mardi 29 septembre 2015

1869 : La Conquête de l'espace, Le Château des Etoiles, tome 2, Alex Alice

L'année dernière, j'étais tombée sur le magnifique tome 1 du Chateau des Etoiles. J'ai résisté durant quelques mois pour ne pas acheter le format gazette (parce qu'avec Poupette, je me suis dit qu'elles feraient pas long feux à la maison) et me voilà avec la version reliée du tome 2 ce mois-ci, toujours aussi merveilleuse.

1869 : La Conquête de l'espace, Le Château des Etoiles, tome 2, Alex Alice

Editeur : Rue de Sèvre
Collection : /
Année de parution : 2015
Nombre de pages : 68

A lire si :
- Vous avez aimé le tome 1
- Vous aimez le steampunk et Jules Verne
- Vous voulez de beaux dessins accompagnent une bonne histoire

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de jeunes héros

Présentation de l'éditeur :

1869. Au nom de Sa Majesté, la conquête des étoiles commence…
Nos héros, qui ont échappé de justesse aux hommes de Bismarck en embarquant dans l'éthernef, voient le château s'éloigner sous leurs yeux au fil de leur montée dans le ciel. Les voici sur le point de prouver leur théorie, franchir le mur de l'éther et découvrir l'espace mystérieux et infini. Une avarie va faire de leur rêve le plus fou une réalité, les forçant à se poser sur la face cachée de la Lune. Si le père de Séraphin fera tout pour les ramener vivants sur Terre, le Roi semble caresser d'autres espoirs tandis que Séraphin, lui, veut en savoir plus sur la disparition de sa mère. La conquête de l'espace s'arrêtera-t-elle à ce premier vol ?
Mêlant aventure à la Jules Verne, romantisme et humour, ce livre s'adresse aux rêveurs de toutes les générations et démontre, s'il le fallait, qu'il n'y a pas d'âge pour le merveilleux.

Mon avis

Comme je le disais, j'avais vraiment beaucoup beaucoup aimé le tome 1 et j'avais hâte que le second tome sorte en relié, déjà pour ne pas dépareiller la collection, mais aussi parce que le format gazette, même si plein de bonus, n'était pas vraiment viable chez moi avec une petite qui passe son temps à découper tout ce qui traîne à la maison en terme de papier. Et le voilà enfin sorti, mi-septembre (dire qu'il était déjà à la librairie quand j'y suis allée la dernière fois... et que je l'ai zappé...). Forcément, n'y tenant plus, je suis allée l'acheter hier après le boulot et je l'ai dévoré hier en rentrant. 

Et donc, que se passe-t-il dans ce tome ? Et bien, nos héros, Séraphin, Hans et Sophie, mais aussi le père de Séraphin et le roi Ludwig de Bavière ont réussi à fuir en s'embarquant dans l'éthernef. Avec l'appareil, ils vont franchir le fameux mur d'Ether afin de prouver au monde que Ludwig n'est pas fou et lui permettre de conserver son trône. Mais, arrivés là-haut, les ennuis commencent...

Par rapport au tome 1, le second est un peu plus "action". L'éthernef est enfin dans les airs et nos héros vont pouvoir en apprendre un peu plus sur cette étrange matière. Mais aussi sur les intentions de Ludwig, qui bien que louable risque de mettre tous le monde en danger. Au niveau des personnages, je dois avouer que j'aime toujours autant notre petit trio (même si je trouve que Séraphin semble avoir gagné quelques années entre les deux tomes, alors qu'il se passe au même moment). Ils sont toujours aussi attachant. Le père de Séraphin prend une place un peu plus importante dans le récit, ce qui  n'est pas plus mal. Quant à Ludwig, est bien, je dois avouer que ce personnage, plein de mystére, m'a encore une fois un peu perturbée. Je suis incapable de voir ce qu'il a réellement dans la tête et ça m'ennuie un peu. Il n'en reste pas moins, pourtant, le personnage le plus intéressant des deux tomes.

Outre l'histoire et les personnages, je dois dire que les illustrations, toujours faite à l'aquarelle sont juste magnifiques. L'espace mais aussi l'endroit où vont atterrir les chevaliers de l'éther sont formidablement bien rendus (non, mais regardez donc l'extrait à côté, c'est super beau) . Toutes ses couleurs, ses étoiles, on s'y croieraient réelleemnt. C'est vraiment le truc que j'adore dans cette série. C'est beau. Et c'est aussi délicieusement Steampunk et Verniens. Si le premier tome nous laissait déjà voir l'influence du grand Jules, on la retrouve réellement dans ce second tome. Les Chevaliers de l'Ether auraient pu être créés par l'auteur, tout comme leurs aventures.

Au final, j'ai encore une fois été plus qu'emballé par l'histoire et les dessins d'Alex Alice. Et j'ai été super contente de voir qu'il y a aurait un tome trois à la suite (il parait que la série compterait huit tomes au final, là où elle ne devait en faire que deux à la base). C'est vraiment une superbe bande dessinée, que tout le monde peut lire et surtout que je recommande.

lundi 28 septembre 2015

Le Peuple du Tapis, Terry Pratchett

J'ai voulu redonné une chance à ce livre, que j'avais commencé à lire il y a six ans, il me semble, et que j'avais arrêté brutalement, suite à une "overdose" de Pratchett (j'avais enchaine un Disque Monde, l'intégrale des Gnomes, puis lui). Je crois que j'ai eu raison, en fait.

Le Peuple du Tapis, Terry Pratchett

Editeur : J'ai lu
Collection : Fantasy
Année de parution : 2009 pour cette édition
Titre en VO : The Carpet People
Année de parution en VO : 1992 pour cette version (j'y reviendrais dans l'avis), 1971 pour l'originale
Nombre de pages : 188

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy humoristique
- Vous voulez des personnages plutôt anti-héros

A ne pas lire si :
- Vous prenez la fantasy trop au sérieux.

Présentation de l'éditeur : 


Sur tout le Tapis règne la paix de l'Empire Dumii. Aux marges de la civilisation, la tribu des Munrungues coule sous les poils une existence paisible. Mais un jour un terrible cataclysme frappe à proximité du village. Une ville Dumiie est broyée par l'ancien monstre des légendes : le grand Découdre est de retour!
Dans son sillage, des créatures féroces parachèvent son oeuvre de destruction. Cernés, les Munrungues s'engagent dans un périple à travers les poils, sous la conduite des frères Orkson.
Un voyage qui les conduit à la découverte des merveilles de leur monde et changera pour toujours la vie des Fils de la poussière...


Mon avis

Pratchett écrivit la première version du Peuple du Tapis en 1971 alors qu'il  n'avait que dix-sept ans. A cette époque, il le dit lui-même dans l'avant propos du livre, il pensait que la fantasy était une histoire de roi et de bataille. Presque vingt ans plus tard, alors que le Disque Monde commence à avoir du succès mais surtout que sa vision de la fantasy ait changé, il réécrit le texte, plus en accord avec ce qu'il fait à ce moment-là. Et ça donne le texte que nous avons maintenant, le premier étant depuis longtemps indisponible.

Imaginez donc à présent un tapis. Un simple tapis pour nous mais qui renferme une faune et une flore bien particulière. C'est un monde à part entière où la plus grande des citées n'est pas plus grande qu'un point pour nous. Et c'est ce monde que nous allons découvrir alors qu'il est en danger. Le Grand Découdre frappe le tapis, obligeant les Munrungues, l'un des peuples y vivant, à partir de leur petit coin bien tranquille. C'est avec eux que nous allons faire le voyage et affronter les terribles Moizes, qui ne se déplacent que là où le Grand Découdre à frapper.

On retrouve beaucoup du Disque-Monde dans le Peuple du Tapis. Les personnages y ont les traits forcés, le chaman parle trop et de manière alambiquée pour ne finalement rien dire, le chef de tribu est fort mais pas forcément ultra intelligent, son cadet est bien plus malin que lui, le général est trop droit dans ses bottes... C'est une chose à laquelle je suis habituée. Venant de Pratchett, ça ne me dérange pas du tout. Et puis, c'est aussi ce qui fait le charme de ce livre, ces personnages qui en font toujours trop, pour notre plus grand plaisir. Cela les entraîne dans des situations parfaitement hilarantes et dans des dialogues qui le sont tout autant.

L'aventure en elle-même ressemble à de la fantasy bien forcée. Si l'on pense cela, c'est aussi mal connaitre Terry Pratchett qui n'a jamais fait jusque là de l'humour pour juste faire de l'humour. Il y a toujours autre chose là-dessous. Quelques critiques sur la royauté, sur la guerre aussi. Ce n'est pas aussi flagrant que dans un roman du Disque-Monde, mais tout de même, on retrouve des thèmes qu'il a déjà abordé, mais sans réelle redite. D'ailleurs peut-on réellement dire "déjà" en sachant qu'il a réécrit le Peuple du Tapis en gardant la plupart des idées écrites la première fois ? 

Et puis, comme pour les Gnomes, on oublie rapidement que le Peuple du Tapis se passe dans un tapis. Même si la végétation est faite à base de poils et de poussière aux couleurs pour le moins étranges (celles du tapis en fait), même si la géographie du "pays" se fait par rapport aux divers élèments de la maison (le pieddechaise, le plancher...), on finit par "oublier" tout cela pour vivre juste l'aventure, comme si elle se déroulait dans un monde imaginaire "normal" ( ce paragraphe possède un peu trop de guillemet, nous sommes d'accord). Ce qu'il y a de bien, du coup, c'est que le lecteur n'est pas du tout dépayser. Bon par contre, on perd peut-être un peu le fait que l'on se trouve sur un tapis avec des personnages microscopiques. L'aventure n'en reste pas moins agréable à lire, ceci-dit.

Finalement, j'ai eu parfaitement raison de redonner sa chance au Peuple du Tapis. Ce n'est pas l'un des meilleurs livres de Pratchett, mais il reste très amusant et divertissant. De plus, il se lit plutôt vite et il permet de passer un moment agréable sans prise de tête, que demander de plus ? Bref, un petit livre qui fait du bien.

samedi 26 septembre 2015

La Mer, Yoko Ogawa

Je n'ai pas lu d'auteur japonais depuis 2014. Disons que jusque là, je n'avais pas trouvé grand chose de bien inspirant. Les japonais ont une littérature plus particulière, je dirais, par rapport aux occidentaux. C'est souvent très étrange à lire mais aussi souvent très beau. Suffit de trouver le bon livre, le bon auteur (ce qui n'avait pas été le cas avec Love and Pop par exemple et qui a fait que je n'ai donc pas lu de roman japonais depuis). Peut-être que Yoga Ogawa va me réconciler avec les livres japonais autre que les mangas.

La Mer, Yoko Ogawa

Editeur : Babel
Collection :
Année de parution : 2013
Titre en VO : (海 Umi
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 147

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous voulez des histoires poétiques

A ne pas lire si :
- Vous voulez des textes longs
- Vous voulez des histoires terre à terre ou carrément fantastique


Présentation de l'éditeur :

Un enfant révèle l'existence d'un instrument de musique unique au monde.
Dans un bureau de dactylographie, une employée s'attache à la portée symbolique des caractères de plomb de sa machine.
Avec discrétion, un jeune garçon se mêle au groupe qui ce jour-là visite sa région. Dans l'autocar, un vieux monsieur très élégant s'intéresse à l'enfant. Cet homme est un ancien poète...
Une petite fille devenue muette retrouve sa voix devant la féerie d'une envolée de poussins multicolores...
Un recueil de nouvelles poétiques et tendres dans lequel le lecteur retrouve l'univers rêveur de Yoko Ogawa, cette proximité entre les différentes générations ; ces héritages spirituels soudainement transmis à un inconnu et ces êtres délicats qui libèrent les souvenirs effacés en offrant un coquillage, une aile de libellule, une mue de papillon...

Mon avis

J'avoue avoir été attiré au départ par le titre du recueil (la mer, mon grand amour), mais surtout par sa couverture, aux couleurs si douce et à l'étrangeté poétique. Ce genre de couverture me plait énormement et comme bien souvent, je finis par attraper le bouquin sans même me demander si ce qu'il contient. J'avoue que souvent, ça pose problème, les découvertes ne sont pas forcément à la hauteur. Mais souvent mon gout pour une couverture est récompensé par l'intérieur du livre. Est-ce le cas ici ? Nous allons voir.

Comme toujours, on commence avec les nouvelles et mes avis dessus

La Mer
La première nouvelle nous amène à la suite d'un jeune homme rencontrant pour la première fois sa belle-famille. La rencontre est assez "tendue" comme peut l'être toute première rencontre avec sa belle-famille, on ne sait pas trop quoi dire, on se sent un peu trop guindé. Heureusement, la grand-mère est là pour détendre un peu tout ça lors du repas. Et puis, vient le soir, et le voilà qui doit dormir avec le frère cadet de son amie. Et là, une espèce de magie s'opère lorsque le garçon lui parle d'un certain instrument de musique unique au monde. Nous avons du coup dans cette nouvelle une bonne partie de quotidien que nous avons presque tous déjà rencontré mélangé à une poésie subtile, un petti truc un peu étrange qui met de la couleur et de la bonne humeur dans l'histoire. C'est beau et simple à la fois.

Vienne
Cette fois, c'est une jeune femme que nous suivons. Elle a enfin pu se payer ce voyage à Vienne dont elle rêve et elle compte bien en profiter. Mais c'est sans compté sur Kotoko, la vieille dame qui partage sa chambre d'hotel et qui est là pour retrouver un amour perdu. Kotoko va entrainer la narratrice dans la maison de retraite où son amour se meurt. Ici aussi, nous sommes en pleine poésie, même si l'histoire au final, est plutôt triste. Triste mais en même temps pleine d'espoir, je ne serais trop expliquée pourquoi sans dévoiler la fin de la nouvelle

Le bureau de dactylographie japonaise Butterfly
Dans cette nouvelle, la narratrice vient d'être embauchée dans un bureau de dactylographie japonaise du nom de Butterfly. Elle y tape des comptes rendus scientifiques. Un jour, l'un des caractères se casse et elle va alors faire la rencontrer du gardien des caractères. L'homme voue un amour au divers caractères qui rapidement intrigue la narratrice. C'est une nouvelle fois une nouvelle très poétique, qui vante l'amour des mots. Mais il y a aussi une touche d'érotisme dans la nouvelle qu'on n'a pas encore rencontré dans le recueil. D'ailleurs, la fin est particulière ambigüe.

Le crochet argenté
Cette nouvelle, et la suivante, sont les plus courtes du recueil. Seulement deux ou trois pages. Dans le crochet argenté, la narratrice se souvient de sa grand-mère alors qu'elle regarde une vieille femme crochetée dans le train. C'est une nouvelle sur le souvenir, très jolie bien que courte.

Boites de pastilles
L'autre courte nouvelle du recueil. Cette fois, c'est un chauffeur de bus scolaire que nous suivons. L'homme ne sait pas trop comment se débrouiller avec les enfants, surtout s'ils pleurent, pourtant, sa méthode est particulièrement efficace. C'est malheureusement la nouvelle qui m'a le moins plu.

Le camion de Poussin
Le camion de poussin est la nouvelle la plus longue et aussi celle que j'ai préféré. On y découvre un monsieur qui vient d'aménager dans sa nouvelle chambre chez une veuve. Elle a pris sous son aile sa petite fille, une fillette qui ne parle plus depuis la mort de sa mère. Petit à petit, une étrange amitié va naître entre les deux tout ça grâce au passage d'un camion de poussins multicolores. C'est à nouveau une très belle nouvelle, toujours aussi poétique. L'amitié entre l'homme et la fillette est terriblement touchante. Et puis, la fin est juste merveilleuse.

La guide
Cette fois, le narrateur est un jeune garçon d'une dizaine d'année. Il se voit obligé d'accompagner sa mère, guide, dans l'une de ses excursions parce qu'elle a peur de le laisser seul. Il fait la connaissance d'un vieux monsieur avec qui il va passer la journée. Encore une fois, c'est une histoire d'amitié qui va naitre entre les deux, en plus de cela, il y a aussi la relation mère-enfant, particulièrement touchante en fait. C'est une nouvelle très optimiste je trouve.

Au final, le recueil m'a vraiment beaucoup plu. Il y a dedans cette étrangeté que l'on ne trouve que dans les écrits orientaux, ce mélange de poésie et de quotidien, d'optimisme teinté de passéisme. Bref, c'est beau, c'est super bien écrit, très fluide. Le seul défaut que je trouverais serait parfois la fin des nouvelles, tellement étrange par rapport au reste et parfois à la première lecture, qui ne semble pas raccord.



mercredi 23 septembre 2015

Le Volcryn, GRR Martin

Ayant fini l'intégrale 5 du Trone de Fer, je me retrouve comme toujours en manque de GRR Martin. L'avantage de ce monsieur étant tout de même qu'il a pas mal écrit avant sa saga fantasy et qu'il a écrit dans pas mal de genre. Alors entre deux intégrales (je n'aurais pas la prochaine avant surement trois ans, ça laisse du temps quand même), je me lance dans ces autres romans

Le Volcryn, GRR Martin

Edition : ActuSF
Collection : Helios mais aussi Perles d'épice
Année de parution : 2015 dans la collection Helios
Titre en VO :Nightflyers
Année de parution en VO : 1980
Nombre de pages : 192

A lire si :
- Vous aimez les huis-clos
- Vous aimez lorsqu'il y a beaucoup de dialogue
- Vous voulez une histoire qui fait un peu frisonner

A ne pas lire si :
- Vous voulez une histoire réellement originale

Présentation de l'éditeur :


Les légendes parlent d’une race d’extraterrestres fabuleuse parcourant lentement l’espace, aux manettes de gigantesques vaisseaux à l’apparence de cités d’ombre...
Moi, Karoly d’Branin, je leur ai voué ma vie, et mes inlassables recherches m’ont enfin permis de les localiser. Avec mon équipe, nous avons embarqué à bord de l’Armageddon, vaisseau du commandant Royd Eris. Et dans peu de temps, les volcryns seront enfin à notre portée.
Mais en attendant, l’ambiance est de plus en plus pesante entre nous... Royd Eris refuse d’apparaître physiquement, préférant user d’hologrammes et de communicateurs muraux ... Et Thale Lasamer, notre télépathe, fait état d’une menace sourde et mystérieuse...
Peu importe ! Mes volcryns sont tout proches, et je ne les laisserai pas filer !


Mon avis

Avec le Volcryn, Martin nous offre donc de la science-fiction, mieux une espèce de space-opéra en huis-clos avec une partie thriller. Des éléments qu'il maîtrise, j'ai pu le voir avec les nouvelles dans Une Chanson pour Lya. Et puis le roman a eu le prix Locus en 1981, signe de qualité normalement (bon il a des Locus qui ne m'ont pas plus dans ce que j'ai pu lire (les Conquérants du Pliocène par exemple). Donc, il avait tout pour me plaire, et pour tout dire, il m'a plu sur pas mal de point.

On commence donc l'histoire à bord de l'Armaggedon (le nom doit plaire à Martin, puisque trois ans plus tard, il publiera Armeggedon Rag (qui n'a rien à voir du tout hein)) où une équipe de scientifique embarque afin d'aller à la rencontre des Volcryns, un peuple légendaire. Les neufs jeunes gens vont faire la connaissance  de l'hologramme du commandant, l'étrange et mystérieux Royd Eris. Alors que le voyage, qui doit durer plus d'un mois, ne fait que commencer, des tensions naissent rapidement entre les scientifiques et le commandant.

Si l'histoire semble être du déjà-vu (et finalement, l'est), Martin nous entraine rapidement vers autre chose, un truc presque horrifique. Parce que malgré son nom, le roman ne parle finalement pas vraiment des Volcryns et de leur découverte. Non, c'est autre chose qui représente le danger dans le roman, quelque chose de bien moins légendaire mais malheureusement aussi de déjà-vu. Je n'en dirais pas forcément plus là dessus, ça serait gâcher le plaisir de lecture. Heureusement pour nous, Martin s'est tout de même faire du bon avec du vieux et du déjà-fait.

C'est là qu'entre en compte les personnages du roman. Ce sont eux, forcément, qui le portent. Ils sont aux nombres de dix et chacun à sa propre personnalité, son propre schéma de pensée parfaitement défini. Pas un ne ressemble à l'autre et chacun a ses petits défauts. Rapidement, on arrive à s'attacher à eux, que se soit l'alcoolique du groupe, le mécène obsédé par sa future découverte, la femme "améliorée", le mystèrieux commandant ou les autres. Ils sont le vrai point fort du roman, eux mais aussi le onzième personnage qui apparait petit à petit.

Bien sur, il n'y a pas que les personnages qui font que le Volcryn s'apparente rapidement à un page-turner. L'histoire en elle-même prend la tournure d'un bon vieux thriller psychologique qui va virer au sanglant (non il n'y a pas que dans le Trone de Fer que Martin s'amure à tuer tout le monde ou presque). Et ça, il s'est parfaitement s'y prendre, distillant petit à petit les informations, faisant monter la tension au sein de l'Armaggedon mais aussi dans le cerveau du lecteur. On se prend vite au jeu, essayant de découvrir ce qu'il se passe réellement et cela jusqu'à la toute fin.

Au final, le Volcryn est un bon roman de SF, palpitant et plutôt passionnant. Malgré le déjà-vu de l'histoire, Martin s'en sort plus que bien grace à des bons personnages et une tension toujours à son comble. 

lundi 21 septembre 2015

Salem, Stephen King

Cela faisait un petit moment que je n'avais pas lu un Stephen King (un peu plus d'un an). J'aime toujours autant me replonger dans ces univers de temps à autre et découvrir enfin tous les livres que je n'ai pas lu de lui (et il y a en a beaucoup trop)

Salem, Stephen King

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2009 pour cette édition augmentée
Titre en VO : Salem's Lot
Année de parution en VO : 1977
Nombre de pages : 827

A lire si :
- Vous voulez du vampire
- Vous voulez de l'horreur sans le côté gore de la chose
- Vous voulez une histoire prenante

A ne pas lire si :
- Vous voulez autre chose qu'une réécriture de Dracula
- Vous n'avez pas envie de vous faire peur tout seul...

Présentation de l'éditeur

Comment une petite bourgade du Maine peut elle, du jour au lendemain, devenir une ville fantôme ? Jerusalem's Lot - Salem - n'avait pourtant pas de caractéristiques particulières sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure - Marsten House - inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingts ans auparavant. Et lorsque Ben mears y revient, c'est seulement pour y retrouver ses souvenirs d'enfance. Mais très vite, il devrait se rendre à l'évidence : il se passe des choses très étrange à Salem. Un chien est immolé, un enfant disparaît et l'horreur s'infiltre, s'étend, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem ...

Mon avis

C'est marrant ça, j'ai toujours cru que Salem parlerait de sorcière. Ben oui, l'association entre Salem et les sorcières est tout de même vite faite. J'avais juste oublié qu'aux USA, il existe pas mal de Salem et que seule celle située dans le Massachusetts a eu droit au procès des sorcières. Tu me diras, le Massachusetts et le Maine, c'est pas non plus ultra éloigné. Le Salem de Stephen King est donc dans le Maine, état chéri de l'auteur. Et ce n'est donc pas de sorcières dont il va être question, mais finalement de bien pire, des vampires.

Bienvenu donc à Jerusalem's Lot. Nous allons y suivre en premier lieu Ben Mears, auteur de son état, venu dans la ville de son enfance afin d’exorciser une mauvaise passe et pourquoi pas écrire un livre sur Marsten House, étrange demeure dominant la ville. Il faut dire que la maison a un passé pour le moins terrifiant. Entre meurtre et suicide, une aura maléfique pèse sur elle. Il a lui même fait les frais de cette aura, étant enfant. Alors qu'il s'installe et que lui vient l'idée de louer Marsten House, il apprend que quelqu'un l'a acheté. Tant pis pour lui. Mais rapidement, des événements étranges commencent à apparaître. Un chien assassiné et suspendu à la grille du cimetière, un enfant qui disparaît, son frère aîné mourant d'anémie... Et ce n'est que le début. Et tout cela semble ramener Ben vers Marsten House.

Stephen King ne s'est jamais caché d'avoir voulu faire sa version de Dracula. Un Dracula qui débarquerait en Amérique à notre époque (enfin, dans les 70's). Il reprend donc la plupart des thèmes du livre de Bran Stoker mais arrive tout de même à faire un roman à part entière qui n'a surement rien à envier à son prédécesseur (que j'ai dans ma PAL mais que je n'ai toujours pas lu). Il y ajoute aussi son petit truc à lui, c'est à dire la création d'une ambiance noire, horrifique même, des personnages que l'on aime à suivre et une critique sociale plutôt bien pensé et allant parfaitement avec son thème.

Commençons par les personnages. J'ai apprécié qu'aucun d'eux ne soient une espèce de super personnage qui sait tout, ne doute pas et arrive à ce qu'il veut facilement. J'ai aussi apprécié de voir le scepticisme de chacun, à un moment ou autre devant la question du vampire. Aucun ne veut y croire, et pourtant, c'est bel et bien là. Si les personnages principaux sont bien foutu, il en va de même avec les secondaires, plus là pour montrer à quel point Salem se meurt que pour autre chose mais qui font parfaitement leur job. Quant aux méchants, si finalement, on les voit peu, ils foutent tout de même bien la trouille sans en faire trop non plus. L'ambiance, elle, est délicieuse pour ceux qui aiment les ambiances horrifiques. La petite ville de Salem commence petit à petit à mourir, devenir juste une ville dortoir où plus rien ne se passe. Marsten House domine tout cela, y déposant une ombre gigantesque et plutôt morbide. A la nuit tombée, cela devient pire. Comme je le disais, il n'y a pas d'horreur-gore dans ce livre, tout est fait pour que l'on frisonne la nuit, que l'on vérifie cinquante fois si les portes et fenêtres sont bien fermées. Non, Stephen King nous renvoie vers nos peurs d'enfants et il fait ça bien. Et puis, il y a la critique. Celle de ces villes qui tombent en décrépitude, qui deviennent juste cité-dortoir. Celle des gens qui y vivent et qui finalement, sont tellement corrompu par trop de chose que plus rien ne semble possible pour eux. En quelques nuits, Stephen King arrive à nous donner le sort de la ville et de ses habitants, qui s'y ont enlevé la partie fantastique n'est pas si loin de la réalité.Le seul petit défaut que je trouverais au roman concerne finalement Marsten House et son ambiance maison hantée qui n'est peut-être pas finalement assez exploitée pour moi. Mais autant le dire, l'une des deux nouvelles suivant le roman exploite cela beaucoup plus.

Mais mon édition ne s’arrête pas au roman en lui-même. Elle nous permet aussi de découvrir deux nouvelles tournant autour de Salem. La première, Un dernier pour la route, est une sorte d'épilogue au roman, se passant quelques temps plus tard. Si nous y retrouvons un peu l'ambiance du roman, et que j'ai bien aimé la fin, elle ne m'a par contre pas fait beaucoup d'effet. La seconde, Celui qui garde le ver, m'a beaucoup plus marqué. Déjà par les influences de celle-ci, on y trouve du Lovecraft, mais aussi du Poe, mais aussi par son ambiance. Faite à base de lettres et d'extrait de journal intime, elle nous montre comment le mal s'est abattu une première fois sur Salem. Je dois bien avouer qu'avec ses non-dit et son ambiance, elle m'a un peu fouttu la trouille. Les deux nouvelles peuvent être retrouvées dans le recueil Danse Macabre. Il y a aussi des scènes coupées au montage (on se croirait au cinéma là), particulièrement intéressante lorsqu'on se passionne pour l'écriture et la genèse d'un roman.

Au final, Salem est devenu pour l'instant mon King préféré, avec juste derrière Shining. J'ai clairement tout aimé dans le roman, les personnages, l'histoire et cette ambiance si particulière qu'on les premiers livres de l'auteur (Salem étant son second publié). 

vendredi 18 septembre 2015

Stranger in a Strange Land, Les Foulards Rouges, épisode 4, saison 2, Cécile Duquenne

Hier, c'était jour des Foulards Rouges. Nous voilà arrivé au quatrième épisode de la saison deux, soit presque au milieu de la saison (sept épisodes comme pour la première).

Stranger in a Strange Land, Les Foulards Rouges, épisode 4, saison 2, Cécile Duquenne

Editeur : Bragelonne
Collection : Snark
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si : 
- Vous avez lu et aimé la première saison
- Vous voulez une série qui mélange les genres avec bonheur

A ne pas lire si :
-... (toujours pas trouvé pourquoi il ne faudrait pas les lires, les Foulards Rouges)

Présentation de l'éditeur : 

Retrouvez l'incroyable et saisissante Lara dans son périple avec la saison 2 des Foulards Rouges de Cécile Duquenne ! (tiens, ils ont fait court pour la quatrième Bragelonne cette fois).

Mon avis

Retrouver les Foulards Rouges chaque mois reste pour moi un véritable petit bonheur. C'est ma petite bulle à moi, celle qui fait du bien. Bref, une série doudou qui fait du bien et qui est vraiment super top.

Ce mois-ci, nous retrouvons donc Lara en plein bush australien, terre qui n'a pas grand chose finalement à envier à Bagne que se soit par son paysage désertique ou les gens qui le peuple. D'ailleurs, on aurait presque l'impression d'être revenu sur la planète prison dans cet épisode. On y retrouve réellement cette ambiance, et aussi une partie de la Lady Bang de Bagne. Mais si Lara est le personnage point de vue avec le plus grand nombre de page, je dois avouer que ce n'est pas son côté à elle qui m'a le plus intéresser sur le coup. Parce que si elle fait avance l'histoire présente, Renaud lui permet d'en apprendre un peu plus sur le passé et donc de faire lui aussi avancer l'histoire présente mais surtout de mieux comprendre ce qu'il se passe au final.

Et franchement, cette partie-là, elle est géniale. Géniale parce qu'outre le fait que j'aime particulièrement Renaud, on y apprend vraiment beaucoup, sur lui, mais aussi sur les thaumaturges, et sur le personnage qui risque fort de devenir l'antagoniste principal. Et ce personnage-là, il risque de faire des étincelles. Mais revenons un peu sur le passé de Renaud. C'est assez marrant de le découvrir parce que jusque là, on ne savait quasi rien du jeune homme, juste les quelques brides qu'il donne à Lara, de temps à autre, et ce que Killian peut dire sur ce qu'il a pu se passer entre eux. Renaud prend donc une autre dimension, et nous nous commençons vraiment à comprendre cette haine pour le Parti de la Paix (bon, on se doutait que c'était pas gratuit, mais savoir vraiment pourquoi, c'est bien aussi).

Autre chose appréciable, le petit groupe qui s'est formé autour de Lara, Renaud et Killian commence à prendre un peu plus d'importance. Je commence à bien les apprécier ces petits jeunes et surtout, ils ne sont pas là que pour donner quelques répliques aux trois autres. Non, leurs rôles se définissent de plus en plus, comme leurs caractères. J'ai hâte de les voir un peu plus en action, je dois bien l'avouer.

Et puis, il y a la fin de l'épisode, qui annonce surement un épisode 5 un peu plus "action" pour Lara et le petit groupe. Pas forcément de gros cliffhanger (quoi, deux épisodes sans gros cliffhanger ? oui, c'est possible), mais tout de même, il y a toujours cette tension qui fait le charme des fins d'épisode des Foulards Rouges. 

Pour conclure donc par encore un très bon épisode. Un épisode de mi-saison comme je les apprécie, qui marque un certain tournant dans l'histoire, qui en dit beaucoup et en même temps si peu. Et puis, forcément, il faut à nouveau attendre un mois de plus, et ça, ça devient très très dur. J'allais oublier aussi de parler du titre, qui va si bien avec un dialogue à la fin de l'épisode et surtout avec ce sentiment de n'être pas être chez soi malgré l'attente de celui-ci qui me parle plutôt beaucoup (et qui en plus fait un petit écho avec ma lecture d'Exil cet été)

lundi 14 septembre 2015

Seul le Silence, R.J. Ellory

Ça faisait un moment que j'avais envie de lire un Ellory, tellement j'en entends du bien. Et puis, je n'avais pas lu de thriller depuis un petit moment. Alors, je me suis lancée

Seul le Silence, R.J. Ellory

Editeur : Sonatine
Collection : /
Année de parution : 2012
Titre en VO : A quiet belief in angels
Année de parution en VO : 2007
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez une plongée dans l’Amérique des années 40 à 70
- Vous voulez un livre noir 

A ne pas lire si :
- Vous voulez une enquête dans les règles de l'art

Présentation de l'éditeur : 

Joseph a douze ans lorsqu'il découvre dans son village de Géorgie le corps d'une fillette assassinée. Une des premières victimes d'une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l'affaire semble enfin élucidée, Joseph s'installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d'enfants se multiplient... Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu'il met en jeu.

Mon avis

Je ne suis pas une grande lectrice de thriller et autres livres policiers. J'en lis, mais peu. Je pense que j'en ai trop lu plus jeune et que j'ai fini par me lasser de tout cela. Toujours les mêmes choses, mêmes enquêtes, mêmes personnages... Je me suis lassée et j'ai parfois du mal à revenir vers ce genre que pourtant j'apprécie régulièrement. Du coup, lorsque ce Ellory a été proposé dans les découvertes de l'été sur l'Ibookstore, je me suis dis pourquoi pas. En plus, je ne perdais pas grand chose, il était gratuit à ce moment-là. Non parce que j'ai un peu peur d'Ellory, de sa réputation dans la blogosphère. Auteur souvent apprécié de tous, ça pouvait fort bien ne pas passer avec moi. Ben oui, parfois, ce genre d'auteur ne me plait pas, et j'ai du mal à comprendre pourquoi ils sont tellement encensés sur les blogs. Mais, pas d’inquiétude, cette fois, j'ai apprécié.

Seul le silence, c'est l'histoire de Joseph Vaughan. Enfant, sa ville est la victime d'un tueur en série qui s'attaque aux petites filles. Joseph va rapidement se retrouver au cœur de la tourmente. Parce qu'il va trouver l'un des corps, parce que son voisin, un allemand est soupçonné des meurtres, parce que sa mère couche avec le dit voisin... Et puis, Joseph grandit, avec toujours au fond de lui cette affaire qu'il ne peut oublier. Car tout y revient. Alors qu'il pense avoir trouvé le bonheur, un événement le pousse à prendre le large, partir. Mais une nouvelle fois, il se voit ramener en Géorgie à la poursuite de son passé.

Nous suivons donc Joseph, de son enfance à l'âge adulte. On y suit son parcours, avec toujours en filigrane les meurtres des petites filles. On découvre un personnage hanté qui essaye de se sortir du cauchemar par tous les moyens. Mais la vie ne lui fait pas vraiment de cadeau. Pourtant, Joseph se relève à chaque fois, grace aux femmes qu'il va aimer, à ses amis aussi, mais surtout à cette envie de découvrir qui est l'assassin, qui a fait de sa vie cet enfer dans lequel il se noie depuis l'enfance. Mais on y découvre aussi l'Amérique à partir des années 40. Une Amérique forcée d'entrer en guerre, qui voit ses enfants se battre sur le sol étranger tandis que chez elle, le chaos règne. Une Amérique qui se relève de trop de chose et qui voit de nouvelles horreurs sur son sol. Mais là aussi, on décéle l'espoir, le même qui mène Joseph Vaughan a continué. Les deux histoires, celle de Joseph et celle de cette Amérique s'entremêle parfaitement, donnant ce côté sombre au livre et à l'histoire. Et puis, il y a les thèmes. Celui de l'adultère d'abord, de l'enfance volé, mais aussi de la vie volée tout court, le deuil, la folie,  l'injustice judiciaire... Ellory aborde vraiment beaucoup de chose, mais il le fait plutôt bien, toujours en accord avec son histoire. Le seul problème à cela, c'est que du coup, on a l'impression que ce pauvre Joseph n'a réellement pas de chance. Il lui tombe dessus tous les malheurs de la terre. Et il faut dire que ça, ça m'a quand même un peu dérangé. 

Tout comme les quelques lenteurs dans le livre. Parce que oui, il y a des lenteurs. La première partie, la jeunesse est des plus intéressantes puisqu'elle met en avant le plus gros de l'histoire et surtout parce qu'elle avance plutôt vite et bien. C'est à partir de la seconde partie, lorsque Joseph part d'Augusta Fall que cela commence à devenir long. Pas que la vie de Joseph n'est pas intéressante, juste que l'on avance absolument pas sur la recherche du meurtrier. Alors, forcément, on a l'impression de piétiner. Jusqu'à finalement, les 100 dernières pages, où enfin, le puzzle finit par se mettre en place. Heureusement pour cette partie, l'écriture d'Ellory réussit à sortir le lecteur de ce qui pourrait rapidement devenir ennuyeux. 

Au final, j'ai aimé cette fresque de l'Amérique, l'histoire de Joseph aussi et surtout l'écriture de RJ Ellory. Le roman se lit vraiment bien et on est rapidement embarqué dedans. Le seul inconvénient, c'est donc cette seconde partie, trop longue pour moi et qui au final, n'apporte pas grand chose sur l'enquête elle-même (mais en apporte quand même sur Joseph)






dimanche 13 septembre 2015

Le Pape, le Kid et L'Iroquois, Anonyme

Un roman qui rassemble les deux anti-héros d'Anonyme, j'ai nommé le Bourbon Kid et l'Iroquois et je fonce à ma librairie l'acheter le jour de sa sortie. Pire, j'arrête la lecture de Salem (pour une journée et demi, il va pas se plaindre) pour pouvoir le dévorer.

Le Pape, le Kid et L'Iroquois, Anonyme

Editeur : Sonatine
Collection :/
Année de parution : 2015
Titre en VO : The Plot to kill the Pape
Année de parution en VO : 2014
Nombre de pages : 459

A lire si :
- Vous voulez la rencontre entre le Kid et l'Iroquois
- Vous voulez du pulp

A ne pas lire si :
- La violence c'est pas votre truc
- Ni les situations qui semblent totalement absurdes
- Vous n'avez pas le moindre sens de l'humour

Présentation de l'éditeur

Vous aimez Grease, le Pape et les psychopathes ? La rencontre explosive du Boubon Kid et du tueur à l'Iroquoise... D'un côté, le Bourbon Kid, tenant du titre du tueur en série le plus impitoyable et le plus mystérieux que la terre n'ait jamais porté. De l'autre, avec plus d'une centaine de victimes à son actif, l'Iroquois, blouson de cuir rouge, masque d'Halloween surmonté d'une crête, challenger et sérieux prétendant au titre.
Le combat s'annonce terrible. Dans les coulisses : une organisation gouvernementale américaine top secrète spécialisée dans les opérations fantômes, une nonne, un sosie d'Elvis, quelques Hells Angels et une cible de choix pour nos psychopathes frénétiques : le pape, en voyage secret aux Etats-Unis. Sur la musique de Grease, nous vous convions au spectacle littéraire le plus déjanté de la décennie.

Mon avis

Comm je le disais en intro, je me suis un peu jeté sur ce roman dès le jour de sa sortie. J'ai tellement aimé les quatre romans du Bourbon Kid ainsi que Psycho Killer ensuite que franchement, je ne pouvais que faire ça. Et puis, ce titre, il présageait pour moi le retour du Kid, alors forcément. Je t'ai déjà dit que j'aimais tout particulièrement le Bourbon Kid ? 

Et le roman commence fort. Premières pages, premier meurtre. Oui, ça, ça ne change pas. C'est une recette qui fonctionne depuis le début, pourquoi la changer ? Et puis, ça donne déjà le ton du livre. Et puis rapidement, il apparait, dans l'ombre, comme souvent. Et là, mon petit coeur il a fait boum. Le Kid est bien là, et il n'est pas seul. Avec lui, arrive quelques personnages du Livre sans nom et ça fait bien plaisir (même s'il manque un personnage à ce livre, Sanchez...)(oui, c'est triste, je sais)(mais un autre prend un peu sa place et c'est tout aussi jouissif). Et puis, on repasse à l'Iroquois. Car si le Kid et ses potes sont là, c'est surtout l'Iroquois et les personnages de Psycho Killer encore en vie qui vont faire le show. Un show à l'image de tous les autres livres d'Anonymes, sanglant, brutal et avec un humour à tomber par terre. 

D'ailleurs, j'ai trouvé que l'humour était vachement plus présent dans ce tome que dans les autres. Les dialogues sont délicieux, et prête à rire sans le moindre problème, surtout dans les situations un peu dramatiques ou périlleuse. Il en va de même avec la pop culture, toujours bien présente. Si ça parle Grease dans la quatrième, on ne retrouve pas que cela, il y a du slasher avec Carpenter par exemple, mais aussi du Breaking Bad, du Zombieland et j'en passe. Bref, c'est jouissif, encore une fois. 

Et puis, il y a ce qui m'a un peu déçue, par rapport au titre et au reste. Déjà, il manque Sanchez donc. Et puis, le Kid apparait mais pas tant que ça. Et là, je suis triste. Parce que moi, j'aime plus le Kid que l'Iroquois. Ensuite, si l'histoire est fort sympa, elle va un peu trop vite et j'ai trouvé que ça manquait un peu d'action. Oui, le début est lent, en fait. Plus lent que ce à quoi nous avions été habitué. Mais ce n'est qu'un petit détail, car si ça manque un peu de baston, ça ne manque absolument pas d'humour et de scène totalement incroyable.

Au final, si je n'ai pas eu le coup de coeur des autres romans, j'ai pris grand plaisir à le lire. Surtout qu'il faut avouer que c'est un véritable page-tuner qui m'aurait tenu éveillée toute une nuit (fallait que je le finisse, un point c'est tout). Et puis, l'épilogue annonce une chose qui va être fort sympathique je le sens et surtout qui nous dit qu'on en a pas fini avec tout ce petit monde, du tout. Et ça, c'est juste génial. Bon par contre, ça m'a plus que donné envie de relire les premiers romans d'anonyme et ça va pas faire plaisir à ma PAL tout ça...

lundi 7 septembre 2015

J'irais cracher sur vos tombes, Vernom Sullivan/Boris Vian

J'irais cracher sur vos tombes, c'est le genre de livre dont tout le monde parle, en bien ou en mal et que tu sais, forcément, qu'il va falloir le lire un jour. Il a passé deux ans dans ma PAL avant que je ne me jette à l'eau. Et pour tout dire, il a été loin de ce que j'espérai pour lui.

J'irais cracher sur vos tombes, Vernom Sullivan/Boris Vian

Editeur ; Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2007 pour mon édition, 1946 pour l'original
Nombre de pages : 220

A lire si :
- Vous voulez être choqué
- Vous savez lire entre les lignes

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas le porno, la violence et tout ce qui va avec.

Présentation de l'éditeur :


Si vous le lisez avec l'espoir de trouver dans J'irai cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu.
Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous l'y trouverez. Il n'y a pas beaucoup d'écrits de Vian dont il ne suffise de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : " Tiens, c'est du Vian ! " Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire autant. Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler.
Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, c'est vraiment être avec eux. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent.Ca ne se pardonne pas, ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné... Delfeil de Ton.


Mon avis

Comme je le disais en introduction, il y a des livres qu'on a envie de lire à force d'en entendre parler. J'irais cracher sur vos tombes en fait partie. J'ai toujours été attiré par ce titre, peut-être parce que je suis grande fan de Saez (et que je voue un culte à J'irais baiser sur vos tombes, chanson tirée de Katagena, son second album), peut-être parce que les livres à réputation sulfureuse me plaisent. Bref, je me devais de le lire. Et pourtant, il y a trainé des lustres dans l'étagère de la PAL. Parce que justement, l'aura sulfureuse me faisait tout de même un peu hésité et qu'une personne dont l'avis est souvent le même que le mien n'a pas du tout aimé. J'ai tout de même fini par le sortir de la PAL. 

En 1946, Boris Vian prend le pseudo de Vernon Sullivan pour écrire ce livre, suite à une espèce de pari. Il voulait écrire un livre noir, un peu comme Tropiques du Cancer sorti en 1939. Adieu donc la plume si inventive de l'Ecume des Jours, bienvenu le roman plus "terre à terre". Il se fait donc passer pour un auteur noir américain et écrit un roman dont le héros est un mulâtre (soit avec du sang noir et blanc), dont la peau est assez blanche pour passer pour un blanc. L'homme se lance dans une vengeance contre les blancs suite au lynchage de son petit frère, coupable d'avoir aimé une blanche. L'idée était donc de faire un roman dénonçant l'absurdité des lynchages de noir aux USA, ainsi que celle de la vengeance d'ailleurs. Et pour cela, Vian/Sullivan décida de le faire de manière choquante. Car, on le sait tous, plus ça choque, plus ça reste dans l'esprit (regardons notre problème actualité avec la photo du jeune syrien de trois ans, mort sur la plage suite au chavirage de l'embarcation de fortune qu'il a dut prendre avec sa famille pour fuir un pays dévasté). 

Du coup, Vian/Sullivan offre à ses lecteurs un roman ultra violent avec  ce qu'il faut de pornographie dedans. Et c'est cette partie là qui fâche chez moi. En elle même, la pornographie n'a rien de bien "choquant" (enfin, ça dépend l'état d'esprit de la personne aussi). Qu'un mec couche avec toutes les femmes qu'il croise, soit. Ca peut plaire ou non. Le fait que l'homme est vingt-six ans et que les femmes en question en est dix de moins, ça commence déjà à me gener un peu plus. Celui que la plupart du temps, ça ressemble quand même vachement à un viol, ou une tentavie, là ça me dérange réellement. Or, c'est clairement ce qu'il se passe la plupart du temps. L'homme, Lee, va baiser tout ce qui a une paire de sein, de manière généralement violente, la fille prise au dépourvu ou trop bourrée pour s'en rendre compte. Déjà, le sentiment de malaise s'installe. Et puis, il y a cette scène, ignoble et gratuite où le narrateur et l'un de ses potes se payent des prostitués d'une dizaine d'années. Pouf, passage de la pornographie à la pédopornographie et là, pour moi, c'est pas possible. Comme je le disais, c'est gratuit, ça aurait très bien pu  ne pas être là et c'est juste dégueulasse, parce que les pauvres gamines ne comprennent que trop tard ce qui leur arrive, parce que les deux hommes n'en ont rien à foutre. Et du coup, ça a plombé ma lecture, mais carrément. Franchement, y avait-il vraiment besoin de cette scène ? Le reste, je l'ai lu en mode automatique, avec toujours cette envie de vomir. Une simple scène est voilà toute la lecture qui en prend un coup. Moi qui avait aimé Vian dans l'Ecume des Jours et l'Attrape-cœur, j'ai carrément été dégoutté par ce J'irais cracher.

Du coup, je n'ai pas aimé le livre, forcément. Du tout. Dommage, parce que l'idée de choquer pour faire réagir était sympa, parce que l'histoire, si on lui enlève ces scènes de sexe était plutôt sympa. Mais là, non. Je ne peux pas. Cette scène aura tout gâché pour moi ; le message du livre, le plaisir de lecture aussi. Sans elle, mon avis aurait été bien différent, mais elle est là.

Le Cabinet du Docteur Black, E.B. Hudspeth

Cela faisait un petit moment que la couverture de ce livre me plaisait beaucoup dans la librairie. J'ai finalement décidé de le prendre, après l'avoir un peu feuilleté.

Le Cabinet du Docteur Black, E.B. Hudspeth

Editeur : Le pré aux clercs
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO : The Ressurectionist
Année de parution en VO : 2013
Nombre de pages : 192

A lire si :
- Vous voulez quelque chose d'un peu étrange, gothique
- Vous aimez les planches d'anatomie

A ne pas lire si :
- Vous voulez une histoire romancée

Présentation de l'éditeur :

Fin 1870 à Philadelphie. L'étrange docteur Black, un chirurgien controversé, fils d'un pilleur de tombes, travaille dans son bureau à la lueur d'une lampe à huile. Il est l'auteur d'une étrange théorie qui fait frémir ses contemporains : le Minotaure, les satyres, les chimères, les harpies, les dragons, Pégase, les sirènes... seraient en fait des créatures de chair et de sang qui auraient vécu sur terre avant la race humaine. Ils ne seraient ni plus ni moins que nos ancêtres... Ce savant fou étaye son travail à l'aide de planches anatomiques absolument incroyables qui démontrent au fil des pages l'improbable parenté entre les squelettes humains et ceux d'un fabuleux bestiaire fantastique.

Mon avis

Commençons par le livre en lui-même, l'objet livre. C'est un très bel objet, lourd aux pages plutôt épaisses, agréables au toucher. Ce qu'on voit sur l'image de présentation est en fait une couverture à rabat que l'on peut enlever (ce qui serait un peu dommage pour le coup, parce qu'elle est super belle) pour avoir une couverture ressemblant à celle de livre ancien, donnant au livre un petit aspect grimoire qui lui sied parfaitement.

Mais il faut avouer que le plus intéressant se trouve à l'intérieur. La première partie, environ le tiers du livre, est consacrée au fameux Dr Spencer Black. L'homme était un médecin prodigue. A l'âge de même pas vingt et un ans, sa réputation était faite. Jeune homme prometteur, il était la "star" de l'Académie de médecine de Philadelphie. Mais petit à petit, voilà qu'il commence à avoir des idées un peu particulière, je dirais. Persuadé que les malformations que peut subir l'homme sont en fait une preuve de son évolution, il va se plonger dans l'étude des "difformes", pour petit à petit prouver que l'homme descend de créatures mythologique. Forcément, ça ne va pas plaire et il va sombrer dans une espèce de folie. Cette partie pourrait carrément faire partie d'une encyclopédie. Personnellement, cela ne me dérange pas, mais je sais que certain aurait préféré un truc un peu plus romancé. Il faut dire que la vie du Dr Black est assez pleine de rebondissement pour en faire un roman sympathique et bien gothique ou un film.

La partie suivante, qui prend la majorité du livre, concerne le dernier travail connu du Dr Black, le fameux Codex Extint Animalia. Un livre de planche anatomique de six créatures mythologiques que Black aurait fait édité en 6 exemplaires avant de tout arrêter et de disparaître dans la nature. Cette partie peut rapidement ennuyée. Elle se compose en fait de planches anatomiques de créatures mythologique (sphynx, harpie, sirène, cerbère, centaure et autre), le tout avec un petit texte de présentation de la main du Dr Black. Les planches sont superbement illustrées, tous les détails étant parfaitement rendus. Mais comme je le disais, cela peut devenir vite ennuyeux puisque les planches se suivent et pour certaines se ressemblent. Il n'en reste pas moins que c'est super bien fait et plutôt passionnant en fait (dès que ça plait). Bref, une partie à double trachant qui je pense divisera les lecteurs.

Au final, j'ai beaucoup aimé ce livre, que se soit la partie biographie (j'adore ce genre de chose, un peu encyclopédique) que celles anatomiques (même si pour celle-là, j'ai fini par me lasser un peu à un moment). Son côté gothique (attention, j'ai beaucoup parlé gothique aujourd'hui, et c'est bien du courant littéraire, non pas de la "mode"), un peu malsain, cabinet de curiosité m'a plus qu'emballé (mais ce sont des choses que j'adore, donc forcément). Et puis, il est quand même super classe dans ma bibliothèque (même si Poupette n'aime pas vraiment la couverture)(obliger de la cacher la plupart du temps à cause de ça).

vendredi 4 septembre 2015

Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Souvent, lorsque j'ai trop de livres dans la PAL et aucun qui ne me dise vraiment au premier abord, je fais un tour sur le générateur de livre au hasard de livraddict. Petit programme fort sympa qui débloque un peu des vieux livres de la PAL. Je trouve amusant qu'après une lecture papier de Vita Sackville West, il me propose un Virginia Woolf. Comme si c'était fait exprès.

Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Editeur : Folio
Collection : Classique
Année de parution : 2005 pour celle-ci
Titre en Vo : Mrs Dalloway
Année de parution en VO : 1925
Nombre de pages : 358 (le roman en lui-même doit en faire environ 250, mais on retrouve un avant-propos très long (pas lu d'ailleurs, je le ferais ce soir, il en révèle souvent trop de l'histoire), une chronologie de la vie de l'auteure, les notes de bas de pages en fin de roman, une carte, une petite histoire de l'écriture du livre et une bibliographie des écrits de l'auteure)

A lire si :
- Vous aimez le Londres du début des années 1900
- Vous aimez les histoires dans les histoires

A ne pas lire si :
- Vous voulez des passages bien délimités pour chaque personnage
- Vous voulez de l'action

Présentation de l'éditeur : 

Le roman, publié en 1925, raconte la journée d'une femme élégante de Londres, en mêlant impressions présentes et souvenirs, personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres de sa famille et de son entourage.
Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l'immobilité. La qualité la plus importante du livre est d'être un roman poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C'est pourquoi c'est peut-être le chef-d'œuvre de l'auteur - la plus grande romancière anglaise du XXe siècle.

Mon avis

Mrs Dalloway est le troisième livre que je lis de Virginia Woolf et pour le moment, le plus accessible des trois, je dirais. Après avoir lu les soliloques des personnages de Les Vagues, revenir à une narration un tout petit peu plus classique chez Woolf fait du bien. Enfin, classique. Nous parlons là de Virginia Woolf, qui finalement ne fait pas grand chose comme les auteurs de son époque que j'ai pu déjà lire.

Cette fois, elle nous embarque dans une journée de la vie de Clarissa Dalloway, femme mondaine de Londres. De sa promenade matinale pour trouver des fleurs à la fin de la journée et donc de sa soirée, nous allons suivre cette charmante dame. Mais comme souvent, Woolf ne se contente pas de ce seul personnages et petit à petit, va en introduire d'autres que nous suivrons aussi, parfois longtemps, parfois sur seulement quelques lignes. Le tout formant un ensemble comparable à celui de Vers le Phare (même si Mrs Dalloway a été écrit avant vers le Phare, je ne peux m'empêcher vu mon ordre de lecture de faire cette comparaison). Finalement, ce n'est donc pas réellement les actions des personnages que nous suivons mais leurs pensées. Et à travers ces pensées, c'est la vie londonienne qui nous apparaît. Mais pas que.

Alors bien sur, oui, nous visitons Londres. On penserait pas forcément le faire vu que l'intrigue reste la préparation du dîner chez les Dalloway et surtout que la Clarissa de cette journée-là va sortir uniquement le matin. Mais Virginia Woolf passa d'un personnage à l'autre ultra rapidement et surtout facilement en suivant le cours de leurs pensées, nous voyageons dans quasiment tous les quartiers et cela au son de ce cher Big Ben. Mais en plus de cela, nous nous promenons dans la vie des personnages. Et c'est là que j'adore Virginia Woolf, capable de faire des retours en arrière particulièrement interessant sans toutefois perdre le fils du présent. Ce genre de procédé sera aussi utilisé sur Vers le Phare, mais de manière moindre. Ici, certains personnages vont nous renvoyer dans leur passé par la pensée, sur certains événements ayant à voir avec les gens ou les lieux en face d'eux. Du coup, ce qui est super sympa, c'est qu'on finit par connaitre les personnages parfaitement (plus particulièrement Clarissa, Peter, Septimus ou Rezia), leurs vies. J'adore ça personnellement.

Et puis, derrière cette histoire qui semble pour le coup peu intéressante sur la préparation d'une soirée, il y a surtout cette vision sa vision de la dégénérescence mentale. Elle utilise plus particulièrement les personnages de Clarissa et de Septimus pour cela. Clarissa qui souffre un peu de sa vie, qui semble pourtant tellement géniale pour l'époque. Septimus, revenant de la première guerre mondiale, dont le cerveau et la psychée ont grandement souffert et qui petit à petit sombre dans la dépression et la folie. D'ailleurs, mon édition, et plus particulièrement dans la partie sur l'écriture de Mrs Dalloway, les passages du journal de Virginia insiste sur le fait que c'est finalement d'elle et de ce qui lui arrive (elle est dans une de ses périodes de dépression, semble-t-il) dont elle parle. Elle met du coup une touche personnelle (comme souvent dans ses romans) qui les rendent encore plus interessant. 

Tiens, j'aimerais bien revenir sur l'écriture du roman d'ailleurs. A la base, Virginia a écrit deux nouvelles, qui sont par la suite devenue le début de Mrs Dalloway. Dans l'idée, elle voulait faire de cette journée là, de ces personnages là, les éléments d'une sorte de recueil. Puis finalement, elle va en faire un roman, remaniant les deux premières nouvelles pour en faire le début, changeant la fin qu'elle entrapercevait au début (Clarissa devait mourir, se suicider apparemment, dans les versions nouvelles) et surtout y mettant finalement plus d'elle-même que prévu. On découvre aussi que le couple Dalloway a déjà fait une apparition dans l'un des romans de l'auteure The Voyage Out, traduit en français par la Traversée des apparences. Bref, comme souvent avec la collection Folio Classique, on trouve plein plein de chose super passionnante à la fin. Pour info, la plupart des nouvelles concernant Mrs Dalloway ont été publié dans des recueils

Au final, on comprend mieux pourquoi Mrs Dalloway est le roman le plus connu de Virginia et peut-être aussi le plus apprécié. Entre l'écriture, toujours parfaite, de Virginia Woolf, le flux de conscience qui sert de narration mais aussi l'histoire et sa manière d'être mise en forme, tout est fait pour que ce livre soit un grand classique. Il est aussi parfaitement représentatif de son auteure (sexualité diverse, dépression, alitération de l'être...) mais aussi de son époque. Bref, un grand roman, vraiment (même si je lui préfére pour l'instant les Vagues, quoique sa lecture ne soit pas simple)

jeudi 3 septembre 2015

Avoir un corps, Brigitte Giraud

J'ai pris ce livre proposé pour un temps, cet été, gratuitement sur l'ibookstore, sans trop savoir à quoi m'attendre (je ne résiste pas aux livres gratuits...). Je ne connaissais pas l'auteure, j'ai lu le résumé en quatrième vitesse, je me suis dis que j'allais tenté. Et puis, ce titre, il m'inspirait bien en tout cas

Avoir un corps, Brigitte Giraud

Editeur : Stock
Collection : /
Année de parution : 2014
Format : epub

A lire si ;
- Vous aimez les livres sans dialogue
- Vous n'avez pas forcément besoin de vous identifier au narrateur
- Vous voulez une histoire sans mystère

A ne pas lire si ;
- Il vous faut une histoire qui sorte un peu de l'ordinaire
- Vous voulez une histoire qui ne déshumanise pas les personnages

Présentation de l'éditeur : 

« Des vêtements à peine écartés, des ventres et des reins maladroitement caressés. Des intentions plus que des actes. On donne, on offre, on laisse à l’autre le soin de prendre, de saisir, de posséder. Mais l’autre est dans le trouble de la conquête, avec le trop-plein de lumière qui éclaire la chambre. Il est difficile d’accéder au secret en plein jour. Alors les yeux se ferment, les doigts s’agrippent et les cuisses s’extraient des pantalons. Il cherche, soulève, accélère. Je veux bien, veux tout, ne résiste pas. » Avoir un corps est la trajectoire d’une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l’existence, véritable aventure au quotidien où il est question d’éducation, de pudeur, de séduction, d’équilibre, d’amour, de sensualité, de travail, de maternité, d’ivresse, de deuil et de métamorphoses. L’écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques.

Mon avis

Avoir un corps est un roman étrange. Etrange parce qu'il ne raconte pas la femme, la narratrice, mais son corps, ses sensations. C'est un concept qui peut s’avérer très sympathique, mais peut-être aussi très ennuyeux. Nous perdons facilement de vue que le dit corps appartient à quelqu'un, une femme, et qu'elle rencontre d'autres personnes et non d'autres corps.

J'avoue que c'est ce qui m'a le plus chiffonné dans ma lecture. La déshumanisation de la narratrice, des personnes autour d'elle. On se retrouve face à des corps, seulement des corps, des sensations du corps. Pas de prénoms, seulement le corps, la mère, le père, le garçon, l'enfant. Alors, oui le concept peut-être sympathique, mais l'écriture de Brigitte Giraud est pour moi trop froide. Cela manque décidement de sentiments, d'émotions. Ce qui est assez dommage parce que le livre se lit tout de même vite, avec un style qui se veut agréable. 

En plus de cela, il est facile, en tant que femme, de se reconnaître dans ce corps-là. De l'enfance à l'âge adulte, de la petite fille à la mère, il y a forcément une situation que l'on a vécu, une situation où l'on se dit que nous aussi, on a vécu ça avec notre corps. Mais là encore, malgré les "ressemblances", on ne se sent pas forcément en "harmonie" avec ce qui est dit, tant cela parait froid. C'est vraiment pour moi le défaut de ce livre (le moi est important, je pense que certain/es apprécieront plus cette lecture que moi).

Au final (oui l'avis est court, mais je n'ai pas grand chose à dire de plus), un style plaisant mais une histoire bien trop déshumanisé pour moi. Le concept était sympa mais traité trop froidement, presque cliniquement.