jeudi 27 novembre 2014

1869 : La Conquête de l'Espace, Le château des étoiles, tome 1, Alex Alice

J'avais déjà repérè cette bande dessinée dans ma librairie (et aussi sur 100% SFFF francophone)(le blog qui allonge sans cesse ma wishlist) il y a quelques temps. Et puis, j'avais déjà les mains pleines. Hier, je suis retournée me prendre quelques livres (alors que ma PAL arrive à plus de soixante...) et après quelques élongations (mais c'est quoi ce truc de mettre les livres qui me plaisent en haut des étagères), il était enfin à moi. Je l'ai lu ce midi, ma fille sur mes genoux et apparemment, il a plus autant à elle (enfin surtout les dessins parce qu'à trois ans et demie, je ne pense qu'elle est tout compris) qu'à moi.

1869 : La Conquête de l'Espace, Le château des étoiles, tome 1, Alex Alice

Editeur : Rue de Sevres
Collection : /
Année de parution : 2014
Nombre de pages :  63

A lire si :
- Vous aimez les univers à la Jules Verne
- Vous voulez de beaux dessins accompagnent une bonne histoire

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de jeunes héros

Présentation de l'éditeur :

Et si la conquête de l’espace avait eu un siècle d’avance ?
Au XIXe siècle, d’intrépides explorateurs repoussent sans cesse les limites de l’inconnu. Avides de nouvelles découvertes, ils tournent leurs regards vers les étoiles….
Et si la conquête de l’espace avait un siècle d’avance ?
Et si le ciel était tel qu’on l’imaginait voici 150 ans, plein de merveilles et de promesses, si près qu’on pourrait le toucher du doigt, à bord des fantastiques machines qui s’élèvent sous le regard d’un roi, au-dessus des tours du Château des étoiles ?

1869, Nord de la France. Un an après la mystérieuse disparition de la scientifique Claire Dulac, le jeune Séraphin et son père échappent de justesse à une tentative d’enlèvement fomentée par des Prussiens. Seraient-ce les recherches sur l’éther de Claire Dulac qui intéressent ces sombres individus ?
Séraphin et son père doivent-ils répondre à la mystérieuse invitation du roi Ludwig de Bavière ?
Quels secrets recèle le Rocher du Cygne, ce château féerique construit par Ludwig au sommet d’une montagne ?
La course à l’éther, clé de la conquête de l’espace, est lancée… nos héros parviendront-ils, en plein XIXe siècle, à ouvrir les portes des étoiles ?

Mon avis :

Le Château des étoiles a d'abord été publié sous forme de journal mensuel. J'ai pu avoir dans les mains le troisième, mais bien sur, n'ayant pas lu les autres, j'avais décidé de ne pas trop y regarder de plus près (parce que je voulais tout lire dans l'ordre forcément). Pourtant le format va parfaitement avec l'histoire. Je me suis donc "rabattu" sur la version album qui me permet aussi de ne pas craindre de le mettre entre les mains de Poupette. Oui avec une enfant de trois ans, il faut savoir faire des choix. 
Première chose, l'album. Il est beau, un peu lourd mais beau. La couverture pourrait être celle d'un Jules Verne (d'ailleurs, j'ai une vieille édition d'un Verne qui va parfaitement avec)(et entre lui, la Bible Steampunk et Arcadia, j'ai une étagère qui envoie du lourd niveau couverture Steampunk). Bref, je suis dingue de l'objet. 

Et l'intérieur, me demanderez-vous ? Et bien, il est à la hauteur de son extérieur si ce n'est plus. Déjà de part l'histoire. Nous la débutons en 1868. Claire Dulac, scientifique de son état, part à la recherche de l'Ether. Malheureusement, elle va disparaitre lors d'un accident de montgolfière, laissant derrière elle son époux et son fils. Un an plus tard, le jeune Séraphin est obsédé par les travaux de sa mère et par l'Ether. Alors lorsque son père reçoit une lettre leur indiquant que le carnet de bord de Claire a été retrouvé, il reprend soudain espoir. Encore plus lorsque suite à une attaque contre son père, le voila aussi du voyage jusqu'en Bavière. Là-bas, quelqu'un veut réaliser le rêve de Claire et à besoin de l'aide du professeur Dulac pour y arriver. 

Et puis, il y a bien sur les dessins. Alex Alice a tout fait à l'aquarelle, se qui leur donne ce petit côté un peu éthéré, doux aussi. Le trait est fluide, précis et les décors sont juste gigantesques (c'est là que je regrette de ne pas avoir pris la version Journal, quasiment à la taille réelle des planches). Il faut dire aussi que la Bavière est une région magnifique aussi.

Mais revenons un peu à l'histoire, puisque je pense que les planches en illustration de l'article permettent de se faire un meilleur point de vue sur l'aspect esthétique de la BD. Alex Alice nous offre donc une histoire vraiment bien illustrée qui mélange l'imaginaire et le réel, comme le faisaient déjà Verne et ses contemporains et surtout comme le font régulièrement les auteurs Steampunk. C'est ainsi que Séraphin et son père vont travailler pour le roi Ludwig de Bavière et rencontrer entre autre la princesse Elisabeth de Bavière, dite Sissi ou encore Wagner. Parmi les personnages inventés, je dois bien dire que j'aime beaucoup le jeune Séraphin, Hans, un jeune inventeur et Sophie, jeune servante qui ne compte pas le reste éternellement, les trois jeunes héros. Débrouillards comme pas deux, ils vont tout mettre en œuvre pour que le rêve du roi Ludwig puisse se réaliser et ainsi permettre à Séraphin de réaliser aussi le sien. Les trois se complètement parfaitement. Le père de Séraphin m'a aussi très touché dans son intention de continuer la quête de sa femme.

Au final, j'ai carrément adoré cette petite bande dessinée, que j'ai malheureusement trouvé trop courte. J'ai hâte de pouvoir lire le second et dernier tome (quand je dis que c'est court) et partir à la conquête de l'Ether et de l'espace en compagnie de Séraphin et de ses amis.

L'Héritière, Le Testament, tome 1, Jeanne-A Debats

Alors que je cherchais un livre à me prendre chez Actu SF, un nom m'a littéralement sauté aux yeux. En fait, deux noms, celui de l'auteure et surtout celui de Navarre. Il n'en fallait pas plus pour que cet epub rejoigne ma PAL numérique.

L'Héritière, Le Testament, tome 1, Jeanne-A Debats

Editeur : Actu SF
Collection : Les Trois souhaits
Année de parution : 2014
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de l'urban fantasy à la française
- Vous voulez une héroine attachante

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas Navarre (mais est-ce vraiment possible ?)
- Vous voulez de la bit-lit pure et dure, à l'américaine.
- Vous ne voulez que du Navarre

Présentation de l'éditeur : 

Je m'appelle Agnès Cleyre et je suis orpheline. De ma mère sorcière, j'ai hérité du don de voir les fantômes. Plutôt une malédiction qui m'a obligé à vivre recluse, à l'abri de la violence des sentiments des morts. Mais depuis le jour où mon oncle notaire m'a prise sous son aile, ma vie a changé. Contrairement aux apparences, le quotidien de l'étude qu'il dirige n'est pas de tout repos : vampires, loups-garous, sirènes... A croire que tout l'AlterMonde a une  succession à gérer ! Moi qui voulais de l'action, je ne suis pas déçue... Et le beau Navarre n'y est peut-être pas étranger.

Mon avis :

Je crois l'avoir déjà dit, je suis fan de Navarre, le vampire de Jeanne-A Debats, depuis Métaphysique du vampire. Alors, forcément, quand j'ai l’occasion de le retrouver, je ne suis que joie, comme ce fut le cas dans Lancelot (anthologie chez actu SF) ou encore dans le troisième Mythologica. Alors, oui, je crois que je n'ai vu que son nom dans la quatrième de couverture. Bon, j'exagère un peu. Même s'il n'y avait pas été, j'aurais pris l'Héritière parce que j'aime beaucoup l'écriture de l'auteure. Mais ça à tout de même jouer un grand rôle dans ma décision.

Si ce cher Navarre prend beaucoup de place dans le roman, il n'est pourtant pas le protagoniste principal et je peux dire que ça fait un peu bizarre au début de le voir par les yeux d'une autre. Mais Agnès, notre héroïne, n'a rien à lui envier en tant que personnage principal et narrateur. Si elle a un peu moins le sens de la repartie que notre vampire chéri et qu'elle comprend un peu moins ce qu'ils se passent dans l'Altermonde, puisqu'elle ne l'a jusque là pas fréquenté, elle est pourtant particulièrement attachante et très humaine en fait. C'est une héroïne comme je les apprécie, drôle, intelligente, mais avec des faiblesses. Elle n'est pas parfaite et c'est ce que j'aime chez elle.

Forcément, l'Héritière est un tome d'introduction puisque premier d'une série qui j'espère sera un peu longue (il semblerait qu'il y aurait deux autres tomes). Il nous offre donc une première vision du monde d'Agnès et nous permet d'en apprendre rapidement plus dessus, sans toutefois tout  nous dire. L'avantage avec Agnès, c'est que nous sommes comme elle, pratiquement vierge du savoir sur l'Altermonde, nous découvrons cela avec elle, sans nous perdre. Le roman est aussi pourvu d'une première intrigue qui  n'est pas là juste pour le plaisir et qui ne sera pas sans conséquence sur la suite (et ça, dans une série bit-lit, c'est tout de même rare, je trouve). D'ailleurs, ça part vraiment fort par ici puisqu'il va falloir trouver l'héritier ou héritière d'Herfauges (et pour ceux qui connaissent un peu l'univers de Navarre, on sait fort bien que les deux ont une relation assez particulièrement), fils de Dame Bathilde, chef du Cénacle vampire parisien, condamné à mort pour avoir une fois de plus dépassé les bornes.

L'auteure a décidé de placer son histoire dans Paris, de nos jours. Le choix de la ville lumière semble étrange tant nous sommes habitués à découvrir Londres en Urban Fantasy européenne. Et pourtant, notre capitale offre autant de mystère que celle de l'Angleterre et nous rattache un peu plus à nos racines et surtout à celles de la plupart des créatures du folklore fantastique. Parce que comme nous le rappelle si bien Jean-Luc Rivera dans la postface du livre, les premiers écrits dessus sont français et nous avons beaucoup d'histoires de Bêtes ou de vampires dans notre pays (même si pour les vampires, ce ne sont pas les plus connues). De plus, Paris a une Histoire passionnante qui va se révéler au fort et à mesure de la lecture très liés à celle des créatures qui la peuplent. Du coup, tout l'aspect sociologique et coutumes des créatures semble se calquer sur la ville et sur notre pays. Aspect particulièrement passionnant d'ailleurs et que l'on découvre avec joie en même temps qu'Agnès. Ainsi, nous découvrons que les loups-garous sont plutôt des ouvriers, communiste ou encore franc-maçons et que les vampires sont plutôt des nobles ou des gens aisés évoluant dans les hautes sphères. J'aime beaucoup voir l'Histoire de France revu comme ça à la sauce surnaturelle.

Il faut ajouter à tout ses points l'écriture de Jeanne-A Debats, toujours aussi agréable à lire, mélange d'humour (le passage avec Azraël est tout bonnement énorme par exemple), d'action, de cynisme, de bons, de références (Herfauges lisant Twilight..., j'en ris encore), d'ironie et d'un soupçon de féminisme (un grand merci pour le passage sur le viol, non ce n'est pas la faute de la victime !). Du coup, j'ai tourné les pages sans m'arrêter à pas seulement à cause de Navarre. 

Au final, je n'ai pas vu une seule fois le temps passé en lisant l'Héritière. Voilà de l'urban comme je l'apprécie et qui plus est bien ancré en France. Les personnages, particulièrement Agnès (qui est loin de l'héroïne Urban à l'américaine), sont vraiment attachants, l'intrigue est pleine de rebondissement et mystérieuse et le décors laisse rêveur. Mon seul bémol dans tout ça ? Navarre n'est que personnage secondaire, moi qui l'aime tellement. Mais peut-on vraiment parler de bémol face à une Agnès Cleyre qui peut être aussi mordante que lui ?




mardi 25 novembre 2014

Comme Dieu le veut, Niccolo Ammaniti

Comme Dieu le veut est, il me semble, le plus vieux livre de ma PAL. Trois ans à prendre la poussière sur son étagère, sans que je ne le touche. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Sur le coup, j'étais enthousiasmée de le prendre et puis, c'est retombé. Et finalement, ma lecture a été plutôt bonne.

Comme Dieu le veut, Niccolo Ammaniti

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2010
Titre en VO : Come Dia Comanda
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 544

A lire si :
- Vous voulez des personnages qui sortent de l'ordinaire
- Vous n'avez pas peur de plonger dans la misère Italienne

A ne pas lire si : 
- Vous voulez une histoire joyeuse
- Vous voulez suivre une seule personne

Présentation de l'éditeur: 

Rino Zena et son fils Cristiano vivent ensemble dans une plaine désolée. Les services sociaux menacent le père, chômeur alcoolique et nazi, de lui retirer la garde de ce fils qu'il éduque par la terreur, malgré l'amour viscéral qu'il lui porte. Accrochés l'un à l'autre, ils survivent dans une sorte de dignité dénaturée. Avec ses deux étranges amis, le père décide d'améliorer leur existence misérable en préparant un casse. Cette nuit-là, la pluie, les crues du fleuve et les torrents de boue balaient tout sur leur passage. De cette tempête apocalyptique et meurtrière émerge la figure lumineuse d'une jeune victime expiatoire, qui va changer à jamais le destin de chacun... Comme dieu le veut.
Ammaniti dépeint une Italie ravagée par la vulgarité et l'abrutissement consumériste. La férocité des exclus y explose de manière dévastatrice, mais la tendresse de l'auteur envers ses personnages paumés et déchus imprègne d'une troublante humanité ce grand roman où cohabitent horreur et humour désenchanté.

Mon avis :

Je ne sais pas pourquoi, surement à cause de la couverture, je voyais cette histoire se passait dans les années 50. Comme quoi les couvertures sont trompeuses, puisqu'elle se passe dans les années 2000, surement d'ailleurs 2005 ou 2006.

Dès le prologue, nous voilà embarqué chez la famille Zena, composé de Rino, le père, nazi, alcoolique, violent, chômeur (tout pour plaire quoi) et de Cristiano, le fils de treize ans. Et dès le prologue, nous comprenons rapidement que leur relation n'est pas de tout repos.  Le père élève le fils dans la violence, d'ailleurs, il lui colle un pistolet dans les mains pour aller tuer le chien qui lui casse les oreilles depuis le début de la nuit. Cette scène d'ouverture va donner le ton du livre, bienvenu dans l'italie des miséreux, des sortis du systèmes, des monstres.

L'histoire va se concentrer sur une petite semaine, deux jours avant la fameuse nuit où tout va basculer et quelques jours après. Une semaine particulièrement chargée que nous allons partager avec une galerie de personnages qui va permettre à l'auteur de dépeindre son Italie. Comme je le disais, il y a d'abord les Zena. Si j'ai d'abord eu beaucoup de mal avec le père, de part son comportement de parfait crétin facho et macho, j'ai fini par le prendre en pitié, tant sa vie est merdique mais surtout tant, malgré les coups et la violence, il aime son fils. Cristiano est par contre le personnage qui m'a le plus touché. Treize ans, une enfance volée par la violence de son père, une vision du monde trop proche de celle de son père (mais a-t-il le choix ?) et cette envie de vivre qui ne le quitte pas malgré les problèmes. Il est rare dans ce genre de roman que j'apprécie les enfants, mais là, Cristiano, il m'a touché, vraiment. Ensuite, il y a les amis du père. Danilo est devenu alcoolique après la mort de sa petite fille de trois ans. Il a tout perdu par la suite et rêve de retrouver Teresa, son ex-femme, en la comblant de cadeau, ce qu'il ne peut faire. C'est lui qui va avoir l'idée du casse. Quattro formaggi est ce que l'on pourrait appeler "l'idiot du village". Intellectuellement bas, boiteux, plein de TIC à cause d'un accident lorsqu'il était enfant, sa vie se limite à sa crèche et à Rino, qu'il idolâtre. Puis, il y a ceux qui gravitent autours d'eux ; l'assistant social (qui va coucher avec la femme de son meilleur ami), les élèves du collège de Cristiano, dont Fabianna, par qui tout va arriver, et bien d'autres qui nous ne ferrons finalement qu'effleurer. Tout ce petit monde va tantot nous émouvoir, tantot nous faire voir la misère et la violence. 

L'auteur va se servir de tout ce petit monde pour dénoncer la misère en Italie (et cela aurait finalement pu être ailleurs), la violence, l'alcool et tout le reste. Si ce qu'il va se passer le jour J est plus que terrible (je vous laisse découvrir), ce qu'il se passe avant et après l'est tout autant, voire même peut-être plus puisque c'est quotidien, presque banal. Nous allons voir les ravages de l'alcool, ceux que peuvent produire le cerveau humain, ceux des relations toxiques, que se soit relation filiale (les Zena) ou même les amitiés (Rino, Danilo et Quattro ou encore Fabianna, qui change complétement lorsqu'elle est avec sa meilleure amie Esméralda) et bien sur ceux de la misère humaine et sociale. 

J'ai été touché par le roman, par toute cette misère qui s'en écoule. Au départ, j'ai été attendri par les personnages, par les situations presque comiques qu'ils rencontraient. Et puis soudain, tout bascule, la noirceur prend le pas sur l'humour, le cynisme est là et surtout la dure réalité, la monstruosité des personnages, de la situation. A partir d'un certain moment, j'ai été prise d'une sorte de malaise envers certains personnages, envers l'histoire en elle-même. Et puis, j'ai espéré. Espéré pour Cristiano, trop jeune pour réellement comprendre ce qu'il se passe, trop impliqué pourtant dans l'évènement sordide, trop seul pour s'en sortir sans dommage. Mais y a-t-il réellement un espoir pour lui ?

Au final, je me demande encore pourquoi j'ai laissé le livre si longtemps dans ma PAL tant je l'ai apprécié. Si l'histoire est sordide et met mal à l'aise, elle n'en reste pas moins intéressante et les personnages la porte divinement.

Ne parle pas de liberté. Ils sont tous bons pour parler de liberté. Liberté par-ci, liberté par là. Ils en ont plein la bouche. Mais bon Dieu, t'en fais quoi de ta liberté ? Si t'as pas un rond, pas de boulot, t'as toute la liberté du monde mais tu sais pas quoi en faire. Tu pars. Et où tu vas ? E comment tu y vas ? Les clochards sont les plus libres de la terre et il crèvent congelés sur les bancs des parcs. La liberté est un mot qui sert seulement à baiser les gens. Tu sais combien de cons sont morts pour la liberté alors qu'ils savaient même pas ce que c'était ? Tu sais qui c'est, les seuls à l'avoir ? Les gens qui ont du pognons. Ceux-là oui...

lundi 24 novembre 2014

Prodigy, Legend, tome 2, Marie Lu

J'ai lu le premier tome de la série, Legend, il y a un an et demi (ça remonte quand même). Il était peut-être temps de lire la suite, en espérant que je ne mettrais pas autant pour lire le dernier tome de la trilogie...

Prodigy, Legend, tome 2, Marie Lu

Editeur : Castelmore
Collection : /.
Année de parution : 2013
Titre en VO : Legend, book 2 : Prodigy
Année de parution en VO : 2013
Format : epub

A lire si :
- Vous avez aimé le tome 1
- Vous aimez les dystopies
- Vous voulez un monde qui n'est pas partagé entre noir et blanc

A ne pas lire si :
- Vous voulez des personnages qui font leur âge, vraiment.
- Vous n'aimez pas quand ça commence lentement.

Présentation de l'éditeur : 

Quand deux ennemis jurés forment la plus improbable des alliances... June et Day ont échappé à leur poursuivants. Réfugiés à Vegas, ils rencontrent un groupe de rebelles, les Patriotes, qui consentent à les aider à s'enfuir. Mais il y a une condition. Prets à tout, les deux adolescents acceptent : ils savent que, sans les rebelles, leurs heures sont comptées. Pourtant, June doute : et s'ils s'apprêtaient à plonger le pays dans la guerre civile ? Déchirée entre son sens du devoir, ses intuitions et ses sentiments, elle devra prendre la décision la plus difficile de son existence. Et Day aura-t-il suffisamment confiance en sa nouvelle complice pour remettre sa vie et celle des siens entre ses mains ?

Mon avis 

Qu'il est dur de se replonger dans une série dont on a lu le premier tome il y a si longtemps (et surtout quand on en a lu et fini d'autres qui nous ont transporté). Heureusement que j'ai le blog pour me souvenir un peu de ce qu'il a pu se passer. Du coup, je suis rentrée assez facilement dans cette suite, du moins, je n'ai pas cherché pendant trois ans qui était qui et ce qu'il avait pu se passer. Et donc, j'embarque avec June et Day pour rejoindre Vegas, après la fuite de Los Angeles et les évènements du tome 1.

Si je n'ai pas eu de mal à me souvenir d'un peu tout ce qu'il avait pu se passer dans le tome 1 (et lorsque ce n'était pas le cas, l'auteure me le rappelait rapidement), j'ai eu plus de mal à entrer dans l'histoire. Le début est lent. Mais vraiment. La fuite en train dure peu, l'arrivée à Vegas de même, mais les élèments se mettent en place à la vitesse d'un escargot et il faut attendre le milieu du livre pour afin vraiment entrer dedans et surtout ne plus le quitter. 

Dans ce tome, donc, June et Day, qui ne font toujours pas leur âge (mais pourquoi avoir décidé qu'ils avaient 15 ans et leur donner la plupart du temps la maturité d'une personne de 20 ans ?), vont devoir faire confiance aux Patriotes. Or ceux-ci semblent caché bien des choses, du moins leur chef, Razor. Si June doute dès le départ, elle ne va rien dire et surtout elle va accepter la mission qu'on lui confie : retourner dans la République pour pouvoir préparer l'attentat contre le nouvel Elector Primo. De son côté, Day semble plus que ravi d'aider les Patriotes, malgré quelques doutes. Chacun de leur côté, ils vont découvrir ce qu'il se passe réellement dans leur monde et autant dire que tout n'est pas rose. June va découvrir pourquoi la République est devenue ce qu'elle était. Et forcément, elle va vouloir que tout change, comme Anden, le nouvel Elector. Or pour cela, il ne faut pas qu'il meure. Day lui va découvrir le fonctionnement des Patriotes et un peu celui des Colonies. Séparé de June, il va vouloir y croire. Sauf que ni pour l'un ni pour l'autre, rien ne se passe comme prévu.

Je dois dire que j'ai beaucoup aimé avoir enfin une vision des deux côtés de ce que fut l’Amérique et que franchement, on se demande vraiment lequel est le meilleur entre la République et son régime martial et les Colonies, gérées par les entreprises. Aucun de deux systèmes n'ait convaincant, loin de là. Et je dois bien dire que c'est une chose que j'apprécie. Le monde ne peut être ni tout noir ni tout blanc, Marie Lu nous le prouve ici. Malheureusement, ce n'est pas forcément le cas avec ses personnages...

Parlons-en des personnages, d'ailleurs. Si June et Day évoluent encore un peu dans ce tome, j'ai toujours la même impression que dans le premier. Leur âge ne va pas. Leur réaction non plus. Sans parler du fait que tous les deux se retrouvent dans un triangle amoureux chacun de leur côté (même si celui de Day est en sens unique pour la troisième personne). C'est pire, je crois avec Tess, qui est censée être une enfant et qu'on trouve vraiment plus adulte parfois que les deux autres. Et comme dans le tome 1, les autres sont stéréotypés à souhait. A force, c'est un peu soulant, surtout que je suis sure que certains gagneraient à être un peu plus profond. Au final, deux personnages tirent leurs épingles du jeu, Kaede, qui va réfléchir un peu et se rendre compte de pas mal de chose et Anden, qui essaie à tout prix de changer la République. 

Au final, j'ai tout de même apprécié ma lecture, ne nous mentons pas. C'est une bonne dystopie jeunesse malgré quelques défauts et je ne lui en demande pas forcément plus. Elle me distrait et me plait tout de même assez. J'ai même hâte de lire la fin, voir un peu comment cela va se passer et surtout voir si l'auteure va un peu plus nous en montrer sur les Colonies et quel sera le choix de tout le monde.



jeudi 20 novembre 2014

Chanson Pour Lya et autres nouvelles, GRR Martin

Et je continue de découvrir les écrits autres que le Trône de Fer du sieur Martin. Cette fois, c'est donc avec un recueil résolument SF qui m'a occupé.

Chanson Pour Lya et autres nouvelles, GRR Martin

Editeur : J'ai lu
Collection : SF
Année de parution : 2013
Titre en VO : A Song for Lya and other stories
Année de parution en VO : 1976
Nombre de pages : 317

A lire si :
- Vous aimez la SF
- Vous aimez les nouvelles

A ne pas lire si :
- Vous voulez du Trône de Fer.

Présentation de l'éditeur :

Ce recueil de récits va révéler une nouvelle "voix" de la SF, une voix prophétique qui parle du terrible futur de demain, d'une réalité que rien - presque rien - ne sépare du cauchemar.
Dans Chanson pour Lya, un couple de terriens télépathes enquête sur le Culte de l'Union qui menace la planète Ch'Kéens : une religion suicidaire mais dangereusement séduisante... Dans Au matin tombe la brume, c'est le combat entre les ténèbres du jour et le soleil nocturne, un délire climatique qui engendre des spectres... Dans le Héros, un mercenaire natif des mondes guerriers de Wellingtin, qui depuis vingt ans ne vit que pour tuer, voudrait dire adieu aux armes. Le peut-il encore ?

Mon avis

Au matin tombe la Brume : 
La première nouvelle du recueil nous entraine à Spectremonde (oui, le nom n'est pas génial en VF, je suppose qu'il doit être bien mieux en VO) à la suite d'un journaliste. La planète est "victime" de spectre. Nous allons donc découvrir une planète où la brume est reine et magnifie les paysages mais où se sont les spectres qui attirent les touristes. Or, un scientifique va vouloir prouver qu'ils n'existent pas. Martin va donc critiquer ces touristes qui sont là pour le sensationnel en oubliant de s'émouvoir de ce qu'ils ont réellement sous les yeux (ici le levé et la tombée des Brumes) mais surtout il va se poser la question de "toutes vérités est-elle bonne à dire ?" et amène son récit de manière souvent fort ironique vers une réponse (que je vous laisse découvrir).

Il y a solitude et solitude : 
Cette nouvelle se présente sous forme d'un journal, celui d'un Terrien qui, depuis 4 ans, vit seul dans l'Anneau de Cerbère (sorte de porte des étoiles à quelques dix milles kilomètres de Pluton). Petit à petit, il va sombrer dans la folie, alors qu'il ne lui reste que trois mois à tirer. Une nouvelle qui explore la folie et la solitude d'un homme qui a déjà pas mal perdu. Elle est plutôt intéressante, même si personnellement, j'ai eu du mal avec son personnage principal. Si lui est imbuvable, ce qu'il décrit des étoiles est par contre génial. La fin m'a aussi déçue, un peu trop expéditive, et surtout manquant de mystère.

Pour une poignet de volutoines : 
Nous voilà cette fois dans les pas de Matt Karabadjian, chercheur de minerai, ici des volutoines, un peu particulier. Comme ses confrères, il utilise une main d'oeuvre particulière, des cadavres, qu'il contrôle à l'aide d'un appareil par la pensée. Or ce système ne plait pas à tout le monde et forcément, cela va entrainer des conflits. La nouvelle est basée sur une scène d'action plutôt bien foutue et peut rappeler les western-spaghetti des années 80 de part son thème et son titre. Bref, une bonne nouvelle qui se laisse bien lire et dont la conclusion, bien que conventionnelle pour ce genre est plutôt pas mal.

L'éclaireur :
 Cette fois, pas de nouvelle planète inconnue. Non ici nous somme sur Terre. Mais une Terre qui a subit une grande guerre, irradiant toute la surface, cinq siècles plus tôt. Nous suivons par alternance Greel puis deux autres hommes. Le premier est éclaireur pour son peuple, les deux autres viennent de la Lune où une partie de l'humanité se trouvait avant la grande guerre. La nouvelle se base sur la différence d'évolution entre les deux parties de l'humanité, celle qui a du vivre durant cinq siècles dans les souterrains et celle qui a vécu sur la Lune. Forcément la rencontre des deux mondes ne va pas se faire en douceur et dans la joie et la bonne humeur.

Le héros :  
John Kagen est arrivé au bout de ses 20 ans de services et il aimerait bien pouvoir prendre sa retraite sur Terre. Mais voilà, c'est un mercenaire natif de Wellington, un monde guerrier et cela ne plait pas des masses à ses supérieurs, terriens, eux. Après avoir essayé de le convaincre de ne pas prendre sa retraite, la fin se devine rapidement... Une nouvelle plutôt cynique sur le devenir des hommes d'armes.

VSL
VSL est la nouvelle la plus courte du recueil. On y suit le physicien Kinery qui essaie tant bien que mal de faire financer par la fondation VSL son projet de moteur hyperspace. Et autant dire que la réponse de la fondation est quelque peu cocasse et étonnante.

Le Run des étoiles :
Nous voilà à nouveau sur Terre, à la vieille du début d'un tournoi de football américain. Un peuple extraterrestre veut y participer, alors que ce même peuple était en guerre contre la terre quelques années plus tôt. Cette nouvelle mélange sport et politique, montrant que l'on peut parfois régler un conflit de manière plus pacifiste qu'on le pense. Je dois dire que j'ai eu un peu de mal à suivre les parties match de celle-ci, n'y connaissant pas grand chose au football américain mais comme elle met l'accent sur la partie politique que cela entraine, ce n'est pas forcément très gênant. Une nouvelle intelligente avec un peu d'humour (ce qui n'est pas fréquent dans ce recueil).

La sortie de San Breta :
 Cette fois, nous voici dans un futur proche, du moins de la date à laquelle la nouvelle fut écrite, puisque nous sommes dans les années 90. Les voitures sont devenues désuètes, remplacée par les hélicoptères, les aéroglisseurs et les systèmes anti-G personnels. Pourtant, il reste quelques passionnés et nous allons en suivre un. Alors qu'il roule sur une autoroute encore en parfait état (malgré dix ans d'abandon), il va croiser une autre voiture avec laquelle il aura un accident. Mais voilà, lorsqu'il revient sur les lieux, sa voiture n'a rien et l'autre n'y est pas. De plus la si parfaite autoroute se révèle être dans un état lamentable. Il apprendra par la suite qu'il a eu affaire à une voiture fantôme. J'ai trouvé fort dommage que l'on apprenne justement ce fait, la nouvelle y perd beaucoup. Un peu de mystère n'y aurait pas fait de mal, surtout que le lecteur se doute fortement du fait que la voiture soit fantôme. La sortie de San Breta est la nouvelle qui m'a le moins plu du recueil, à cause de cela.

Diaporama :
  Becker est commandant de vaisseau pour l'entreprise ESPACE. Malheureusement pour lui, il ne fait plus partie de l'équipage et a été muté au département pub pour faire la promotion de l'entreprise et récolter des fonds. Sauf qu'il ne rêve que de retourner dans l'espace. Forcément, il est aigri et cela se ressent. Mais il fait son boulot avec tout le professionnalisme qu'on lui demande. Durant une présentation, il va se confronter à un autre récolteur de fond, un médecin. Leur confrontation ne dure finalement pas longtemps dans la nouvelle et pourtant, elle est la partie la plus intéressante de cela-ci, mêlant rêves brisés et espoir pour l'humanité.

Chanson pour Lya :
  La nouvelle, presque une novella qui donne le nom à ce recueil. Sur Ch'kea, les hommes se tournent peu à peu vers la religion des indigènes; le Culte de l'Union, que la plupart assimile à un suicide. Le nouvel administrateur humain fait appel à deux Talents, des gens ayant des pouvoirs psy pour enquêter sur ce phénomène, Robb, capable de lire les émotions et Lya, capable de lire les pensées. Ils vont donc mener l'enquête et découvrir ce qu'il se passe vraiment lorsque les adeptes Adhèrent au Culte. C'est une très belle nouvelle, qui parle d'amour mais surtout de la solitude des êtres. Car même si on aime quelqu'un, on ne peut le connaitre parfaite, fusionner avec lui pour ne faire plus qu'un. L'Union Finale du Culte semble être la solution à cela, et pourtant, on en vient à se demander si c'est la bonne solution, s'il n'y a pas autre chose.


Pour conclure, je dois avouer que j'ai plutôt apprécié le recueil, même si j'ai souvent trouvé que Martin ne laisse souvent pas de place au mystère et que ses fins sont trop rapides et explicatives. J'ai apprécié le cynisme que l'on retrouve régulièrement, sa façon de voir l'humanité à travers ses textes, pas toujours de la belle manière, mais souvent réaliste (je crois que c'est cela qui peut faire peur d'ailleurs dans le recueil). Chanson pour Lya et autres nouvelles est un recueil intéressant, surtout pour qui veut découvrir Martin autrement (le succès du Trône de Fer semble vouloir le cantonner à la fantasy alors que franchement, il est tout aussi bon dans les autres genres SFFF)

mercredi 19 novembre 2014

L'Ange de la Nuit, Intégrale, Brent Weeks

Je n'ai pas lu d'histoire d'assassin en Fantasy depuis l'Assassin Royal. Par peur de ne tomber que sur une pâle copie, un héros qui ressemblerait trop à Fitz. Et puis, je me suis dis que flute, il était temps de passer au dessus de tout ça.

L'Ange de la Nuit, Intégrale, Brent Weeks

Editeur : Bragelonne/Milady 
Collection : Intégrale
Année de parution : 2014 pour l'intégrale
Titre en VO : The Night Angel Trilogy
Année de parution en VO : 2008 (pour les trois tomes d'ailleurs, je suis étonnée là...)
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de l'assassin
- Vous voulez du complot dans tous les sens
- Vous aimez suivre plusieurs personnages en même temps

A ne pas lire si :
- Vous voulez un héros tout gentils


Présentation de l'éditeur : 

Le tueur parfait n'a pas d'amis, il n'a que des cibles. 
Pour Durzo Blint, l'assassinat est un art et il est l'artiste le plus accompli de la cité, grâce à des talents secrets hérités de la nuit des temps.
Pour Azoth, survivre est une lutte de tous les instant. Le petit rat de guilde a appris à juger les gens d'un seul coup d’œil et à prendre des risques - comme proposer à Durzo Blint de devenir son apprenti.
Mais pour être accepté, il doit commencer par abandonner son ancienne vie, changer d'identité, aborder un monde d'intrigues politiques, d'effroyable dangers et de magies étranges, et sacrifier ce qui lui est le plus précieux.

Mon avis

Il m'aura fallu dix ans pour passer à autre chose. Oublier - un peu - l'Assassin Royal et enfin lire une autre saga d'assassin. Et lorsque j'ai commencé à lire le premier tome de l'intégrale, La Voix des Ombres, je me suis rapidement dit que franchement, dix ans avant de relire une saga avec ce genre de héros, c'était tout de même bien long. Surtout que dès ce tome, j'ai trouvé quasiment tout ce que j'apprécie dans la ce genre là de fantasy.

Ça commence par un univers assez vaste, même si le premier tome se concentre surtout sur la ville de Cénaria. Il faudra attendre Le Choix des Ombres, le second tome, pour s'en éloigner et à partir de là, nous allons découvrir quasiment tout le monde créé par l'auteur. Et il n'est pas petit. Bien sur, la quasi totalité de l'action se déroule tout de même à Cénaria, et j'ai parfois trouver cela dommage, surtout lorsque nous découvrons Khalidor ou encore le Chantry. Il n'y a pas que géographiquement parlant que l'univers est vaste et plutôt bien foutu. Que se soit au niveau des religions (plutôt diverses et variés, même si certaines sont stéréotypées) ou politique (je vais en reparler), on a affaire à diverses visions, rendant tout cela encore plus plausible. Et franchement, j'apprécie tout particulièrement ce genre de chose.

Ensuite, il y a l'histoire. Même si on part d'abord sur un tome initiatique, qui nous permet par la même occasion de nous familiariser avec tous les aspects géographique, politique, religion et j'en passe de l'histoire, on dépasse rapidement tout cela pour entrer dans le vif du sujet. D'ailleurs, autant le dire de suite, la moindre information, même la plus insignifiante dans un dialogue, est importante pour chaque tome. Même ce qu'il a pu se passer au tout début. L'enchainement des actions et réactions donnent toujours un résultat et rien n'est laissé au hasard. Et ça, franchement, c'est juste génial (surtout quand on lit tous les tomes à la suite les uns des autres). Je me suis régalée à voir comment certaines choses fournies comme ça, qui semblaient sans importance, étaient en fait capitale pour la suite. Outre cela, il y a aussi l'aspect politique. Brent Weeks, avec ses guerres qui jalonnent les trois tomes, auraient pu nous offrir des batailles épiques, un héros qui mènerait l'armée "gentille" à la victoire. A la place, il a préféré faire agir les hommes et femmes (et elles tiennent une bonne place ces dames) de l'ombre pour gagner cette guerre. Même si nous assistons à de grandes et belles batailles, nous allons surtout voir les guerres de pouvoir entre le Sa'Kague (la mafia locale), les divers rois et reines, mais aussi les écoles de magies. A coup de complot, d'assassinat et de non-dit, l'histoire va se faire et se defaire pour arriver à la bataille finale. Bataille finale qui n'épargnera pas grand monde, d'ailleurs.

Et c'est donc là qu'interviennent les personnages. Le premier, c'est Kylar, notre héros. Je dois avouer que j'ai un gros faible pour lui. Simple orphelin, rat de guilde martyrisé par le poing de celle-ci, il va devenir l'apprenti de Blint pour échapper à un destin plutôt funeste. Mais cela a un prix et il va le payer dès le départ, avec en premier lieu, l'interdiction de revoir tout ce qui lui était cher (interdiction qu'il va bien sur contourner). En grandissant, il va de plus en plus s'opposer à son maitre, jusqu'à l'invasion Khalidorienne. A partir de là, Kylar va essayer d'échapper une nouvelle fois à son destin et devenir l'Ange de la Nuit, un personnage de légende. Le caractère du jeune homme va s'affirmer, il va murir et finir par devenir ce qu'il a toujours été. Son évolution ne se fait pas tranquillement, il va affronter les pires épreuves et n'en sortira pas toujours au mieux. Et surtout, surtout, il n'est pas le gentil petit assassin qui va se repentir pour devenir bon. Ensuite, il y a Logan, fils du duc Gyre, à l’âme noble. J'ai eu du mal avec lui dans le premier tome, trop gentil, trop noble, l'inverse total de Kylar en fait. Et puis, à partir du second tome, il va gagner en nuance et devenir un personnage comme je l'ai apprécié, même s'il gardera tout le long son côté gentils. Niveaux femmes, nous avons d'abord Mamma K, maitresse des plaisirs du Sa'Kague (et bien plus encore, mais ça, je vous le laisse découvrir). Cette femme est la plus puissante de la ville, elle contrôle la pègre et même pas mal de noble. Elle sait tirer son épingle du jeu en toute situation et est aussi intelligente que belle et froide. Un personnage tout en nuance. Ensuite, il y a Vi, une pisse-culotte, comme Kylar. Je crois qu'elle est le personnage qui évolue le plus de toute l'histoire. Vi est puissante, dans tous les sens du terme. Elle va passer de pisse-culotte qui n'aime rien ni personne à un personnage torturé par sa vie, par l'amour qu'elle va porter à Kylar, par celui qu'elle aura pour Elène, sa rivale dans le coeur du jeune homme et surtout par la prise de conscience de qui elle est réellement. Au final, elle sera juste parfaite. Et puis, il y a donc Elène, avec qui j'ai eu du mal aussi. Elène, c'est le pendant féminin de Logan (comme Mamma K est celui de Blint et Vi celui de Kylar) et elle va le rester pendant très longtemps. Pourtant, elle n'en reste pas moins une femme forte et intelligente et petit à petit, j'ai aussi appris à l'aimer. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, aucun n'est là pour faire joli, chacun d'eux a une place bien défini et il en va de même pour leur personnalité.

Alors forcement, l'alliance de tout cela a fait que j'ai eu beaucoup de mal à décrocher de ma lecture, à tel point que j'en ai oublié ma lecture papier. La saga est prenante, il n'y a pas à dire. Elle souffre pourtant de quelques défauts. Le premier qui pourra perturber pas mal de monde, c'est qu'elle semble un peu "brouillonne". Elle part rapidement en tout sens, suivant les divers personnages et on se demande souvent où cela va nous mener, cela se remarque d'ailleurs particulièrement dans le troisième tome, Au delà des Ombres. Pourtant, ce n'est pas du tout le cas, puisque tout se regroupe à un moment ou à un autre. Ensuite, oui, il y a quelques stéréotypes fantasy dedans. L'assassin orphelin, les prophéties, le héros des temps anciens, l'artefact de légende... Et pourtant, ils ne sont pas si gênant que cela, parce que souvent détournés. Mais on va pardonner à l'auteur, après tout, c'est son premier roman. 

Bragelonne dans la partie présentation, décrit ce livre comme un mélange de Robin Hobb, de David Gemmel et de Scott Lynch. Pour avoir lu les trois, je suis presque d'accord avec eux, et c'est aussi pour c'est raison, ayant plus qu'aimer l'Assassin Royal, les Salauds Gentilhommes ou encore les livres de Gemmel, que j'ai apprécié, que dis-je aimer, suivre les aventures de Kylar. Pourtant, l'Ange de la Nuit n'a au final, que quelques points communs avec ses ainés et sort plutôt bien son épingle du jeu.

Pour finir, un petit comparatif entre l'Assassin et l'Ange de la nuit par ici, écrit alors que j'en étais à la moitié du premier tome.

mercredi 12 novembre 2014

Les Heures Souterraines, Delphine de Vigan

J'ai mis longtemps à me lancer dans ces Heures Souterraines. Le sujet ne m'étant, malheureusement, pas inconnu et ayant un peu peur de ce que cela ferait ressortir.

Les Heures Souterraines, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de Poche
Collection : /
Année de parution : 2011 pour cette édition
Nombre de pages : 248

A lire si : 
- Vous voulez découvrir la violence au travail

A ne pas lire si : 
- Vous ne voulez pas de personnages déprimés, qui se laissent aller
- Vous voulez continuer à fermer les yeux.

Présentation de l'éditeur : 

Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.

Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.

Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’on risque de se perdre sans aucun bruit.

Mon avis :

Il est rare que je parle de moi par ici, et encore moins de cette expérience qu'a été mon premier travail, de la souffrance de devoir s'y rendre chaque matin, de celle de devoir faire face alors qu'on en peut plus, qu'on a juste envie de pleurer, de s'enfoncer, de disparaitre. Je savais parfaitement que les Heures Souterraines parlait de cela. Je le savais et je voulais voir si quelqu'un arrivait à mettre des mots sur cela. Je me pose d'ailleurs la question, Delphine de Vigan a-t-elle vécu cela pour en parler de cette manière ?

Mathilde a la quarantaine, trois enfants, un boulot. Elle pourrait être heureuse, elle l'a déjà été. Mais voilà, depuis huit mois, quelque chose s'est brisé et elle avec. Huit mois plus tôt, à cause d'une remarque, d'un fait insignifiant à la base, son chef l'a prise en grippe, pire, il semble avoir décidé de la détruire. Et petit à petit il y arrive. Ce 20 mai, journée que nous allons suivre du début à la fin, Mathilde est à bout, elle découvre qu'on la placardé dans le bureau sans fenêtre à côté des toilettes, aux murs si fin qu'elle entend ce qu'il se passe dedans, sans poste de travail, sans rien. Une dernière humiliation, une de plus. Thibault doit avoir le même âge, sans enfant, un boulot. IL vient de quitter sa copine, qui ne l'a jamais aimé. Toute la journée, il voit la détresse des hommes et des femmes, il est médecin urgentiste. Il soigne les autres sans être capable de se soigner lui.

Je vais commencer par Thibault, qui prend le moins de place dans le roman mais qui nous permet déjà de voir tout ce que l'humain peut endurer, souffrir. En tant que médecin, il voit de tout, des malades, des gens pressés, des personnes qui craquent, qui ne tiennent plus. Il est témoin de tout cela, fait en sorte d'arranger les choses comme il peut. Pourtant, lui aussi va mal mais lui, personne ne peut l'aider. Je dois avouer que sa partie m'a un peu moins touché, parce qu'en fait, Mathilde, sa souffrance, prend tellement de place que l'histoire de Thibault semble anecdotique. Elle ne l'est pourtant pas. Parce que cette souffrance ordinaire existe et pourtant peu la voit.

Mais voilà, pour moi, l'histoire de Mathilde a des relents de déjà vécu et forcément m'a beaucoup plus touché. Parce qu'on a beau se dire que ça n'arrive qu'aux autres, ce n'est pas vrai, et surtout que cette descente aux enfers peut arriver à n'importe quel moment, pour un rien, trop souvent. Delphine de Vigan va nous décrire ce monde impitoyable de l'entreprise, celui où tout n'est pas rose et où l'ont peu tomber pour un rien avec justesse, sans tomber dans le voyeurisme, dans le trop, comme elle sait si bien le faire. On ressent toute la détresse de Mathilde sans jamais que cela soit trop, sans que cela soit exagéré. Et tout cela est tellement juste pour moi. Parce qu'il faut voir comment, petit à petit, on en vient à être écartée, réduite à rien, transparente pour les autres qui ne veulent pas se mouiller plus que ça, même si un jour, ils se sont dit nos amis.

Delphine de Vigan a, pour moi, toujours le mot juste lorsqu'il s'agit de parler de la souffrance psychologique que peuvent endurer les gens. Son écriture est fluide, vivante et surtout elle ne tombe pas dans le voyeurisme malsain que ce genre d'histoire pourrait avoir. Elle n'en fait ni trop peu ni pas assez. Et si l'histoire m'a remué les tripes, me faisant me souvenir de moment que j'aurais voulu oublier depuis longtemps, elle m'a aussi rappelé qu'il y a toujours un espoir, quelque part, pour que tout s'arrête et que surtout, il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre les devants, combattre.

Au final, j'ai apprécié le livre, même si parfois, j'avais envie de le refermer brutalement parce que je ne voulais pas revivre les trois ans de mon premier boulot, parce que j'avais mal de penser que cela m'était arrivée et que j'aurais pu y rester, d'une façon ou d'une autre. Il décrit vraiment le harcèlement moral que l'on peut subir en entreprise, et dans la vie tout court ainsi que la manière dont on se retrouve perdu suite à cela. C'est un bon livre à ce niveau et il offre une fin plutôt ouverte, ou l'on peut imaginer ce qu'il va advenir après cette journée du 20 mai pour Mathilde et Thibault. Bref, je le recommande à qui veut comprendre tout cela, qui veut bien y jeter un œil et aussi à qui a vécu ce qu'il arrive à Mathilde, pour se dire que nous ne sommes pas seul, qu'il faut que ça s'arrête.

lundi 10 novembre 2014

Neverwhere, Neil Gaiman

J'ai récemment fait l’acquisition du dernier Gaiman, L'Océan au bout du Chemin. Je me suis dit que c'était l'occasion de finir les Gaiman dans ma PAL avant de songer à le lire.

Neverwhere, Neil Gaiman

Editeur ; J'ai lu
Collection : Fantastique
Année de parution : 2011
Titre en VO : Neverwhere
Année de parution en VO : 1996
Nombre de pages : 380

A lire si : 
- Vous voulez découvrir la Londre d'en Bas
- Vous aimez les univers détaillés et surtout un peu barrés.
- Vous voulez des personnages attachants.

A ne pas lire si : 
- Vous ne voulez pas d'humour
- Vous voulez des personnages très complexes

Présentation de l'éditeur : 

Richard Mayhew vit à Londres une vie sans histoire, travaille dans un bureau, s'apprête à se marier, lorsqu'il sauve la vie de Porte, une jeune fille qui a le don de savoir ouvrir tout ce qui peut s'ouvrir. Cet événement fait basculer sa vie. Sa fiancée le quitte, ses proches ne le voient plus, sa vie semble n'avoir jamais existé.
Il découvre alors qu'il existe un Londres d'En Bas, souterrain, peuplé de mendiants qui parlent aux rats, et de toute une société féodale et magique. Il décide de suivre Porte à la recherche des assassins de son père, dans l'espoir de trouver un moyen de reprendre une vie normale.

Mon avis

Neverwhere doit être le roman le plus connu de Neil Gaiman, le plus lu, le plus commenté, le plus critiqué, peut-être même le plus apprécié. Il faut dire qu'il a eu une vie avant et après. Avant, ce fut la série TV pour la BBC, puis l'adaptation en roman, puis encore une autre adaptation en roman, pour les USA (celle dont je possède la traduction donc) puis une adaptation radio (qu'il faut que je trouve, rien que pour James McAvoy que j'adore), mais aussi un comic. Bref, autant dire que l'univers est plus que connu et que même sans avoir vu, lu, entendu une des versions, on finis par connaitre un peu. C'est aussi le roman que je voulais lire à tout prix de Gaiman, parce que j'étais sure qu'il allait me plaire. Pourtant, j'ai eu du mal à le trouver et surtout à le commencer, comme souvent avec des livres que je veux à tout prix lire. 

Richard Mayhew, notre protagoniste principal, est un jeune écossais installé depuis quelques temps à Londres pour le boulot. Il a une vie tranquille, un job qui lui plait, une fiancée (qui ne m'a pas plut), un appartement, une vie plutôt sympa en fait. Jusqu'au jour où il va tomber sur Porte, une jeune fille qu'il prend d'abord pour une SDF, blessée. Il va lui venir en aide, et tout va basculer pour lui. Sa fiancée va le quitter le soir même, et petit à petit, il va devenir invisible aux yeux de ses amis mais aussi de tout le monde. Pour retrouver une vie normale, il va partir à la recherche de Porte, espérant qu'elle pourra lui rendre sa vie. C'est donc ainsi qu'il va se trouver dans le Londres d'En Bas, sorte de miroir de celle qu'il connait, en plus vil, plus sale, et plus déjantée. Là, il va retrouver Porte et partir avec elle pour découvrir qui a tué les parents de la jeune fille mais aussi un moyen de rentrer chez lui.

Si l'histoire de Neverwhere est plutôt banale et n'est pas vraiment des plus originales (il faut tout de même bien l'avouer), elle n'en reste pas moins bonne. Bien sur, le jeune homme normal qui se trouve dans un monde qui ne l'est pas, la jeune fille en détresse, tout tout ça, semble un peu du réchauffer. Mais Gaiman n'en reste pas moins un bon conteur et au final, de toute manière, on se rend vite compte que ce n'est pas tant les aventures que vont vivre Richard et Porte qui sont importantes mais surtout l'endroit où ils vont les vivres.

Car la Londres d'En Bas, qu'on va découvrir en même temps que Richard est particulièrement complexe. Les différents lieux que Gaiman va nous faire découvrir sont tous plus surprenants les uns que les autres et même si parfois nous ne faisons qu'effleurer un univers, tout est décrits avec détails et précisions. Et on sent rapidement à quel point l'auteur connait sa ville, la Londres d'en Haut et est capable d'en faire une version miroir qui semble tellement réelle. Surtout que les habitants de la Londres d'En bas sont finalement ceux qui la nuit dorme dans les rues de celle d'en Haut, les SDF et autres défavorisés, ce qui rendrait presque encore plus plausible cette idée de second monde, invisible aux yeux de ceux d'En Haut.

Il faut ajouter à celà la panoplie de personnages qui peuplent Neverwhere, très Gaimanesque. Richard, personnage banal s'il en est, maladroit que se soit dans ses gestes ou dans ses relations, Porte demoiselle pas si en detresse que cela, le Marquis de Carabas, mystérieux et plutôt ambigu, mais aussi messieurs Croup et Vandemar, surement mes petits préférés, sorte de Laurell et Hardy du côté obscur de la force qui peuvent faire rire ou trembler de peur le lecteur (prouvant une fois de plus que Gaiman peut vraiment faire frisonner quand il en a envie). Sans compter les personnages secondaires, qui ne sont parfois là que pour faire figuration et qui pourtant nous offre encore une autre vision de ce que peut-être la Londres d'En Bas.

Au final, je dois bien avouer que c'est pour le moment mon livre préféré de monsieur Gaiman, même si je trouve qu'il souffre un peu d'une histoire trop simple. Mais ce défaut est vite oublié lorsqu'on voit l'étendu de l'univers qu'il a crée.