mercredi 6 juin 2012

Le corps Exquis, Poppy Z. Brite

Après le Trône de Fer, j'avais envie de revenir à quelque chose qui se lit vite et qui me change un peu de la fantasy. Ce fut donc le Corps Exquis qui prit la relève.

Le corps Exquis, Poppy Z. Brite

Titre original : Exquisite Corpse
Edition : J'ai lu
Collection : Nouvelle génération
Année de parution :1999
Nombre de page : 286

A lire si
 - Vous aimez la violence.

A ne pas lire si
 - Vous n'aimez pas la violence
- Vous n'aimez pas les relations sexuelles crues

Présentation de l'éditeur

Perversion des âmes et poésie du macabre au service d'une des fictions les plus noires jamais publiées sur les serial killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne.

« Le corps exquis est un roman ambitieux, une troublante histoire d'amour. C'est probablement une des oeuvres phares de ce que les Anglo-Saxons ont accompli en littérature : donner des lettres de noblesse à leur culture underground. » ... Lire la suite

« Poppy Z. Brite est une sorcière de l'écriture : elle mélange dans son chaudron moderne des ingrédients dont l'assemblage, aujourd'hui, illustre notre fin de siècle par le biais de la métaphore violente. »

Mon avis

 Ce livre doit être le livre le plus dérangeant, violent, malsain et pourtant fascinant que j'ai pu lire jusqu'à présent. J’avertis de suite, il n'est PAS à mettre entre toutes les mains.

Le corps exquis raconte une rencontre étrange et perverse entres deux tueurs en série et leur dernière victime. L'histoire commence par l'évasion du premier, Andrew Compton, d'une prison d’Angleterre. Ensuite, nous faisons la connaissance des divers protagonistes de l'histoire jusqu'au milieu du livre environ où Andrew rencontre Jay, tueur en série lui aussi. Tout cela se déroule dans une ambiance homosexuelle, puisque tous les protagonistes (je ne peux vraiment pas dire héros) sont gays. Tous sans la moindre exception, mais aussi dans une ambiance extrêmement violente que se soit à cause des meurtres, des relations sexuelles digne de SM ou encore du SIDA, bien présent dans le livre.

Parlons un peu des personnages. Andrew est un tueur en série (vingt trois victimes à son actif au début du livre) totalement obsédé par ces garçons mais surtout la solitude. Il garde les corps de ses victimes plusieurs jours après leur mort, en usant et abusant sans problème. Jay Byrne est lui aussi un tueur. Sauf qu'en plus de cela, il est cannibale. Tran est un jeune vietnamien qui se remet d'une rupture avec Lucas. Il est totalement fasciné par Jay et par les tueurs en série en général. Enfin Lucas, rattaché à l'histoire par Tran, est séropositif, raison pour laquelle il s'est fait largué par Tran d'ailleurs, et surtout dépressif.

La galerie des personnages nous présente donc des hommes qui sont tous atteint de solitude finalement. Chacun de leur manière va essayer de la combler. Ce sera le meurtre pour Andrew et Jay, l'attachement à Jay pour Tran et pour Lucas, se sera de balancer sa haine sur une radio pirate. 

Comme souvent avec Brite, c'est finalement les personnages qui nous touchent le plus, malgré leur défaut (et là ils sont quand même bien gros surtout pour Andrew et Jay). Elle sait les dépeindre avec une poésie touchante alors que pour deux d'entre eux ce sont tout de même des monstres.

En parlant de poésie, c'est réellement comme cela que je vois l’œuvre écrite de Brite et ce livre ne déroge pas à la règle. Elle est capable de mettre de la beauté dans des actes vicieux. Même lorsque Andrew est narrateur de l'histoire, elle est capable de lui faire dire des choses superbes, alors qu'il est par exemple en train de nous raconter comment il se débarrasse d'un corps. 

La narration est assez particulière. D'abord Andrew est le narrateur, puis lorsque nous découvrons Tran, Jay et Lucas, la narration passe à la troisième personne. Du coup, on se sent réellement immergé dans l'univers d'Andrew, moins dans celui des autres. Je suppose que c'était ce que voulait l'auteur. D'ailleurs, les plus grandes scènes de violence, de viol et j'en passe sont écrites avec le point de vue d'Andrew ce qui rajoute encore plus de glauque et de malsain au livre.

Tiens d'ailleurs, je n'ai pas encore parler du malsain de ce livre. On assiste à des meurtres, à des viols, à des tirades surréalistes à quasiment toutes les pages. Même les relations consenties ont eu tendance à me déplaire. Brite emploie des termes très crus, aime bien mettre du sang un peu partout et autant le dire, aime les descriptions macabres. Mais c'est aussi ce qui fait la "beauté" de ce livre.

J'ai finalement apprécié ce livre en dépassant la lecture au premier degrés. Oui il est malsain, oui il est glauque, noir, affreux, vicieux, pervers mais il est fascinant. Oui les personnages principaux sont des monstres mais ils ont un quelque chose qui fait que finalement, on en vient à les apprécier, à avoir de la peine pour eux. Et puis vous pouvez ajouter à cela une critique sur le VIH (pour l'époque) plus que pertinente qui les fait paraitre encore plus humain.

C'est donc un bon livre mais qu'il ne faut pas lire si on est sensible ou qu'on n'a pas le cœur bien accroché.

PS : Je crois que c'est ma plus longue chronique jusqu'à maintenant
PS2 : Je ne sais pas si vous avez remarqué mais à partir de maintenant, je vais mettre des informations sur l'objet livre en lui-même comme la maison d'édition ...

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