulant savoir ce qu'il a pu s'y passer, il va recueillir le témoignage d'un habitant. Celui-ci lui raconte alors qu'un météore est tombé, presque cinquante ans plus tôt, et que suite à celle, une famille entière est devenue folle. Petit à petit, l'horreur s'installe. 

Comme souvent avec Lovecraft, la tension naît d'un épisode qui aurait pu arriver dans la vie. Un météore s'écrase, cela arrive parfois. Sauf que celui-ci va empoissonné la terre et l'eau alentour. Vous me direz, celle arrive aussi. C'est sans compter sur le génie de Lovecraft qui va y ajouter cette touche de surnaturel bien flippante. Ainsi, le météore semble être le vecteur d'un agent extra-terrestre qui va petit à petit rendre folle toute une famille mais aussi tout son environnement. On ajoute à cela le fait que le récit soit en fait un récit de second main pour croire que tout cela n'est qu'une espèce d'hallucination collective. Mais là aussi, Lovecraft arrive à surprendre tout le monde sur la fin.

La nouvelle est plutôt dense à lire, sans la moindre interruption, mais particulièrement interessante par sa construction. Je dois bien dire que c'est pour le moment celle qui m'a le plus plut de Lovecraft (même si je n'en ai au final que très peu lu, hein).

La chose sur le seuil

Cette nouvelle-là est un peu plus classique dans l'horreur, je dirais. Disons surtout que nous y plongeons rapidement et qu'elle ne vient pas d'un élément "commun", mais bien parce qu'elle prend forme dans le fantastique à l'état pur, tout en gardant pourtant ce petit côté presque normal. Nous allons découvrir ici pourquoi le narrateur a tiré six balles dans le crane de son meilleur ami. Si le tout début nous donne la couleur, il faut attendre un peu avant d'avoir les réponses. Lovecraft pose son ambiance, nous parle d'Arhkman, de sa bibliothèque universitaire, de son Necronomicron, tout cela en introduisant le personnage d'Edward Derby et sa femme Asenath. Rapidement, on bascule donc dans l'ésotérisme et dans le mythe de Cthulhu. 

Chose que j'ai apprécié dans cette nouvelle, c'est de découvrir ce qu'il se passe au fur et à mesure. Je n'ai pas eu ce truc de me dire "je m'en doutais", avant que les choses n'arrivent, parce que c'est tellement bien amené qu'on n'en doute pas vraiment. Si Lovecraft nous offre la clef de sa nouvelle au milieu de celle-ci (échange de corps, manipulation et autres...), elle n'en reste pas moins angoissante tout le long. Surtout qu'à la fin, on se pose quand même des questions sur la santé mentale du narrateur et sur son identité. 

Le tout est parfaitement bien mené donc, avec une structure narrative efficace (comme souvent avec Lovecraft) et ce qu'il faut d'ambiance gothique et fantastique. Une nouvelle fois, je suis émerveillée par la manière dont l'auteur réussi à faire douter son lecteur, à tel point que je me suis carrément replongée dans le début de la nouvelle après l'avoir fini. La Chose sur le seuil prouve une fois de plus le talent de Lovecraft, malgré quelques défauts qui sont plus dut pour moi à l'époque de l'écriture (le rôle de la femme par exemple...) qu'à l'écriture en elle-même. 


Pour finir cet avis, j'ai beaucoup aimé ce petit recueil. Les deux nouvelles sont passionnantes, chacune à leur manière et surtout bien angoissante. Je suis toujours admirative de ces constructions, que se soit les nouvelles en elle-même ou bien celles des phrases. Bref, une nouvelle immersion dans le Mythe de Cthulu qui m'a plut et qui me donne toujours plus envie de découvrir le reste des écrits de l'auteur.

dimanche 8 novembre 2015

Rebecca, Daphné du Maurier

Cela faisait un petit moment que j'avais envie de lire Rebecca. Le livre est assez connu pour être devenu un classique et je voulais voir ce qu'il donnait. Voilà chose faite.

Rebecca, Daphné du Maurier

Editeur : Le livre de Poche
Collection : /
Année de parution : 2013 pour cette édition
Titre en VO : Rebecca
Année de parution en VO : 1938
Nombre de pages : 448

A lire si :
- Vous voulez une ambiance un peu angoissante
- Vous voulez un sorte de parcours d'initiation

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à avoir peur tout le temps
- Vous voulez un vrai fantôme

Présentation de l'éditeur : 

"J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley". Ainsi débute le plus célèbre roman de Daphné du Maurier, qu'Alfred Hitchcock adapta en 1940 et qui n'a rien perdu de son charme vénéneux.
Dans une somptueuse propriété de la côte anglaise, hantée par le souvenir d'une première épouse disparue, une jeune mariée intimidée, un veuf taciturne, une gouvernante vêtue de noir s'observent dans un huis-clos étouffant...
Entre conte gothique et suspense psychologique, Rebecca entremêle les passions et les haines, les silences et les menaces avec, en bruit de fond, le ressac de la mer sur les galets de la crique...

Mon avis

Si j'ai vu un jour les Oiseaux d'Hitchcock, adaptation d'un autre livre de du Maurier, je n'avais jamais vu son Rebecca ni tout autre oeuvre se reportant à ce livre. Je partais donc en territoire inconnu avec juste l'idée que je m'étais faite du livre avec tout ce que j'avais peu glané dessus. Bon avouons, je m'étais fait quelques idées un peu bizarre sur Rebecca, pensant que j'aurais droit à un tout petit peu de fantastique. Que nenni, pas de fantastique mais une histoire qui au final m'a plut, quoi que j'y est trouvé quelques défauts.

Daphné du Maurier écrit avec Rebecca une sorte de thriller psychologique (le terme n'existant pas à l'époque) à l'ambiance gothique. La narratrice, parfaitement anonyme, sauf après son mariage où elle devient Mme de Winter, fait la connaissance de Maxim de Winter, veuf depuis moins d'un an. Rapidement, ils se rapprochent et surtout se marie. De Winter ramène alors la jeune épouse dans son domaine, le magnifique Manderley. C'est à partir de là que les ennuies commencent pour elle. Trop timide, trop passive aussi, elle va se retrouver confronter au fantôme de la première Mme de Winter, la belle, la talentueuse Rebecca. Il faut dire que Rebecca hante tout à Manderley et surtout que malgré sa mort, la maison semble toujours être à elle. De plus, la narratrice doit faire avec l'énigmatique et froide Mrs Danvers, la gouvernante de la défunte qui semble beaucoup beaucoup lui en vouloir d'avoir pris la place de sa protégée.

Je dois avouer que j'ai beaucoup aimé la manière dont la pression monte autour de la narratrice, même si j'ai eu beaucoup de mal avec elle. Alors, je me doute bien qu'à l'époque du roman, les femmes passives, seulement définie par les hommes qui les entourent, ça devaient plaire, mais avec moi, ça passe moins. Et quand on commence à découvrir Rebecca autrement que par elle, on a vite fait de la comparer et de la trouver en dessous. Je pense aussi que c'est ce que cherchait à faire l'auteure dans presque tout le roman. J'aurais juste voulu moins de passivité, plus d'initiative de la part de notre narratrice. Elle arrive même à faire pâle figure devant tous les autres personnages féminins, dont Mrs Danvers ou encore Béatrice, la soeur de Maxim. Et cela jusqu'à la fin du roman, alors même qu'elle est sensée avoir muri et surtout pris confiance en elle et en son époux. D'ailleurs, finalement, j'ai trouvé Maxim de Winter bien plus intéressant que ses épouses. Tiraillé par ce qu'il s'est passé un an plus tôt, par le souvenir de sa femme puis par la découverte de son corps, il va devoir faire face à l'adversité tout en rassurant sa nouvelle femme et en continuant d'administrer son domaine. C'est, avec Danvers, le personnage le plus complexe du roman.

Et puis, il y a Manderley, la demeure même. C'est elle qui donne l'ambiance parfaitement gothique du roman, c'est aussi à cause d'elle que tout arrive. Parce que Manderley n'est pas qu'une simple demeure. C'est un personnage a part entière du roman. C'est plus qu'un simple cadre. C'est la cause de tout. C'est pour Manderley que de Winter a accepté le chantage de sa première femme, c'est pour lui, qu'il va essayer de tout faire pour que la vérité n'éclate pas. Et je dois dire que du Maurier le rend magnifique dès la première apparition du domaine. 

Le tout est porté par l'écriture de du Maurier, agréable à lire et très visuelle. Elle arrive à glisser des indices sur ce qu'il a pu se passer un an plus tôt sans que nous nous en rendions forcément compte dès le départ, comme la narratrice. Elle magnifie aussi les paysages et les caractères tout en nous faisant croire que Rebecca était la femme formidable qu'elle semble être pour tout le monde. Ce n'est finalement que grâce au personnage qui semble le plus insignifiant que nous allons commencer à comprendre qui était Rebecca et à douter de tout ce qu'il peut se passer depuis le début à Manderley.

Au final, c'est un très bon roman policier, un thriller psychologique avant l'heure qui nous entraine dans les méandres de l'humain. J'ai beaucoup aimé le déroulement de l'histoire, son ambiance gothique à souhait et cette immersion dans un passé trouble. je regrette juste que la narratrice soit si passive et que Mrs Danvers ne soit pas si horrifiante que ça (quoi que le tour qu'elle joue à la seconde épouse avant le bal est réellement horrifiant pour elle). C'est dommage, sans cela, Rebecca aurait été un véritable coup de coeur.