jeudi 25 septembre 2014

Les Terres qui rêvent, Les Contes Myalgiques, tome 1, Nathalie Dau

Je crois l'avoir déjà dit, j'aime beaucoup l'écriture de Nathalie Dau. Cela faisait un bon moment que je voulais lire les Contes Myalgiques, sans toutefois franchir le pas, tellement ses textes m'impressionnent. Voilà à présent chose faite, du moins pour le tome 1.

Les Terres qui rêvent, Les Contes Myalgiques, tome 1, Nathalie Dau

Edition : Griffe d'encre
Collection : Recueil
Année de parution : 2007
Nombre de pages : 161

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez les écritures travaillées, poétiques
- Vous aimez les contes

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la nouvelle contemporaine, avec un langage plus "courant"
- Vous ne voulez que du conte de fées.

Présentation de l'éditeur :

Il était une fois... Des récits fantastiques qui empruntaient au patrimoine folklorique mondial et à la mythologie incisive de leur conteuse. Comme ils aimaient les belles histoires, ils se marièrent et enfantèrent un beau recueil.
Laissez-les vous convier à un voyage entre ombre et lumière, où le merveilleux se mêle à l'affliction, où les épreuves forgent des âmes de miel comme de fiel.
Qu'ils soient issus de légendes indiennes, sibériennes, celtiques ou provençales, ces contes vous enchanteront et vous terrifieront, vous apaiseront et vous lancineront.
N'espérez par sortir indemne d'une plongée dans l'univers de Nathalie Dau : ses créatures féeriques ne vous veulent pas que du bien.

Mon avis :

Comme souvent avec les recueils de nouvelles, surtout quand lorsque celui-ci, ils sont riches en textes de qualité, je vais faire un avis nouvelles par nouvelles avant d'en faire un plus général.

La femme, la sorcière et l'amour
Le premier conte de ce recueil est un conte nous entrainant aux Indes. Une femme ne supporte pas la mort de son mari. Elle va alors tenter le tout pour le tout pour retrouver son époux, aider en cela par une sorcière qu'elle a aidé, il y a très longtemps. C'est un très beau conte sur l'amour, mais aussi sur la souffrance que l'on peut endurer à cause de lui. 

Bonne année !
Bonne année est un conte court mais terriblement efficace sur l'amour pour les siens mais aussi sur le besoin d'être reconnu pour ce que l'on est. Il fonctionne particulièrement bien et est plein d'émotion

Aenor
Avec Aenor, nous partons en bretagne. Aenor est une fée, veillant sur un cap afin que la mer ne déverse pas sa fureur dessus. Un roi tombe amoureux d'elle et part vivre cet amour, s'installant dans la tour de la jeune fée. Mais voilà, elle tombe enceinte et tout s'écroule. C'est un très beau conte, dans la pure tradition. Il fonctionne grâce à ses personnages et à leur sentiment mais aussi grace à toutes les oppositions qu'il met en œuvre.  De plus, il garde vraiment son aspect de conte traditionnel jusque la fin, qui même si elle est convenue, fonctionne très bien.

Chicanerie
De chicanerie, je ne retiens en fait que le fait que se soit un poème. Il est joli, poétique (pour un poème, cela reste normal), bien écrit. Mais je crois être passé très à côté.

Le violon et la fée
Le violon et la fée reste la nouvelle dont j'attendais le plus, tant j'ai pu en attendre parler. Elle a d'ailleurs remporté le prix Merlin en 2006. C'est un très beau conte, il n'y a pas à dire. Prenant place dans un monde plus contemporain, il nous fait suivre la vie de deux hommes exilés en Lorraine suite à la guerre dans leur pays. Leurs vies vont se rejoindre lorsque le malheur va abattre sur eux. Le Violon et la Fée nous apprend à surmonter ses peurs, son handicap, à garder la foi. Il traite aussi de part son décors et son époque de la guerre et de l'industrialisation ainsi que des ravages que les deux peuvent faire.

Le siestophage
Ici, le conte nous apprend à ne pas se fier aux apparences. Une morale que tout le monde connait avec le fameux "l'habit ne fait pas le moine". Elle pourrait paraitre ennuyeuse, ou du moins déjà vu, mais ce n'est pas le cas, grâce à l'écriture de Nathalie Dau.

Faux Pas
Alors ce conte là m'a fait rire. Déjà parce que généralement, lorsque les personnages principaux d'un conte sont des trolls, je suis presque toujours sure de rire. Ici, il est à nouveau histoire d'amour. Mais aussi de jalousie. L'amour avec celui interdit d'un troll et d'une elfe, et de jalousie puisque le chaman est carrément jaloux de l'amoureux. Le texte est frais, amusant et même si sa morale se laisse voir rapidement, la fin est tout de même bien vu. Bref, les trolls, ça reste toujours aussi drôle pour moi.

Lucine
Lucine est un conte bien sombre, qui mêle sensualité, sorcellerie et vengeance et bien d'autres choses fort peu agréable. C'est l'histoire d'une jeune princesse abusée par son père. La femme ici semble avoir le mauvais rôle pour les autres, elle les attire, les "force" à commettre le pire. Et pourtant, elle n'est au final que prisonnière de ceux-ci qui se cachent derrière des préceptes erronés. Contre la loi des Mâles, elle ne peut rien si ce n'est fuir et préparer sa vengeance. Pourtant, je me demande encore si après la fin de la nouvelle, Lucine est réellement libre à présent.

Désespérée
Passons à présent à un conte sur la mort. A vrai dire, comme il faut le lire en entier pour bien le comprendre, plus particulièrement grace à sa fin, je n'en parlerais pas trop. Je dirais juste qu'il ne ressemble pas vraiment à toute autre nouvelle lu sur la mort.

Demain les Trottoirs
Voilà le conte le plus contemporain du recueil et pourtant l'ambiance féerique y est bien présente. Nous y suivons Queue d'rat, enfant SDF qui va rencontrer une fée. C'est un conte qui aurait pu bien se finir, mais la vie a fait de l'enfant un être hargneux et surtout vengeur (dans le mauvais sens du terme). Du coup, il ne sera pas profité de sa chance, ou plutôt si, mais celle-ci va se voir obscurcir par ses sentiments. C'est un conte très beau même si très sombre. Pour tout dire, il m'a fait penser, un peu à la Petite fille aux Allumettes.

Vale Frater 
Pour ce dernier conte, nous voilà partie chez les inuits. Une sorcière vient durant trois nuits tout les cent ans pour prendre la vie de trois jeunes gens. C'est encore une nouvelle fois un très beau texte, ou l'on passe par dessus les apparences et les préjugés. Il faut le lire jusqu'au bout pour comprendre les actions de la sorcière. 


Voilà, c'est donc fini pour les avis succints sur les onze contes Myalgiques. Passons maintenant à un avis plus général. Enfin parlons surtout de l'écriture de Nathalie Dau. Parce que c'est elle qui fait que les nouvelles prennent ce ton si résolument féerique. L'auteure joue avec les mots, son langage est recherché tout en restant accessible à tous. Elle crée des ambiances magnifiques où les fées et autres créatures de l'imaginaire viennent nous rendre visite alors que les thèmes qu'elle choisi. Et je pense que c'est pour cela qu'à chaque fois, elle fait mouche avec moi. J'aime la poésie de ses mots et les personnages qu'ils tissent. J'aime aussi voir que l'on peut traiter de sujet grave (inceste, esclavage, vengeance, mort) tout en gardant cette note féerique et un certain espoir pour la victime.

Au final, je suis encore une fois tombée sous le charme de Nathalie Dau et de ses mots. Le recueil est bien construit et l'on sent une certaine unicité dans les nouvelles. Même si j'en ai plus apprécié que d'autres, je dois bien dire que dans l'ensemble, il est très bon.

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